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BLOG LITTERAIRE
2 avril 2017

QU'A LA FIN ELLE SE CASSE

QU'A LA FIN ELLE SE CASSE

 

1.

Parfois, Zut est sur le point de se réveiller, mais elle est si légère qu'aussitôt revenue au réel, elle disparaît.

 

2.

Construire sa « route dans le ciel » écrit René Char. Moi je veux bien, mais si jamais s'y enfonçant dans cette route, le ciel venait à s'effondrer.

 

3.

Ça oui ! si pesant des fois que croisant d'aut's pesants passants, on n'se dit rien ; on barète et barrit.

 

4.

Je me plains de l'été ; je me plains de l'hiver ; je me complais à complaintes et le reste du temps, je le regrette.

 

5.

Parfois tout de même, je me lève la tête et me dis ah oui déjà... Alors, je vais plus loin me chercher un autre trou.

 

6.

Nous vivons souvent dans la revanche du rêve sur le réel, du masque sur le visage, de l'idée sur le fait, et nous appelons cela clairvoyance.

 

C'est sur le visage que le masque finit par se venger de ses désillusions, le sien ou celui de d'sous l'autre masque.

 

7.

J'imagine l'intérieur de son crâne : une maison s'délabrant avec du tentaculaire dans les tentures et du visqueux dans les escaliers.

 

J'imagine l'intérieur de son crâne : une maison s'délabrant avec des bribes de voix se pourchassant dans des couloirs sans but.

 

8.

Il m'est arrivé de penser que le temps tombait des montres pour rester bloqué là dans une flaque de réel.

 

9.

Peut-être que l'image de la toile d'araignée pour représenter la conscience n'est pas si sotte ? (bah j'en sais rien).

 

10.

Pourquoi les fantômes n'apparaissent-ils que la nuit ? D'abord, c'est pas si sûr, puis bon, le jour, ils ont autre chose à faire, je présume.

 

Il m'arrive de penser que l'air est tissé d'êtres invisibles que nous traversons, et qui nous jouent d'ces tours savez !

 

11.

La vélocité de l'araignée sur la toile quand celle-ci vibre du poids de la proie ! Un appétit de politique.

 

Rapidité, rapacité, vélocité, férocité : comme ces mots sont proches et liés par ce mouvement essentiel qui anime le réel.

 

12.

Il y a des poètes dont des générations d'exégètes s'épuisent à trouver du sens. Au fond, c'est un jeu, une carrière de la devinette.

 

Mallarmé est tout de même bien alambiqué, précieux, ridicule parfois mais parfois aussi d'une beauté racinienne.

 

Ah ce vers de Mallarmé où Hérodiade a la révélation de sa nature d'ombre lointaine en se jetant l’œil dans son miroir !

 

13.

Il pensa qu'il pouvait être périlleux de s'exercer trop à la grimace devant son miroir. Si jamais il éclate de rire, n'est-ce pas ?

 

Ce ne sont pas les secrets du réel que révèlent les poètes mais la bouffonnerie des grimaces dans leurs miroirs.

 

Ce cadavre tombé raide dans sa salle de bain, je me demande quelle fut sa dernière vision ? Un fantôme dans son miroir peut-être.

 

14.

En français, on ne parle normalement pas des yeux de l'âme et en conséquence, les prêtres ne sont pas des opticiens.

 

15.

Pierre Reverdy est un maître du trait tant il sait en quelques mots tout simples évoquer bien des états d'âme.

 

« Quelqu'un passe et ne me voit pas » écrit Reverdy. Quelqu'un passe, ne vous voit pas et vous voilà déjà fantôme.

 

16.

Je présume que parfois la lune nous chute dedans la caboche. Ce n'est jamais qu'une manière de parler, mais puisque le mot lunatique existe, rêvons dessus.

 

17.

L'humain est décidément trop imparfait pour ne pas être l'acte manqué d'une inexistence.

 

18.

Le temps est un grand oublieux, cet infini distrait s'oublie lui-même pour se croire toujours présent.

 

19.

Nous nous songeons et nous nous rongeons aussi. C'est bien la preuve que nous ne sommes qu'illusions dangereuses.

 

Le passé n'est peut-être que le rêve du présent, et les historiens les spécialistes du rêve que l'humain fait de lui-même.

 

20.

A force de se rêver imprimé, il finit par déprimer. C'est ainsi que s'écrivent des réputations, voire des légendes.

 

21.

Tant va à la cruche à l'eau qu'à la fin elle s'enfuit eh oh pas folle la guêpe !

 

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 2 avril 2017.

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