T'ECRIS T'ECRIS C'EST TOUT C'QUE TU SAIS FAIRE
T'ECRIS T'ECRIS C'EST TOUT C'QUE TU SAIS FAIRE
1.
Les poètes qui nous ont précédés, sans doute ils y croyaient, à l'avenir radieux, au monde plus juste, à la fratermachin, mais nous, on la voit arriver, nous maintenant, l'apocalypse sponsorisée, la définitive défaite de tous les pensants.
2.
« en un sens, cela ne concerne que mon rapport particulier avec le thème de la lutte ou de la mise à mort. »
(Jeanne Favret-Saada, « Les mots, la mort, les sorts »)
Rapport particulier avec
le thème de la lutte car
vivre c'est se battre on
dit ça on ne dit rien de
la mise à mort bien sûr.
3.
Imbibé bourré de balbulties
bavant des babioles abêti &
abruti d'bibine il tituba &
tomba se cabossa pis bouche
bée y resta sur le carreau.
4.
« Tu seras assis quelque part, petit plein perdu dans le vide, pour toujours, dans le noir. »
(Samuel Beckett, « Fin de partie » [Hamm])
Quelque part petit plein perdu
dans le vide tout vaincu fichu
regardant le monde comme si tu
pigeais soudain qu'il est absu
5.
De l'os de l'os de l'os de l'os
de l'os de l'os de l'os de l'os
qu'ça jacasse & qu'ça carnivore
& qu'ça s'bécote que ça s'adore
De l'os de l'os de l'os de l'os
de l'os de l'os de l'os de l'os
qu'ça s'prend l'bec se choque &
s'attaque s'décapite s'massacre
De l'os de l'os de l'os de l'os
de l'os de l'os de l'os de l'os
partout partout de l'os Ça fera
un immense désert & nul vivant.
6.
« on s'en va plein d'os !… et pas que des os !… de la viande après !… on profite un peu avec Lili... »
(Céline, « D'un château l'autre »)
Et pas que des os !...de la viande
après !...on profite Ciel bleu mer
bleue yeux verts venez-à moi jolis
souvenirs avant qu'je rende tout à
çui-là que j'sais qu'il existe pas
7.
Ce que je fais c'est que je jazze
je m'improvise d'la verrerie avec
des mots des bouts de phrases que
j'attrape çà & là dans les livres
des mots des bouts de phrases que
j'entends çà & là ou que j'me dis
ces mots ces bouts de phrases ces
éclats qui me bricolent un monde.
8.
« T'écris, t'écris ! c'est tout c'que tu sais faire ! » qu'i m'jacasse les oreilles, l'perroquet d'dedans ma tête, et que j'en suis même pas maître.
9.
« De la poche de sa gabardine où elle était enfouie il sortit une de ses mains »
(Claude Simon, « Le Sacre du printemps »)
Les autres en profitèrent pour se carapater et faire des farces au passant (voler des chapeaux, sonner aux portes...) y en a même une qui joua l'écorchée dans un conte de Maupassant.
10.
« Allons serrons allons serrons, et la silhouette et la voix disparaissent en arrière dans l'obscurité »
(Claude Simon, « Les Géorgiques »)
Je rêve qu'il me parle que me
dit-il ? Que je suis condamné
puis la silhouette et la voix
disparaissent en arrière dans
11.
J'aime lire à voix haute. Il me semble alors qu'un monde, un autre monde me parle.
12.
Parfois, je ne m'décide pas à aller me coucher. La mort ne couche pourtant pas dans mon lit. Pas encore.
13.
« hypothèse : disparition faune marine pléistocène/pliocène rayonnement cosmique explosion supernova »
(notes sur « Une belle histoire du temps », Stephen Hawking traduit par Béatrice Commengé, Flammarion, 2005, p.98)
Dans Stephen Hawking que je
lis ça « Une belle histoire
du temps » qu'on a émis une
hypothèse qu'la disparition
de toute la faune marine au
(y avait-il de ces monstres
marins qu'on imagine géants
scorpions de mer et des tas
d'carapaces armées d'pinces
de dards de gueules féroces
cauchemardesques tentacules
& anacondesques murènes?)au
pléistocène/pliocène par le
rayonnement cosmique qu'une
supernova aurait fait BAOUM
c'que c'est qu'de nous hein
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 17 janvier 2016