Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
8 mai 2017

ALORS COMME ÇA VOT' GUITARE FAIT COA-COA

ALORS COMME ÇA VOT' GUITARE FAIT COA-COA

 

« J'ai voulu écrire un livre qui s'intitulerait « Les Fleurs bleues ».

- Oui, et puis après ?

- Après, il a fallu écrire quelque chose derrière. »

(entendu à la radio, fragment d'un entretien avec Raymond Queneau)

 

1.

Malgré les sautes d'humeur de l'extrême-gauche et une campagne assez trouble du FN, la France, heureusement, reste une démocratie.

 

Marine Le Pen évoque la transformation du FN : face au rassemblement social-démocrate, une extrême-droite plus droite qu'extrême ?

 

La fin de la campagne des présidentielles 2017 aura été marquée par l'étrange maladresse de Marine Le Pen, cette sorte de renoncement inconscient (ou pas) à toute chance de victoire.

 

2.

« Là-bas, c'est une autre entreprise

            Les chevaux sont en bois,

L'orgue enrhumé comme un hautbois

            Zo' sur un bal cerise. »

(Paul-Jean Toulet, « Chevaux de bois »)

 

Il y a l'entreprise, celle qu'on entreprend, et qu'on aperçoit entre deux proses, c'est l'entreprose, que l'écriture laisse filer.

 

J'aime surtout ce « Zo' sur un bal cerise » à Toulet Paul-Jean ; tournait le monde grand autour de sa tête folle (nous allions alors à l'école).

 

Le réel, quelle entreprise ! fit le diable au bon dieu ; ne craignez-vous pas d'être présomptueux ? fit le mensonge à la vérité.

 

3.

« C'est parfois vérité

Et c'est parfois mensonge »

(Gilles Vigneault, « Les gens de mon pays »)

 

« C'est parfois vérité et c'est parfois mensonge », mais des orgues ne jaillissent jamais des anges.

 

Non, ce ne sont pas des anges qui sortent des orgues, mais juste des chansons. D'ailleurs, des bandes de musique courent les rues.

 

Sans doute, ce siècle aura été celui des chansons. Le réel est une étoffe à trouvères ; ils y taillent nos arlequins.

 

4.

Les antiques humains agitaient leurs dieux comme autant de fantoches, autant de partis politiques, autant de clans à légendes, de théâtres.

 

5.

Concile des ombres… chacune y discute de sa chimère, qu'elle promène le long des murs.

 

« J'aurais tant voulu que l'on m'enterre dans une phrase définitive » dit l'ombre du moraliste en arrivant aux enfers.

 

Je reste parfois assis les bras croisés, attendant qu'une phrase vienne me chercher. Alors le temps passe, et me ridiculise.

 

6.

Je ne comprends pas comment ils font pour composer autant de bouquins qu'on ne lit pas.

 

7.

Je me souviens qu'une grenouille s'agitot dans ce blues, pis qu'la guitare faisot des sauts d'crapaud, et des coa-coas.

 

8.

Tous les matins, des gares sortent des corps, des phrases toutes faites et des drames en cours. Il y a aussi ta jolie tête, et des sans-amour.

 

9.

Entendu je ne sais plus où l'expression « l’œil qui frise », sur laquelle je n'ai pas prise, car je ne sais pas ce qu'elle veut dire, et même que j'en ai rien à frire.

 

10.

J'aime les phrases où l'on entend des voix, des phrases comme tirées de chansons étranges.

 

11.

Chaque fois que j'entends la chanson « Porque Te Vas », j'ai envie de jus d'abricot. Chaque fois que j'entends « Ne me quitte pas », j’éteins la radio.

 

12.

« Je me sens comme un type qui se serait fait faire »

(San-Antonio, « Baise-ball à La Baule »)

 

Rien que ça, ça me fait rire.

 

Je me sens comme un type qui se serait fait faire une nouvelle tête pis qui s'reconnaîtrait pas et s'fuirait dis illico.

 

13.

Je sais bien que c'est un transport rapide, mais on ne dit pas illicoptère pour hélicoptère.

 

14.

« après des années, combien y en a qui se sont »

(Céline, « Nord »)

 

Après des années, combien y en a qui se sont dissous dans l'air et dans la terre, combien aux yeux mangés, combien qu'on r'verra jamais.

 

15.

« emprisonné au château de l'Aiguille, en compagnie sans doute »

(Maurice Leblanc, « L'Aiguille creuse »)

 

Emprisonné au château de l'Aiguille, en compagnie sans doute de tout cousus de fil blanc qui vous en disent, tiens, des carabistouilles.

 

16.

« cha, et comme il avait retiré les lunettes qui le masquaient »

(Maurice Leblanc, « Arsène Lupin contre Herlock Sholmès »)

 

Et comme il avait retiré les lunettes qui le masquaient, il vit qu'il n'avait pas de visage, lequel le regardait pourtant intensément.

 

17.

« sommet, ainsi que la dent gigantesque d'un monstre marin »

(Maurice Leblanc, « L'Aiguille creuse »)

 

ainsi que la dent gigantesque d'un monstre marin, sa gueule se refermant, elle resta visible sur un drôle de sourire de poisson chinois.

 

18.

« moment de répit. Ses yeux se fermèrent, et Sholmès la regar- »

(Maurice Leblanc, « Arsène Lupin contre Herlock Sholmès »)

 

Moment de répit… Ses yeux se fermèrent, et Sholmès la regar- mais bondissant comme un lapin, elle chopa ses yeux qu'elle croqua bonbons.

 

19.

Alors elle dit : - « J'ai faim ! ». Je ne le revis jamais.

 

20.

Alors Zut sortit de la phrase en agitant les bras en tout sens et clamant qu'c'était plus possible de rester dans un livre pareil.

 

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 8 mai 2017.

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité