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BLOG LITTERAIRE
5 septembre 2012

TU DOIS DONC AUGMENTER LE FARDEAU DE TA VIE

TU DOIS DONC AUGMENTER LE FARDEAU DE TA VIE

En feuilletant Humain, trop humain de Nietzsche traduit par Desrousseaux et Albert, traduction revue par Angèle Kremer-Marietti, Le Livre de Poche, "Les Classiques de la Philosophie", n°4634.

1.
"avec un air d'obstination implacable, comme si le cercle ne devait jamais être fermé."
(Nietzsche, Humain, trop humain, Opinions et Sentences mêlées, 125)

L'orgueil ne ferme jamais le cercle. Il en maintient l'ouverture, ne serait-ce que de la largeur d'une lame de couteau.

2.
"mais pour l'homme ce sont des portes d'accès, pour l'enfant des passages."
(Nietzsche, Humain, trop humain, Opinions et Sentences mêlées, 281)

Les portes, des accès qui ne sont jamais que des passages. A force d'accèder, certains ne font plus que ça, accèder. Ils appellent ça faire carrière.

3.
Si l'on mesure la qualité d'un être à la peine qu'il se donne, bien des personnes, évidemment, sont d'une qualité supérieure. On peut même dire que l'occident tout entier est pétri de cette qualité. Cette somme des travaux et des jours passés à travailler et qui constitue l'histoire de l'humanité est proprement inimaginable. Le vrai dieu des humains est le dieu du labeur.

4.
On ne peut deviner l'idéal de l'autre pas plus que l'on ne peut lire l'heure dans les yeux d'un chat. 

5.
"Tu dois donc augmenter le fardeau de ta vie."
(Nietzsche, Humain, trop humain, Opinions et Sentences mêlées, 401)

C'est comme cela que l'on en arrive à la haute distinction d'âne bâté.

6.
L'opposant politique critique avec plus ou moins de talent ce sur quoi il s'appuiera lorsqu'à son tour il arrivera aux responsabilités. On appelle cela "débat démocratique".

7.
Le fourreau n'est pas le poignard ; la main n'est pas le gant ; l'acte n'est pas la parole. C'est un des travers de l'administration que de confondre acte et parole, théorie et pratique, note de service et service.

8.
Prendre la philosophie au sérieux revient à vouloir y faire carrière. Ou alors, c'est que l'on est bien naïf.

9.
Entendu dire que Diogène avait beaucoup écrit, mais que tout avait été perdu. Quel cynisme !

10.
Le condescendant est quelqu'un d'assez sot pour croire qu'on lui est redevable. Sa condescendance nous épargne d'ailleurs de le remercier des services inestimables qu'il a pu nous rendre.

11.
Je me demande si François Villon enfant jouait parfois au pendu. On me dira que le jeu sans doute n'existait pas encore. Cela ne m'empêchera pas de me le demander. Surtout si cela ne sert à rien.

12.
L'on ne doit qu'à celui qui ne demande rien.

13.
Au train où ça va, certains élèves vont finir par être diplômés à leur insu, par contumace.

14.
Se prendre d'affection sans avoir les moyens de sa sympathie, c'est s'épouvantailler illico.

15.
On ne tombe jamais amoureux que du superlatif. Pour moi, je n'ai jamais su aimer par défaut. C'est sans doute cela le fond de ma méchanceté.

16.
Il est sûr que certains me lisent pour avoir le loisir de dire : "Quel cynique ! Quel prétentieux ! Quel imbécile !" Ne voient-ils pas alors que c'est d'eux-mêmes qu'ils parlent ?

17.
Le poignard de l'aphorisme peut mettre très longtemps avant de toucher sa cible, mais il finit toujours par l'atteindre, toujours.

18.
La mort parle pour nous. Aussi est-elle si souvent violente, injuste, imprévisible, cruelle.

19.
Il m'arrive de penser que bientôt l'on ne pourra pas mourir sans avoir rempli tous les formulaires nécessaires. Un de ces êtres innombrables et interchangeables qui peuplent les bureaux et archivent votre existence viendra un papier à la main exiger de l'hôpital qu'on le laisse vous voir avant qu'il ne soit trop tard.

20.
Je me demande s'il serait possible de lancer une procédure post-mortem. Le mort poursuit le vif.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 5 septembre 2012

 

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