Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
1 mars 2017

AVEC DES YEUX DEDANS

AVEC DES YEUX DEDANS

1.
« - Vous êtes une espionne ! Je l'ai toujours su.
- Et qu'est-ce que j'espionne ?
- Rien, parce qu'il n'y a rien à espionner. »
(Agatha Christie traduit par Michel Le Houbie, « Pension Vanilos »)

2.
Des fois j'suis illuné d'la caboche – halloween citrouille – y a la lune et puis des yeux dedans.

Avec Internet, on a parfois l'impression d'avoir acheté une machine avec des yeux dedans.

Avec des yeux dedans ! Avec des yeux dedans ! s'exclama-t-il cerné environné zébré d'regards et de compétences transversales.

3.
« Le ciel est comme la tente déchirée d'un cirque pauvre »
(Blaise Cendrars, « Prose du transsibérien et de la petite Jeanne de France »)

Des fois sont soufflés la tente a s'déchire a s'éventre a s’enfume noir brume éléphant flottant bruine zont l'cirque stellaire et carapatant.

4.
Au train où ça va, vous verrez qu'à l'ENA et à Sciences Po, on va bientôt créer un cursus « Comment faire face à une mise en examen ».

Aucun des candidats actuels aux présidentielles ne sait ce que c'est que de manquer d'argent. Je les méprise.

S'il faut voter pour un escroc, moi, aux présidentielles, tout bien réfléchi, je crois que je vais voter Stavisky.

5.
« Naissance et mort, deux accidents qui au même titre appartiennent à la vie ; elles se font équilibre ; elles sont mutuellement la condition l'une de l'autre ».
(Schopenhauer traduit par Roos et Burdeau, « Le Monde comme volonté et comme représentation »)

« Naissance et mort, deux accidents » et entre les deux, des péripéties plus ou moins stupides.

6.
Bien qu'athée comme une tasse, j'aime bien le catholicisme actuel : on respecte le curé et chacun fait à sa mode ! C'est au grand et regretté Orlando de Rudder (auteur du roman "Le Tempestaire") que je dois cette astuce.

7.
Je lui ai rappelé ces pas dans l'escalier. Je suis allé dans le couloir... personne. Elle et moi n'avons eu peur. On s'est regardé...

8.
Parfois je me coince la problématique Ouille j'ai l'eurêka cassé ma logique s'défile et l'être-là qui s'en va avec ma tête sous l'bras.

9.
La « pluie », le « vent », les « hurlements »… « tout annonce ce qui se passe d'étrange sur la terre et dans le ciel. »
(Aloysius Bertrand, « La nuit d'après une bataille »)

10.
Souvent Je - ou Hector – s'accrabillentête jusqu'à sabouillir sacrabouillir ; c'est à ce moment précis qu'il déborde et s'exagère.

11.
Quand chaipas chaipas alors j'me déchelle j'dévale... mon chapeau roule devant j'suis tout accéléré comique, comme dans un vieux burlesque.

12.
Quand j'm'entête des fois, j'ai d'la chavire – la ligne de mer me plonge les épaules – j'me fais seul bien que déjà.

13.
« On vient de mourir mais je suis vivant et cependant je n'ai plus d'âme. »
(André Breton, « La forêt dans la hache »)

Quelque part dans le monde court un revolver à cheveux blancs (tiens, André Breton passe). Il vous cherche.

14.
Ah ça panique et angle-gorge l'être s'attrape là i s'estiffe i s'esbraille i s'met des brèches on lui voit un monde dedans tout dézingué.

15.
On ne devrait rentrer en soi-même que pour avoir le plaisir d'en sortir : voilà le genre de sentence qui sied à ma bouille autoproclamée.

16.
Y a bien des choses qu'on voit pas… paraît même qu'elles accusent l'homme invisible de plagiat… ça, ça lui pendait au où qu'il est son nez.

17.
Parfois, en politique, il y en a un qui arrive et il est grand, très grand : il parle ; tous, bouche bée, l'écoutent. Puis il meurt. On pleure, et après, on retourne jouer aux gendarmes et aux voleurs.

18.
Le réel est bien souvent chronophage et le temps omnivore ; nous, on court.

19.
La conscience est l'hyperbole du réel. D'ailleurs, elle le sait bien qu'elle est de trop.

20.
« nous reconnaissons cependant (…) qu'ils [les phénomènes] ont comme fondement une chose en soi »
(Kant traduit par Gibelin, « Prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme science »)

Parfois, je me demande si « la chose en soi » ne se disperse pas, ne s'émiette pas, ne se dilue pas dans les phénomènes qu'elle semble fonder.

Le réel serait alors cette infinie dilution de l'en-soi dans une infinie succession de phénomènes. Ce n'est pas que le réel n'a pas de sens, c'est qu'il est en-soi une perte du sens.
D'où, vous l'avez peut-être remarqué, que, malgré tous les progrès, l'humain semble voué à une stupidité aussi immense que ses ambitions.

21.
« Ça va mal » dit le pessimiste ; « ça ne va pas si mal » dit l'optimiste ; « ça va » répondons-nous chaque jour.

22.
Je songe souvent à ce bloc de nuit à côté de nous et dans lequel, à chaque instant,  un simple trébuchement peut nous faire tomber.   

23.
A la radio, j'entends Jacques Bonnaffé prononcer « girl », et je songe que « girl » a un côté garçon manqué que n'a pas le si monté en graine « fille », avec quelque chose de trépignant dans le yod.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er mars 2017.

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité