ARBITRAIRE DU TEMPS
ARBITRAIRE DU TEMPS
Les humains, des horloges qui courent après le temps, lequel est la chose du monde la plus communément volée. C'est que vivre, c'est échanger du temps. Ce n'est pas pour l'autre que l'on accepte de sacrifier son temps, c'est pour l'intérêt que l'on y trouve. Le temps passé à travailler peut devenir désespérant si l'individu n'y trouve plus son intérêt. Quant au temps passé à aimer en vain, il est tout simplement insupportable. Un état de crise correspond à une phase de dévaluation du temps autant que l'enrichissement tend à sa surévaluation. Dans le premier cas, il y a perte ; dans l'autre, gaspillage. C'est que la valeur du temps est purement subjective, et toute tentative de donner un prix au temps est une illusion. Ainsi, les gens ne sont jamais payés à la hauteur réelle du sacrifice qu'ils font de leur temps. Ou ils le sont trop, ou ils ne le sont pas assez. Il est donc impossible de payer le juste prix du temps : la justice sociale est fatalement un arbitraire.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 21 septembre 2012