Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
24 septembre 2005

LETTRE OUVERTE

LETTRE OUVERTE SUR L'INDUSTRIE
ET AUTRES DIVERTISSEMENTS CONTEMPORAINS

                                           A tous les salariés
                                           dont on annonce les licenciements,

                                           Aux intérimaires de l'Education
                                           Nationale, que l'on appelle
                                           "contractuels" ou "vacataires"
                                           et qui font souvent bien mieux
                                           leur travail que bien des
                                           titulaires,

                                           A mon chien Pathus
                                           qui grogne tout seul
                                           en attendant l'imbécile
                                           fonctionnaire qui viendra
                                           me casser,

                                           A mon chien Melchior
                                           qui, bien peinard, ronge
                                           son os dans un coin de campagne,

                                           A Rabelais, Molière, Beaumarchais,
                                           Céline, Marcel Aymé, Brel et Brassens,
                                          
avec toute mon admiration,

                                           A la Gauche,
                                           avec consternation,

                                           A la Droite,
                                           avec mon habituelle insolence,

Chers toutes, tous et tertous,

Il y a cette phrase si simple et si claire de Georges Simenon dans "Le Locataire" :

"Au-dessus, dans la nuit, des cheminées crachaient du feu et le ciel avait des rougeurs de cuivre." (Georges Simenon, Le Locataire, Folio Policier, p.97).

L'industrie se tient toujours au-dessus, et ici "au-dessus des voies luisantes qui traversaient la rue." (Georges Simenon, op. cité).
L'industrie donc, dragon dans les airs, libéré de la terre où il dormait.
L'industrie, ce passe-temps de la misère, car comment passer le temps âpre, d'un trou à l'autre, sinon dans la combustion ?

Et cette réplique encore, qui claque, parmi tant d'autres claquantes répliques, du grand Michel de Ghelderode (La Balade du Grand Macabre, Folio Théâtre, p.156) :

                       RUFFIAK

"Si qu'on est pas mort, c'est que ce n'est pas la consigne, mossieu."

Effectivement, la civilisation mondialisatrice nous prévoit des morts statistiques :
- autant par tabagie, alcoolisme, drogues variées et mort sociale,
- autant par accident de la route,
- autant par virus tels que sida, grippe aviaire et tous les virus x, y ou z qui ne manqueront pas de nous sauter à la gorge,
- autant par cancer et dégénérescence cérébrale,
- autant par maladies diverses, professionnelles et controversées : c'est bien beau de mourir, encore faut-il  ne point se montrer par trop indélicat avec ces hommes honorables de l'honorable famille de l'industrie, ceux que la vulgate de la modernité a nommé, - par antithèse sans doute -, les Chevaliers d'industrie, les Capitaines d'industrie, sans compter les Barons et consorts des consortiums, seigneurs d'ailleurs périmés puisqu'ils ont laissé la place à de petits caporaux de la finance qui taillent et sabrent dans les rangs et qui n'ont plus ni patrie, ni dieu, et pas d'autre langue maternelle que l'anglais des affaires.

Mais surtout, il est notable qu'en-dehors de ces morts statistiques, la mort devient suspecte, intolérable et l'on a décrété la tolérance zéro pour tous les assassins non habilités par les compagnies abonnées au bel ordre des statistiques.

On a d'ailleurs fort bien fait ! bien que, - par ironie sans doute -, on se soit passé, en Europe tout au moins, des services du Grand Macabre officiel qui nous aurait pourtant obligeamment débarrassé, - en les coupant en deux, eh oui, -, de certains bouchers d'enfants, tueurs de femmes, égorgeurs d'autrui, individus , pour lesquels, afin de couvrir leurs frais de cellule,  moi qui ai bien du mal à boucler mes fins de mois, j'ai du mal à digérer que nous payons des impôts. Mais il vrai aussi qu'il ne faut pas trop chagriner les "bonnes âmes", on pourrait en avoir besoin aux prochaines élections...
De ces tristes sires, je ne citerai pas les noms. Leurs avocats seraient fichus de m'attaquer en justice : il n'y a pas pires loups que les loups déguisés en hommes, surtout s'ils portent des robes.

Post-scriptum : J'ai bien conscience de l'insolence de ces lignes, mais je ne saurai me résoudre au "politiquement correct" qui a préparé, avec de forts menteurs discours,  les massacres de la guerre en Irak ainsi que, avec de forts jolis discours, cette hypocrisie économique que l'on appelle "mondialisation" et qui consiste à remplacer un prince par un bouffon donneur d'ordres.
Ouh là ! je m'enfonce là !
Et, à propos de l'Irak, il me revient en mémoire ce que mon bon maître d''Histoire-Géographie nous disait au Lycée Condorcet de Lens dans les débuts des années 80 :"Quand un Etat se met à  fabriquer des armes, elles finissent toujours par servir ; c'est une des constantes de l'Histoire." L'interventionnisme américain lui donne raison ; les bons chiffres du trafic d'armes aussi.

Ah ! Mon professeur d'Histoire-Géographie de Terminale, un professeur comme on n'en fait plus dans les I.U.F.M et, en tout cas, pas un de ces "professionnels" interchangeables de chez l'inestimable Philippe Mérieux dont nous connaissons tous les qualités de pédagogue à succès, la finesse, la subtilité, la ruse, la sympathie naturelle que ce grand penseur inspire et à laquelle, par principe de résistance et parce que nous sommes d'ingrats sans-grades, nous nous opposons... Il est d'ailleurs vrai que les éclatantes réussites de nos Lycées Professionnels que le monde entier nous envie, - c'est bien connu !-, prouvent bien que nous ne sommes que des insolents, des vilains, des pas-beaux...

Ouh là ! je ne m'enfonce plus, je m'engloutis...

En attendant de vos nouvelles, - c'est-à-dire la volée de bois vert que mon impertinence ne manquera pas de mériter -, je vous prie, Mesdemoiselles, Mesdames, Messieurs, Mes chiens, de bien vouloir agréer l'expression de mes sentiments les plus respectueux,

                            Votre très humble et très insolent serviteur,

                             Patrice Houzeau

Fait à la Dunkerquerie, ce 24 septembre 2005

    

Publicité
Publicité
Commentaires
G
c'est bien beau tout cela, votre humble et insolent serviteur, mais, au jour d'aujourd'hui, la pensée humaine ne sait toujours pas donner de réponse à la question "qui suis-je?"<br /> <br /> alors, en l'absence de définition du sujet observant, quel crédit pouvons-nous attribuer à ses observations?<br /> <br /> bien à vous
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité