JAMAIS QUE
JAMAIS QUE
1.
Orlando de Rudder n'est plus. J'avais pour lui une grande estime. J'aimais ses livres, son esprit et sa générosité.
2.
Lu dans une traduction de Platon : « personne n'est juste volontairement », d'où sans doute « l'inconvénient d'être né » à Cioran.
3.
La politique, une mythologie du profane, tragique parfois, opérette aussi, un genre, un genre tragico-opéra-bouffe.
4.
Au regard des critères d'intégration sociale attendus par l'institution scolaire, Rimbaud est un surdoué qui a mal tourné. Je note donc qu'il arrive que des surdoués tournent mal et deviennent des génies.
5.
« Poète ordinaire » qu'il se dit Lucien Suel. C'est bien extraordinaire quand même qu'un poète ordinaire comme toi, Lucien.
6.
Ce qui m'embête, c'est quand je serai mort, j'pourrais plus écouter de Nina Hagen. Flûte (des morts) alors !
7.
Internet est plein de fantômes. Internet, c'est peut-être notre dernier message aux extraterrestres, celui d'avant notre fin, à nous autres.
8.
« Cri d'os, dur, sec, qui plaque et casse »
(Tristan Corbière, « A une demoiselle »)
9.
Par la fenêtre
regarder le paysage
ne pas entendre ses cris
10.
Dans la rue
Un piano joue de sa demoiselle
Il fait chaud
11.
L'univers, une mécanique de précision que dans l'invisible un dieu monterait et démonterait à l'infini et à l'aveugle.
12.
Les gens sont là où ils peuvent
Ailleurs ici partout
S'éparpillant dans les statistiques.
13.
On en dit toujours trop. Nos bouches trahissent des pensées que nous n'avons pas.
14.
Le monde
échappé des mains d'un dieu
logé dans un recoin.
15.
Parfois, les visages sur les photos, je les trouve aussi obscènes que s'ils étaient déjà morts.
16.
Dans une chanson de Miossec
« Ne me secoue surtout pas
Car je suis plein de larmes »
- Secouez-moi au contraire
ça arrosera votre jardin.
17.
Nous vivons avec des hallucinations qui, fort heureusement, ne quittent que rarement la niche de nos songes.
18.
Dans la nuit
en écoutant de la science-fiction
je mange une clémentine.
19.
Ce ne sont pas les statistiques qui expliquent le monde, mais les gens qui expliquent les statistiques. Evidemment, ils se trompent.
20.
J'aime bien les chansons en anglais
je ne les comprends pas
je les imagine.
21.
Est-il vrai que Cioran, que l'on imaginerait atrabilaire, fut plein de sollicitude pour le dit-on si dépressif Ionesco ?
22.
« - Un grand pendard, cocasse, triste »
(Tristan Corbière, « Idylle coupée »)
Oui, un « grand pendard, cocasse, triste », et que l'on gave de politique.
23.
La politique rend fou. Ça doit être pour ça que tant de gens s'y adonnent.
24.
La politique, cette diseuse de mauvaise aventure, cette fille publique qui tente de racoler le philosophe distrait.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 24 octobre 2015.