Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
19 octobre 2015

CUT OFF SUIVI DE TIMELESSNESS

CUT OFF SUIVI DE TIMELESSNESS

En écoutant l'album « Mystery To Me », de Fleetwood Mac.

1.
Quand je pense au recueil « Seigneurs et nouvelles créatures », de Jim Morrison, il me semble quand j'y pense qu'il y est question de désert, et de serpents, et d'indien blessé, et aussi de piste, et de tous les fantômes du rock n' roll (eh oui, je suis un enfant du rock, de cette musique qui dit non, non, non et pourquoi non ? - parce que non) et, l'ouvrant au hasard, ce recueil, dont j'ai eu (je ne l'ai plus) jadis une édition de poche bilingue 10/18 – oh sa souplesse, je l'aimais beaucoup, ce blanc de la couverture et le mauvais goût de la tronche d'ange du poète en médaillon – et, l'ouvrant au hasard, ce bout de phrase attrape mon œil (au lasso, puisque Jim fut américain avant de venir crever en France) : « The object is free to become endlessly anything » vu que donc, cet objet, l'objet de tous les objets, l'objet générique (pour jacter comme en cours) n'est dans la liberté de tous les possibles que, dit Morrison, s'il est : « out from its name, habits, associations » et donc alors, sans nom (« a horse with no name » qu'il singuait America), ni usages, ni connotations, ni aucun lien avec quoi que ce fût d'autre, le voilà, l'objet, dans l'absolue liberté de n'être ce rien, dont il est tout de même, puisque je vous le dis, qu'il y a quelque chose plutôt que rien.

2.
Voilà pourquoi dans ma famille on ne mange pas de cheval, parce qu'il n'a pas le nom de viande, mais le nom de « plus noble conquête ».

3.
Le réel, des fois, a pas l'air si réel que ça, hanté par le temps, notre temps, qu'on le dirait familièrement autre, aussi étranger que nous.

4.
Quand je pense au recueil « Seigneurs et nouvelles créatures », de Jim Morrison, il me semble qu'il y est surtout question de désert.

5.
Désert américain, adolescent flottant, koidins'tiête ? - serpent, indien blessé, piste, fantôme du rock n' roll.

6.
D'avoir eu en possession une édition de poche des poèmes de Jim Morrison très souple, couverture blanche, visage. Je l'aimais bien. A quel ami perdu l'ai-je donc donnée ?

7.
« …cut off from its name, habits, associations (…) the object is free to become endlessly anything. »
(Jim Morrison)

8.
L'objet de tous les objets, l'objet générique, l'objet sans qualité, le dénommé pur, n'est que pouic.

9.
La liberté de tous les possibles nous fout ontologiquement à poil, sans nom, ni usages, ni connotations.

10.
L'objet pur, c't'absolue liberté de n'être ce rien dont il est tout de même, vu qu'je vous le dis, qu'il y a quelque chose plutôt que rien.

11.
Si je comprends bien, le rien a au moins un nom.
Si je comprends bien, ce nom est le nom même de l'être.

12.
Les films, Jim Morrison en dit que « Films have an illusion of timelessness fostered by their regular, indomitable appearance », qu'ils seraient donc, les films, des fantômes réguliers, d'une implacable ponctualité, quand bien même tentons nous de les fuir au travail, au bistrot comme dans nos amours - apparitions des visages, des voix, des apparaîtres, dans leurs écrins d'images rêvées, apparitions de sphinx aimés, appréciés, critiqués, redoutés, aussi magnétiques que des champs dont nous aurions retrouvés la clé, admirés, adorés, signes du destin, oracles et sibylles, éclairs, silences entrecoupés d'soudains fracas, coups de théâtre des quatre vérités, et puis pour moi, qu'la langue anglaise sonne comme un ésotérisme, un rythmique mystère, le mot « timelessness » jette sa poussière de songe dans mon esprit, et c'est aussi ainsi que me revient en mémoire le clavier électrique de « Riders On The Storm » - oh l'orage sur la route malgré les enfants qui jouent – et aussi annonciatrice, aussi banshee, l'étrange demande à la « Dame blême », la « ashen lady » du morceau « Roadhouse Blues », qu'elle rompe son vœu de silence, ou d'indifférence (l'Amérique est si loin), et qu'elle sauve la cité, s'il se peut.

13.
La Dame blanche de nos routes, une banshee moins la rivière de sang.

14.
« Films have an illusion of timelessness fostered by their regular, indomitable appearance. »
(Jim Morrison)

15.
Les cinéastes, des artisans du fantômat, des metteurs en apparitions réglées comme autant d'horloges hantées.

16.
Films, apparitions, voix, visages, scènes du fond d'une mine de songes.

17.
Films, sphinx, oracles et sibylles, éclairs et silences, soudains fracas, foudres de théâtre, coups de gueule, de boule, de blues.

18.
Les sphinx, sous formes d'énigmes, nos quatre vérités.

19.
Le mot « timelessness », lu dans Jim Morrison, et son hors-du-temps, une plongée dans l'image.

20.
« Timelessness » : tiens, v'là l'hors-du-temps, la synchronie qu'on rêve comme on rêve d'une grande maison blanche au bord de la mer.

21.
« Timelessness » : bah, c'est jamais qu'la synchronie, du parallèle univers, le topos de toute fiction.

22.
Quant à « l'or du temps », vous frappez pas ! Ajoutez-y un « h » et un « s » à cet or-là, et vous voilà redevenus réels.

23.
Eh ! et si le syndrome de Stendhal, cette plongée dans l'image, cette percée dans le temps, ce s'rait-y-pas une maladie diachronique ?

24.
Les mots, parfois, jettent dans nos esprits leur poussière de songe, tout un théâtre émietté par une tragédienne croqueuse de boucs.

25.
Des fois qu'je rêve de jeunes femmes mâcheuses de chiens entrant en scène sur l'intro de « Riders On The Storm ».

26.
Leur reine, c'est la « Ashen Lady », la « Dame Blême », et ce que chante le bouc, c'est cette rupture du vœu de la Reine.

27.
Pour ma pomme, j'vous dis, l'anglais, i sonne façon ésotérisme rythmique, musical box à Alice.

28.
Nous aimons nos sphinx jusqu'à ce qu'ils nous dévorent, puis nos enfants les aiment à leur tour.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 octobre 2015.

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité