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BLOG LITTERAIRE
9 mars 2015

NOTES SUR LES VERS 1 A 7 DU PHEDRE DE RACINE

NOTES SUR LES VERS 1 A 7 DU PHEDRE DE RACINE.

1.
« Le dessein en est pris : je pars, cher Théramène »
(Racine, Phèdre, I,1, v.1 [Hippolyte])

« dessein » : le premier mot de la pièce. La tragédie est une suite de desseins contrariés.

2.
« Le dessein en est pris, je pars » : Hippolyte se montre résolu, décisif ; le sera-t-il vraiment ? Partira-t-il ?

« Le dessein en est pris ». Intéressant ce pronom « en » ? A quoi renvoie-t-il ? (cf l'expression « en prendre son parti » = je prends mon parti de cette situation). Serait-il là pour indiquer que Hippolyte va s'expliquer sur sa décision ?

3.
« cher Théramène » : c'est le confident d'Hippolyte ; l'adjectif « cher » indique la proximité des deux hommes.

4.
« Le dessein en est pris : je pars, cher Théramène,
Et quitte le séjour de l'aimable Trézène. »
(Racine, « Phèdre », I,1, v.1-2 [Hippolyte])

« Et quitte » : que quitte-t-il donc ? Est-ce seulement un lieu ?

5.
Partir, c'est aussi quitter, laisser derrière soi un être qui, si l'on ne revient pas, finira par mourir dans la mémoire des autres.

6.
« Dans le doute mortel où je suis agité »
(Racine, « Phèdre », I,1, v.3 [Hippolyte])

Le rythme ternaire démentirait-il « l'agitation » d'Hippolyte ? L'attribut « agité » semble cheviller l'alexandrin.

Hippolyte est « agité » dans un « doute mortel » comme s'il s'agissait là d'un vertige, d'une boîte à tourments où il serait enfermé.

7.
« Dans le doute mortel où je suis agité,
Je commence à rougir de mon oisiveté. »
(Racine, « Phèdre », I,1, v.3-4 [Hippolyte])

Moi aussi.

Ma pomme ne sait que trop bien à quel point « l'oisiveté » et la procrastination peuvent vous flanquer dans un doute que des fois on dirait bien qu'il est mortel.

8.
« Depuis plus de six mois éloigné de mon père,
J'ignore le destin d'une tête si chère »
(Racine, Phèdre, I,1, v.5-6 [Hippolyte])

Un lien serait-il coupé entre le père et le fils, (Thésée et Hippolyte) ? Un lien affectif si l'on en croit l'expression « tête si chère ».

« Depuis plus de six mois » : Hippolyte serait-il sujet à la procrastination ?

« J'ignore le destin » : La tragédie réside aussi dans l'ignorance d'un destin qui, en provoquant une crise, finit par révéler sa face hérissée de serpents.

9.
« J'ignore jusqu'aux lieux qui le peuvent cacher. »
(Racine, « Phèdre », I,1, v.7 [Hippolyte])

C'est comme ça quand on a perdu quelque chose, on « ignore jusqu'aux lieux qui le peuvent cacher. »

« cacher » : Hippolyte semble suspecter quelque intention, quelque intention « cachée » justement. Les dieux de l'espace et du temps lui joueraient-ils un mauvais tour ?

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 9 mars 2015

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