TROIS CONTREVERS OÙ JE SAIS PAS
1.
« Madame, je vous donne un oiseau pour estreine »
(Isaac de Benserade, « Sonnet »)
Madame je sais bien que vous avez de la barbe mais
Je vous appelle tout de même madame parce que ça me plaît.
Vous donne (contre l'indicible de l'être) vous
Donne un oiseau car c'est plus léger qu'un troupeau de gnous.
Un troupeau de gnous d'ailleurs ça chante pas tandis qu'un
Oiseau c'est joli coloré gazouillant pis ça tient compagnie hein
Pour estreine je vous offre ce zoziau, avec un « e » à
Estreine car je le sors d'un sonnet de Benserade voilà.
2.
« Tournant les talons, ils s'engagèrent à travers le labyrinthe de glace, afin de contourner les troupes du Smog. »
(Henri Vernes, « Opération Chevalier Noir »)
Tournant la tête je vis mes jambes s'en aller dans mon pantalon et
Les talons avec alors je dis Oh et alors ? Eh ! Oh ! Eh !
Talons, où avez-vous mis vos achilles (ceux avec un gros nez) se seraient-
Ils en sérieux aventuriers (ou en pifs pour cyranos) transformés ?
(Cyrano, on dit qu'défois des inconscients l'appelaient Sire-à-nez… bon après zavaient du mal à r'trouver tous leurs os.)
S'engagèrent nos héros (c'est des aventuriers)
A travers un fouillis d'arbres du genre complexifié
Travers ah tiens j'ai perdu mon à... ah le voilà À travers donc
Le labyrinthe (passque la cuisine c'est trop petit) zentendirent un blonk
« Labyrinthe pas bon » fit la cervelle d'un de nos héros et c'est pas
De sa faute car quoique héros il avait la comprenette flagada.
Glace glace partout (zont quitté la jungle)
Afin d'arriver à la fin de c'mirliton faut bien qu'je jongle
De glace fut le labyrinthe mais fallut un peu s'les geler afin d'esquiver
Contourner les ennemis (sont affreux zont même pas d'nez).
Les héros donc ils entrèrent dans le frigo où ils avalèrent
Troupes de cuisses de poulet et toute la salade de pommes de terre
Du crémeux camembert du noble gruyère de la tarte brave ne laissèrent rien
Smog Smog Smog fit fataliste la pipe de l'auteur ce vaurien.
3.
« Ah !… Paris fuit, nocturne et quasi nébuleux ;
Le clair de lune coule aux pentes du toit bleu »
(Edmond Rostand, « Cyrano de Bergerac », v. I,7 [Cyrano])
Ah je dis Ah et je n'sais même pas pourquoi
Paris (j'y vais jamais c'est loin et y a trop d'monde quoi)
Fuit qu'ici fuit ça signifie qu'la ville file coton brumaire
Nocturne, s'estompe Paris comme un vieux tableau avec limonaire.
Et c'est-y pas qu'il fuirait, Paris, comme un voleur
Quasi mélo java ! Ah Paris tu m'as pris mon cœur !
Nébuleux tout à coup Paris qu'les néons ont des airs lointains
Le ciel est bleu de Prusse comme si on l'avait peint
Clair de lune bien sûr sinon on n'y verrait rien
De rien qu'ce s'rait comme quand on a perdu son chien
Lune Lune Lune pâle qu'on dirait un camembert qui
Coule sur la tartine des toits c'est-y pas beau dis
Aux pentes comme si c'était un toboggan aux
Pentes tu coules Lune et tu t'gondoles sans piper mot
Du toit bleu qu'on y voit aussi du gris dans ce
Toit bleu qu'il est très gris et si bleu
Bleu hussard bleu criminel bleu carnavaleux.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 16 juillet 2017.