AVEC TOUT MON GRINCEMENT
AVEC TOUT MON GRINCEMENT
1.
Cete ame ele se plaint en cete nuit chaufante (je dis ça passqu'i fait trop chaud) c'est la miene mès t'as chaud ossi toi (tu fumes trop).
La miene d'ame ele est pas parele que la tiene j'sais pas trop squ'il en sort d'la miene des phrases en forme de chien j'crois bien.
Si j'avais été scribe médiéval aurais-je pu écrire sans risquer le bûcher que les âmes peuvent parfois être parallèles... chaipas.
Défois le soir il est tellemant humble qu'il frait bien l'aumone (la manche) mès défois le soir y a personne dans les rues (i fait noir).
2.
« Cette âme qui se lamente
en cette plainte dormante »
(Verlaine)
ah… anh… ain… han (chez le dentiste).
Cette âme qui se lamente c'est pas une
âme c'est une jeune fille à la fontaine
qui se plaint la fille qui
se plaint (toute en larmes) se
lamente la fille que son ami est loin loin loin
en ailleurs qu'il est son ami mais pas si loin en
cette terre qu'il est n'a plus aucune
plainte n'est plus qu'une dépouille
dormante (et même ronfler, il le fait plus).
3.
« Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville. »
(Verlaine)
Eur !... Eur !... Oh ! Euh ! I (l'est mort).
Il pleure mais il c'est personne il
pleure écrit Verlaine mais non fait grand soleil
dans la rue… les gens fondent... on dirait du beurre
mon dieu comiféco (on mangerait bien un eskimo) mon
cœur cependant y a quelque chose de froid dedans
comme s'il avait avalé un frigo
il « pleure » écrit Verlaine (l'est bien loin loin loin) & voilà il
pleut & c'est pas d'la pluie qui tombe
sur la tête des gens c'est du sang
la pluie c'est du sang défois qui tombe sur la
ville que ça c'est quand les dieux font la cuisine.
4.
(Pour basse et instrument à vent)
« Prout prout prout… Prout prout prout… Prout prout prout… Prrrrrrout & prout !»
(Victor Hugo farceur et se curant le nez)
Prout fait le pape
Prout fait l'âne
Prout fais-je (et nous sommes bien confus, l'âne et moi)
Prout fait le président
Prout fait Monsieur l'abbé
Prout fais-je (et nous sommes bien confus, Monsieur l'abbé et moi)
Prout fait Rimbaud (pis tira la langue)
Prout fait Toto (pis tira la langue aussi)
Prout fais-je et Rimbaud nous traite de tous nos noms
Prrrrrrout alors fit Victor Hugo
Et le grand homme de conclure ainsi
Prout fit-il avec un P majuscule.
5.
« Vous voilà, vous voilà, pauvres bonnes pensées ! »
(Verlaine)
Vous voilà quel vent vous envole ici vous
voilà mais ce n'est pas vous ce
vous que voilà ah bigre c'est un violoniste que
voilà un voltigeur un virtuose...
pauvres bonnes pensées mais non pas si
bonnes (je vois vos dents !) ô
pensées de sang dans des têtes si mignonnes.
6.
« … arracha le temps au pouvoir de Dieu. »
(Pascal Quignard, « Abîmes », chapitre XXI)
arracha (ça m'fait penser aux dents)
le temps C'était-y dans le champ des étoiles ce
temps là arraché (là faut les faire rouler les « r »)
au pouvoir de le temps arracha le temps au
pouvoir de c'est que dans le temps le temps
de foudre qu'il était longueur infinie de
Dieu tracée tout partout.
Parfois le temps s'arrache qu'on peut pas l'recoller. Ça fait comme une bande qui se tortille à l'infini et s'emmêle les chronologies.
7.
Jadis, le temps avait des aiguilles de foudre. On pouvait pas y toucher sans risquer d'êt' mort. Y a que Dieu qui. Chais même pas si le diable ; j'crois pas.
8.
« Allez ! Allez ! c'est qu'ils ont lu trop de livres et n'ont pas assez confessé. »
(Bernanos, « Sous le soleil de Satan » [l'abbé Donissan])
Allez dit-on mais ça ne va pas Allez
Allez pressons le pas ! dans sa moustache il ajoute le berger
C'est qu'de toute façon on va tous y passer.
Qu'ils aient tant lu ne m'étonne pas ils
ont l'assurance des sots qui croient que tout ce qu'ils ont
lu fut écrit pour je n'sais quelle vérité.
Trop naïfs trop sûrs du baratin
de la fin de l'Histoire qu'ils ont lu dans des
livres écrits par les idiots à tête de génie des tableaux.
Et avec les progrès dans l'art de massacrer
n'ont toujours pas compris le sens de l'os qu'ils ne veulent surtout
pas voir l'os l'os l'os aboie le chien.
Assez là d'ossements, dis, après quand tu te seras bien
confessé, tu pourras retourner t'agiter parmi les ombres.
9.
Pas moi qui grince
C'est ma langue
Pas moi qui grince
C'est ma cervelle
Pas moi qui grince
C'est ma porte
Que vous me claquez au nez.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er juillet 2017