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BLOG LITTERAIRE
21 juin 2015

DIEU EST-IL UN JEU DE MOTS ?

DIEU EST-IL UN JEU DE MOTS ?

1.
« Au dessert, ils cessent d'être de bons compagnons de table. Deviennent pleins d'ailleurs et de manque. »
(Frédéric Dard / San-Antonio, « Ne soldez pas grand-mère, elle brosse encore », Fleuve Noir, 1997, p.48)

2.
« - Pourquoi trimbalez-vous ce bureau depuis le début de cette histoire ?
- Un privé ne se sépare jamais de son flingue.
- Il a un flingue !
- Ouais. Dans le tiroir de droite, celui qui est coincé... »
(René Pétillon, « Une sacrée salade », J'ai Lu  BD n°168, p.78)

3.
On confond souvent l'humour et la dérision : autant confondre la plume de l'ange avec le plomb de la bête.

4.
« Pourquoi avait-il eu cette pensée, déjà dans le compartiment du train ? »
(Simenon, « Le Fou de Bergerac »)

Pourquoi qu'y a quekcose et pas rin du tout Ah
Avait-il seulement quekcose dins s'tiête ? Y avait-
Il seulement quelqu'un dins s'tiête ?
Eu qui se prononce u comme dans turlututu
Cette fois c'est sûr je me la fais cette
Pensée si fine si souple profonde et élégante
Déjà le temps a cassé toutes les dents du peigne à cheveux fous
Dans la lune je suis je flotte entre deux Colombines
Le vent affole les livres évadés Un
Compartiment en feu fonce dans la nuit
Du tunnel entre ceux qui se taisent et ceux qui ne peuvent plus dire
Train d'enfer train fantôme train des choses qui se précipitent.

5.
« Pourquoi avait-il eu cette pensée, déjà dans le compartiment du train ? » se demande le narrateur simenonien.
Eh, s'il l'avait eue, cette pensée, dans la coloquinte du train, ou sa préparatoire, ou sa dédalie, sûr qu'on se serait posé des questions !

6.
Pourquoi quekcose et pas rin du tout ? se demanda-t-il en vidant son verre de j'nièfr, là-bas, au zinc du café mort de la gare sans nom.

7.
« Avait-il seulement quelque chose en tête ? » se demanda l'officier extraterrestre devant la dépouille de Xgor qui s'était fait mystérieusement picorer ses sept yeux, le cœur et son double, et tous ses attributs, par une troupe de rouspétantes poules rousses.

8.
Eu qui se prononce u comme dans turlututu ;
Eux qui se prononce e comme dans tête de nœud.

9.
Cette fois, c'est sûr, je me la fais, cette pensée si fine, si souple, profonde et élégante, se dit le philosophe au réveil et plein de l'optimisme des gens qui évitent de penser que le réel, c'est surtout des figures allongées devant des portes claquées.

10.
Déjà, le temps les a cassées, les dents du peigne à cheveux roux ; et voici que le Grand Glas affûte ses coutelles de givre.
Pourquoi « coutelles » ? Parce que tel est mon plaisir, parce que ça étincelle, coutelles, brille comme givre dans la nuit, qu'ça fait miettes de féerie, ça facétie (du verbe facétier, que je viens de créer, histoire de dire).

11.
Dans la lune je suis ; je flotte entre deux Colombines, et je regarde passer les comédies lactées et leurs lointaines musiques.

12.
Le vent affole les livres évadés, que des lecteurs viennent rechercher avec leurs grands filets à personnages.

13.
Un compartiment en feu fonce dans la nuit du tunnel, entre ceux qui se taisent et ceux qui ne peuvent plus dire ni train ni gare, entre ceux qu'on tait et ceux qui sont passés de l'autre côté de la voie, là où il n'y a qu'une barque et nul retour.

14.
Train d'enfer, train fantôme, train des choses qui se précipitent et vont tout déraillant.

15.
Zut apprécie « le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été », et aussi que Jacques Prévert l'ait semée, cette poignée de syllabes, « le bruit des bêtes dans la chaleur de l'été ».

16.
« Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu,
  et le Verbe était auprès de Dieu,
  et le Verbe était Dieu.
Il était au commencement auprès de Dieu.
Par lui tout s'est fait,
  et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui.
En lui était la vie,
  et la vie était la lumière des hommes ;
la lumière brille dans les ténèbres,
  et les ténèbres ne l'ont pas arrêtée. »
(Evangile selon Saint Jean)

17.
Dieu est aussi inexistant que le présent, qui passe pourtant, infiniment.

18.
Dieu est un signifiant programmatique. Le nom crée la chose. Il en est de même pour le mot « être » ; « et rien de ce qui s'est fait ne s'est fait sans lui ».

19.
Je ne pense pas que le nom Dieu soit le « nom de l'être ». J'entrevois que cela implique des complications sans fin quant à la hiérarchisation des étants.

20.
Celui qui fait du nom de Dieu le « nom de l'être » peut tout aussi bien se faire saint qu'assassin. Les deux s'excluent : on ne tue pas au nom du nom.

21.
Dieu procède du temps comme de la langue : il passe et se nomme. C'est l'étranger sur la route ; « et les ténèbres ne l'ont pas arrêté ».

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 21 juin 2015

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