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BLOG LITTERAIRE
17 janvier 2016

AU VENT

AU VENT

1.
« Les mots diversement rangés font un divers sens, et les sens diversement rangés font différents effets. »
(Pascal, « Pensées »)

2.
« L'eau claire ; comme le sel des larmes d'enfance,
L'assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes ;
la soie »
(Rimbaud, « Mémoire »)

3.
« - C'est impossible, prononça tout haut Mrs Bantry, j'ai dû rêver !
Mais elle était convaincue de n'être point le jouet de son imagination. »
(Agatha Christie, traduit par Louis Postif, « Un cadavre dans la bibliothèque »)

4.
« tous les deux pataugeant jusqu'à la cheville dans les flaques des dernières pluies »
(Claude Simon, « Les Géorgiques »)

5.
On n'est jamais que plus ou moins conscient, quand même qu'on y va, qu'on s'dit qu'les autres, des fois, i sont tout aussi embrumés qu'vous.

6.
Ne jamais sous-estimer l'acuité de la conscience de l'autre. La cervelle est capable de  dissimuler plus d'un poignard.

7.
AU VENT

Dans la caboche
Une cloche
Fêlée

Et puis dans la tête
Elle est la fête
Terminée

Et on s'ennuie
Et la nuit
Nous prend

Et bientôt
Nos os
Vont

Au vent.

8.
On croit que not' trou nous attend, là-bas. Non. Il nous suit, not' trou, il nous ombre, il guette le faux pas, la distraction fatale, le pet d'travers, et puis hop ! il nous fout d'dans, définitif.

9.
« - Êtes-vous aussi un détextive ? »
(Agatha Christie, traduit par Louis Postif, « Un cadavre dans la bibliothèque » [Un gamin à Sir Henry], « Le Club des Masques » n°38, 1979, p.107).

Épatante coquille (ou peut-être pas) : un « détextive », un détective de texte, un enquêteur de fiction : Poirot, Holmes, Maigret sont donc des détextives.

10.
« L'eau claire » j'aime le prénom
Claire je ne connais personne qui
Claire s'appelle j'aime le prénom
Claire mais on s'en fiche « comme

11.
Je soupçonne que quelqu'un
a filé avec Un bref moment
qu'vous n'pensez à rien et
c'est tout d'même kekchose
hop on vous prend la tête.

12.
le sel des larmes d'enfance » que
c'est loin l'enfance comme un été
qui ne reviendra plus qu'après on
est tout obligé d'un tas de trucs

13.
rochers au risque de se
casser les jambes ah on
m'y reprendra d'engager
d'imprudentes danseuses
des coureuses de côtes.

14.
travailler gagner sa vie subir la
foule immense des gens qu'en fait
on en a rien à faire que toujours
quand même on fantasme « L'assaut

15.
de la réalité qu'au bout d'un
moment Qu'une porte claque et
vous voilà sorti d'vos songes
pour le réel où tout peut ar-

16.
« l'assaut au soleil des blancheurs des
corps de femmes » plein la caboche on a
d'ça « des blancheurs des corps » qu'il
 
17.
tu faisais les yeux doux à cette
Espagnole aux cheveux noirs & si
elle avait été rousse Irlandaise
alors yeux verts & peau d'lait ?

18.
des blancheurs qu'il y a des corps
de femmes » qu'tout un tas de psys
y trouvent la cause dans ces corps
de femmes » là de troubles qu'on a

19.
espèce de paisible détachement
mais à y songer le détachement
demande un certain calme peut-
on feindre le détachement oui.

20.
pis qu'on sait pas pourquoi Je dis
de femmes » ça pourrait être aussi
bien des corps d'hommes évidemment
« la soie » ça crie ça non la soie

21.
jusqu'à la cheville dans les
flaques des dernières pluies
qu'on court comme ça dans le
passé mômes perdus à jamais.

22.
« la soie » ça crie ça non la soie
quand on la déchire j'sais plus où
quand elle se déchire elle crie où
j'ai entendu ça le cri de la soie?

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 16 janvier 2016.

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