Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
1 avril 2017

TROIS PIECES DONT UNE AVEC ARAIGNÉE

TROIS PIECES DONT UNE AVEC ARAIGNÉE

 

1.

ÇA VEUT-I DIRE QU'IL EST SUR LE POINT

 

« Au seuil de la pesanteur, le poète comme l'araignée construit sa route dans le ciel. »

(René Char, « Partage formel »)

 

Ça veut-i dire qu'il est sur le point

d'se réveiller quand il écrit l'poète

« Au seuil de la pesanteur » car dans

 

le jour on est tout plein d'pesanteur

et puis tout pesant on croise d'aut's

pesants dans des villes pesantes trop

 

pesantes surtout en été quand on crèf

fait trop co & en hiver fait trop fro

& l'reste de l'année pesant itou trop

 

pesant que du coup le poète i lève la

tête & là i voit le soleil noir de sa

mélancolie qu'y a que lui qui peut le

 

voir qu'c'est pas qu'il est halluciné

des fois i paraît qu'il y en a ils le

sont hallucinés comme si l'irréel des

 

yeux leur dégoulinait tentaculaire et

le monde paraît plein d'flasques puis

tout collant et qu'le temps tombe des

 

montres pour n'en plus finir alors le

poète j'ai dit qu'il lève la tête pis

i voit qu'son soleil noir c'est comme

 

une araignée qui « construit sa route

dans le ciel » qui tisse sa toile que

le poète i fait comme l'araignée avec

 

ses poèmes il tisse sa toile à capter

les images qui passent dans le ciel à

la lumière du jour on les voit pas et

 

pourtant elles sont là passant volant

dialoguant avec les mots étranges des

images se mélangeant s'hybridant puis

 

soudain hop en v'là une d'attrapée et

l'araignée court à son festin l'poète

à son vers et je me dis que c'est pas

 

ça certainement que René Char a voulu

dire mais franchement je sais pas moi

ce qu'il a voulu dire & j'm'en fiche.

 

2.

DANS TOUT CE FATRAS DE PRECIOSITES

 

« Je m'apparus en toi comme une ombre lointaine »

(Mallarmé, « Hérodiade » [Hérodiade])

 

Dans tout ce fatras de préciosités

mallarméennes parfois on tombe sur

un beau vers un vers à songes il y

a bien des vers à soie & l'on voit

 

Hérodiade s'adressant à son miroir

« O miroir ! » dit-elle curieux un

peu mais bon pourquoi pas alors au

miroir elle dit s'être apparue pis

 

(non elle s'est pas apparue pis oh

c'est pas une vache non plus) elle

s'est apparue virgule pis ombre et

lointaine qu'elle s'est vue & elle

 

dit ça à son miroir lequel doit se

moquer d'elle en secret mais on ne

doit révéler les secrets du miroir

que s'il y a une bonne raison pour

 

genre raison médicale ou si jamais

on a vu passer du bizarre genre un

alien grimaçant ou un fantôme mais

Hérodiade c'est en ombre lointaine

 

qu'elle s'est apparue qu'il serait

peut-être temps qu'elle aille voir

un oculiste qu'en attendant il est

quand même bien joli l'alexandrin.

 

3.

IL SUFFIT DE PEU DE MOTS POUR FAIRE

 

« La lune

Et une femme brune

C'est là

Quelqu'un passe et ne me voit pas »

(Pierre Reverdy, « Poème »)

 

Il suffit de peu de mots pour faire

un poème pour susciter une ambiance

Il suffit de peu de mots pour faire

 

connaissance avec son fantôme C'est

la lune parfois qui vous chute dans

la tête ou le souvenir de sa blonde

 

qui vous a quitté qu'on s'en veut &

puis c'est comme ça & pas autrement

qu'on se dit faut bien faire avec &

 

le temps passe et l'on est toujours

là & les gens ne vous reconnaissent

plus les gens vous traversent leurs

 

yeux cherchent des visages qui vous

semblent si lisses Vous vous songez

vous n'êtes bientôt plus qu'un rêve

 

que quelqu'un a fait il y a de plus

en plus longtemps le rêve d'un type

oh il était bien gentil mais un peu

 

un peu comment dire un peu bête des

fois et puis si négligent avec tout

et si déprimé trop souvent déprimé.

 

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 1er avril 2017.

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité