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BLOG LITTERAIRE
31 décembre 2016

HU ! GOTHIQUES ET COMMACRIÉES

HU ! GOTHIQUES ET COMMACRIÉES

1.
« Quand l'Automne, abrégeant les jours qu'elle dévore »
(Victor Hugo, « Novembre »)

Les jours dévorés par les saisons ; plantes, les longs herbivores les mâchouillent, rongeurs, les serpents les gobent.

2.
« Brouillard à ta fenêtre, et longs flots de fumée
Qui baignent en fuyant l'angle noirci des toits. »
(Victor Hugo, « Novembre »)

Le matin les fenêtres sont parfois pleines de brouillard qu'on hésite à sortir des fois qu'la ville aurait été mangée.

Pis y a aussi de longs flots de fumée comme si les poissons s'étaient mis à funker de longues pipes d'écume.

Les villes c'est d'la géométrie du recoupement d'angles d'l'encubage de plus en plus fonctionnel moderne, et d'plus en plus tarte.

3.
« Alors, éléphants blancs chargés de femmes brunes »
(Victor Hugo « Novembre »)

Quel cinéaste à grand spectacle il eût fait le Totor ! Quel panoraman !

Si les femmes brunes portaient des éléphants elles seraient de sacrées costaudes pis la tronche à trompe qu'ils tireraient les pachydermes !

Dès que je pense au mot éléphant, j'entends barrir comme s'ils se fichaient de moi là-bas, au fond, dans la jungle de ma tête.

Dans nos caboches ça jungle à sons : ça siffle et souffle ça crie et chuchote ça râle, hurle, couine grogne et gémit, ça groumpfe et grince.

C'est comme des orchestrales manœuvres dans nos darks.

4.
« Le soir vous êtes las, vos membres sont pliés »
(Victor Hugo, « La prière pour tous »)

Y en a le soir après l'boulot ils en sont tout pliés des membres n'ont plus qu'à s'ranger dans un coin.

5.
« Tandis que leurs esprits font le voyage sombre »
(Victor Hugo, « A un voyageur »)

Alors les esprits i passirent en soufflant Huuu go, huuu go, huuu go que Totor i fit cékoidonc cette bouche d'ombre du maquignon Ténèbre ?

Le verbe passir ne s'emploie que pour les fantômes ; sinon, on dit je suis allé au marché.

Alors une voix fit Hu ! Who's next ? et le fantôme de Keith Moon apparut qui fit l'monty pithon pis un solo sur sa spectrale batterie.

On dit que quand ils quittent les peaux, les esprits se mettent à voyager dans une autre dimension ; on ignore ce qu'il y a dedans.

Y en a i disent qu'les esprits voyagent dans une autre nuit, on sait pas c'qu'il y a dedans mais qu'elle remue des fois drôlement c'te nuit.

Entendu hier soir parler de cet étrange gendarme qui passa sa vie à traquer les poltergeists Evidemment un gendarme, ça trouble non ?

Paraît qu'un jour dans quelque maison hantée, il aurait vu son képi léviter, que je me demande l'a-t-y fait un rapport circonstancié ?

Y en a i disent que les pouvoirs de l'inconscient sont si immenses que c'est comme si on se promenait avec un dieu ignoré dans la caboche.

L'adolescent(e) troublé(e) dans la maison frappée, suffit dit-on de l'éloigner pour que cessent déplacements d'objets, bris et coups.

Comment ça s'fait-y qu'il y ait des esprits si vastes et d'autres si étriqués crétins qu'vous avez pas envie d'sortir de chez vous des fois.

Les spirites ont-ils parfois affaire à des esprits étroits entravant que dalle à ce que vous leur signifiez et répondant à côté de la table ?

Les spirites ont-ils parfois affaire à des esprits coquins qui d'une main invisible vont soulever les jupes des jeunes dames assoiffées d'l'étrange ?

Les spirites ont-ils parfois affaire à des esprits farceurs qui bourrent la table de calembours et tirent les langues des belles-mères ?

Les spirites ont-ils parfois affaire à des esprits menteurs qui vous racontent des craques et se font passer pour ce qu'ils ne sont plus ?

Quant aux esprits voleurs bah peut-on faire passer un portefeuille du monde des vifs à celui des repartis ? Et puis pour quoi faire ?

6.
« Où va ce vent d'automne au souffle desséché »
(Victor Hugo, « Amis, un dernier mot !... »)

Des fois l'automne il est tout desséché du souffle qu'ça fait du froid qui craquelle qu'les feuilles font plus rien qu'à tomber s'amasser en troupeaux de mortes.

7.
« Jaën, son palais goth aux tourelles étranges »
(Victor Hugo, « Grenade »)

Marrant ce «palais goth » dressant dans un vers de Hugo ses « tourelles étranges » qu'on imagine des fantômes chevelus à guitare électrique.

8.
« La lune, astre des morts »
(Victor Hugo, « Le poète au calife »)

Chaipas pourquoi Hugo i dit qu'la lune c'est « l'astre des morts » que c'est peut-être parce qu'elle est calme calme calme comme un cimetière.

Si Hugo écrit qu'la lune, c'est « l'astre des morts » c'est peut-être parce qu'elle est blanche comme un linceul, un visage dans la nuit.

Qu'on dirait qu'la lune, elle est toute en os, qu'c'est une tête de mort, ou le masque mortuaire d'un dieu.

Si ça se trouve quelque Hamlet des origines, à la fin de son monologue dans les ténèbres, la lança en l'air la tête de mort, qui s'artrouva accrochée lunaire.

9.
Parfois les chansons anglo-saxonnes à la radio on dirait qu'elles parlent d'un autre monde même qu'elles en ont la langue toute électrique.

Du reste, entravant que couic à l'anglais, j'entends les voix des chansons comme autant d'instruments, du signifiant, du musiquant.

10.
« Où toujours on entend quelque chose crier »
(Victor Hugo, « Quand le livre... »)

Peut-être, si on écoute bien, si on écoute bien le silence, soudain quelque chose, quelque chose parmi les choses, se mettrait comme à crier.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 décembre 2016.

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