COMME UN COMME UN COMME UN GRAND TROU

COMME UN COMME UN COMME UN GRAND TROU

1.
« Le fantôme d'Uriah Chickenhead se tut. Sa voix qui paraissait naître de la pâle vibration des rayons de lune, reprit sur un mode monocorde :
- Un et deux font trois ! »
(Jean Ray, « Le Bonhomme Mayeux » in « Les Derniers Contes de Canterbury »)

« Le fantôme d'Uriah Chickenhead se tut. »
(Jean Ray)

Uriah Chickenhead ! J'adore ce nom.

Si vous vous appelez Uriah Chickenhead alors c'est que vous hantez un conte de Jean Ray et donc je vous ai lu.

« Uriah Chickenhead » aurait fait un bon nom de punk rocker non, d'apparition électrico-spectrale dans un épisode d'une série mystérieuse.

Genre "Twin Peaks" ou "Mister Robot".

Jolie phrase entendue dans une émission de Matthieu Conquet et la bouche de Dick Annegarn : « J'ai 64 ans et l'avenir derrière moi. »

L'émission « Continent Musiques » du 17/12/2016 sur #France Culture.

Y en a zont l'âge qu'il y a dans une chanson des Beatles qui parle de l'âge qu'ils ont maintenant que la chanson elle fut enregistrée y a des lunes.

2.
« Sa voix qui paraissait naître de la pâle vibration des rayons de lune, reprit sur un .mode monocorde :
- Un et deux font trois ! »
(Jean Ray)

Y en a zont d'la voix qui semble née d'la « pâle vibration des rayons de lune » qu'on dit pas qu'ils l'ont lunaire la voix mais blanche on dit.

Y en a i causent monocorde tellement que même s'ils balancent « Un et deux font trois ! » y a rien à faire ça vous réveille pas.

3.
« Là-bas s'enfonçait dans l'horizon, qu'il occupait tout entier, un masque formidable… Deux yeux fixes regardaient au ras de la lande, comme un rôdeur de cauchemar guette sur la ligne de faîte d'un mur... »
(Jean Ray, « Le Uhu », in « Les Derniers Contes de Canterbury »)

« Là-bas s'enfonçait dans l'horizon, qu'il occupait tout entier, un masque formidable… »
(Jean Ray)

Horizon, ô sourire du masque formidable…

Que les planètes seraient toutes des masques formidables qui discuteraient dans une langue qu'on croit qu'c'est l'bruit d'fond du cosmos.

Que le réel est frôlé par les géants du parallèle d'à-côté que c'est pas si étanche que ça ; du coup y a comme du vent.

On entend des coups dans l'invisible qu'on croit qu'c'est un poltergeist mais non c'est les voisins de l'autre monde qui trouvent qu'on fait trop d'bruit.

Le poltergeist c'est ptêtre le fantôme d'un cambrioleur i voudrait bien encore  cambrioler mes les choses lui echapent de l'invisible.

4.
« Deux yeux fixes regardaient au ras de la lande, comme un rôdeur de cauchemar guette sur la ligne de faîte d'un mur... »
(Jean Ray)

Il y a une phrase de Jean Ray où l'espace, « la lande », se voit de « la ligne de faîte d'un mur » ;le masque y interroge nos réels.

Y en a défois zont les yeux fixes qon croit qu'ils argardent aut'chose que les choses qon voit mes en fait i sont juste morts.

On se croit seul dans la pièce mais peut-être que de l'invisible où ils se sont glissés, deux yeux suivent chacun de nos mouvements.

La conscience a peur de l'aveuglement comme des ténèbres ; il lui faut des yeux partout des yeux des yeux et des dieux.

La conscience c'est une gobeuse d'yeux ! Lui en faut savez et si elle en trouve pas assez elle en invente elle en produit elle en manifeste.

Parfois il passe – qu'est-ce qu'il fait là ? - vous ne le connaissez pas çui-là sous vos paupières c'est un « rôdeur de cauchemar ».

Parfois le chat tout debout puis qui s'endort tout debout là en majesté puis qui s'endort qu'on l'appelle « Général Dort-Debout ».

4.
« Et maintenant…
Oh, Dieu ! Il y a comme un grand trou dans ma tête ; on pourrait voir, à travers, la mer, le ciel et les oiseaux qui volent. »
(Jean Ray, « La plus belle petite fille du monde »)

Qu'on dit « et maintenant » que ça serine dans sa tête « que vais-je faire » passqu'on a beaucoup entendu Bécaud jadis sur RTL.

« Comme un comme un grand trou dans ma tête » qu'il chante le fantôme de stilal qu'a eu un accident de fusil de chasse.

« Comme un comme un
grand trou dans ma tête
comme un comme un
coma »
mais j'sais pas le reste de la chanson.

Parfois on croit qu'on pourrait voir à travers mais c'est tout opaque que quand le cosmos s'déchirera on verra rien non plus qu'on s'ra mort.

La mort est une invention du vivant. Comme le reste, du reste.

La mort est une invention du vivant.
Or, la mort est un scandale.
Le vivant est donc ontologiquement scandaleux.
(et toutes ces sortes de)

Y a aucune fin de l'histoire ; y a que du biologiquement féroce.

Ceux qui croient à une fin heureuse de l'histoire et à la bienheureuse harmonie universelle font en fait un pari pascalien : autant y croire puisque, apparemment, on aurait tout à y gagner. Cependant, le pari pascalien ne prouve pas dieu et le pari humaniste ne prouve pas la nécessité de la paix.

J'ai jamais compris l'expression « du reste » que s'il en reste des pâtes au gratin j'en veux bien.

Marrant quand c'est sorti « Never Mind The Bollocks » (1) tout le beau monde s'a bouché le nez que 40 ans plus tard ça passe sur France Culture.

(1) « Never Mind The Bollocks » des Sex Pistols.

Belle émission de la série « Métronomiques » ce samedi 17/12/2016 entre 23 et minuit : « 1976 : l'Angleterre et les sales gosses du #punk ».

Franchement, ceux qui à l'époque ont pas entendu l'originalité du son des Sex Pistols zont d'la betterave dans les oreilles ou quoi

Mais heureusement y a « la mer, le ciel et les oiseaux qui volent » que quand on écrit « qui volent » ça fait cuicui tweet-tweet piou piou.

Mais j'peux pas dire ça fait cuicui tweet-tweet piou piou dans ma tête rapport au grand trou qui me troue dedans.

Dans la rue les bipèdes passent avec plein de pensées qui leur passent par la tête et puis y passent aussi des trous certains demeurent.

Certains trous demeurent dans les gens qu'l'être finit par chuter dedans que ça se voit pas toujours que le quidam autrui a l'être au trou.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 22 décembre 2016.