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BLOG LITTERAIRE
22 décembre 2016

MÊME QU'ON LE RASSEMBLE ÇA S'DÉFAIT

MÊME QU'ON LE RASSEMBLE ÇA S'DÉFAIT

 

1.

« Les années entrent les unes dans les autres »

(Daniel Biga)

 

Peut-être quand on regarde de loin de son lit de vieux, de ses rides on en a plein on voit sa vie comme un carambolage d'années.

 

2.

« Un à un les fantômes de l'opéra m'ébouriffent. »

(Yves Martin)

 

Dans la rue y a du vent souvent (c'est le nord) si on a dans la tête des bouts d'opéras traînants ça peut vous ébouriffer l'entêtant.

 

3.

« Mon Dieu c'est moi

Ce n'était pas un ouvrier. »

(Paul Vincensini)

 

On dit « Mon Dieu Mon Dieu » comme si on s'adressait à soi-même et qu'on serait pas là.

 

On dit « Mon Dieu Mon Dieu » mais y a personne pas un ouvrier pour réparer la maison Foulcamp pas un détective pour nous retrouver.

 

On dit « Mon Dieu Mon dieu » Lui il dit « Oui, j'écoute » mais nous on pige pas qu'on la sait pas la langue sous les pierres.

 

4.

« Quand la liqueur de nostalgie cligne de ses yeux verts »

(Yvan Goll)

 

Y a qu'on tangue des fois dans sa mémoire on chaloupe qu'on a en trop pris d'la « liqueur de nostalgie aux yeux verts ».

 

Y en a i chaloupent chagrinent chavirent ça fait un drôle de cha-cha-cha çui des pauvres là dans la tête de gens qui passent.

 

5.

« Il faut, ma fille, il faut que ma main me délivre »

(Corneille, « Médée », v.1421 [Créon])

 

On se sent tout lié scotché à soi tétanisé par soi qu'on voudrait qu'la main nous délivre celle-là qui flotte dans la fenêtre.

 

6.

« ils avancèrent encore tant qu'il y eut une lueur au fond du firmament »

(J.-H. Rosny-Ainé, « La Guerre du feu »)

 

C'est ça l'humain i progresse tant qu'il y a d'la lueur i progresse i s'blesse mais quand même tant qu'il voit il espère.

 

Les ténèbres viendront de l'intérieur elles jailliront de la matière et éteindront tous les yeux souffleront toutes les consciences.

 

7.

On dit que la vérité finit toujours par éclater qu'en fait elle se diffuse et se diffusant se contamine de tous nos songes et mensonges.

 

Les phrases c'est des serpents on les croit immobiles coincées dans les pages qu'en fait elles diffusent leur venin dans le réel.

 

Les phrases c'est du venin d'la drogue du sens la sève qui rend le réel aussi vivant que vous et moi sans ces demoiselles point de monde.

 

8.

« Elles arrivèrent sur un plateau recouvert d'une étoffe. »

(Agatha Christie traduit par Th. Guasco, « Les Pendules »)

 

Qui donc ? des princesses miniatures, des danseuses au bout du bras d'un géant mais dans le texte, il s'agit de « montres ».

 

Le temps il arrive pas il arrive jamais i fait que passer et reste immobile rue à sens unique par où nous sommes obligés de

 

9.

« Le mur se mute la pierre s'envole devient église église calme »

(Jean Rivet)

 

Quand on a les yeux fermés des fois on voit le mur qui s'mute et de lentes pierres passer dans l'air au loin une église nous on reste.

 

« Le mur se mute la pierre s'envole » écrit Jean Rivet. Le réel, un puzzle qui se découd au fur et à mesure qu'on le rassemble.

 

10.

« les poissons, écaille contre écaille, partirent comme des flèches d'un bout à l'autre des mers ».

(André de Richaud, « La Création du monde »)

 

Le temps c'est comme des flèches il nous traverse sans bouger que nous on regarde les poissons filer.

 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 9 décembre 2016

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