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BLOG LITTERAIRE
18 juillet 2006

A PROPOS DES RAIDS ISRAELIENS SUR LE LIBAN

A PROPOS DES RAIDS ISRAELIENS SUR LE LIBAN

Eli, Eli, lamma sabacthani ?
"Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?"
   
(Une ombre quelque part à Beyrouth, à Nazareth).

Cela fait maintenant plusieurs jours que l'armée israélienne bombarde le Liban et beaucoup se demandent sans doute s'il ne s'agit pas là du début d'une nouvelle guerre qui de nouveau fera de Beyrouth une ville martyr. A mon avis, à l'heure qu'il est, Beyrouth est une ville martyr. A partir du moment où le premier civil libanais est mort assassiné par une bombe israélienne, Beyrouth est devenue une ville martyr.
A tel point que l'on  finit par se demander si l'être même de Beyrouth, - son destin si l'on veut -, ne réside pas dans ce sacrifice que les hommes armés lui imposent.
A cet égard, il est intéressant de constater que, en l'occurrence (cela n'a évidemment pas toujours été le cas), le sacrifice est imposé par un peuple que l'on a tenté tant de fois dans l'Histoire de nier, d'anéantir, de sacrifier au néant.

On se souvient que, dans les années 80, la capitale du Liban ne fut rien d'autre qu'un immense champ de bataille où des milices de toutes les confessions s'affrontaient travaillant presque toutes pour des intérêts étrangers, et en fin de compte pour les marchands de canons qui n'ont pas plus d'âme qu'un Dutroux ou un Forniret. (1)

"Je crois pour ma part que cette offensive israélienne n'est pas appelée à durer", c'est ce que j'écrivais bêtement, stupidement, connement, il y a quelques jours encore. Tu parles, Charles ! On pouvait encore écrire cela en écoutant les commentaires des journalistes "impartiaux" de la téloche ; maintenant, c'est cuit ! Ils vont s'entr'égorger, s'éventrer, se violer, se viander à qui sait qui connaît le mieux les Saintes Ecritures.

"Tu ne tueras point" qu'il disait l'Autre : Effectivement, c'est une réussite !

Ce qui ne veut pas dire qu'un cessez-le-feu est à court terme impossible. Il y en aura sans doute un et même une possible fin de l'opération israélienne, mais ce ne sera que partie remise  et, à mon avis, même si le Hezbollah devait être démantelé, il ne se passera pas des semaines et des années avant que l'Iran ne remette sur pied une nouvelle organisation paramilitaire mieux armée et plus efficace que la précédente.
Si ça se trouve, les Israéliens, sans le savoir, rendent service au pouvoir iranien.

Bon, il me semble que les objectifs de l'Etat hébreu sont assez faciles à définir :

1) Objectif militaire : détruire le maximum d'infrastructures utiles au Hezbollah, couper les routes entre le Sud du Liban et le reste du pays, anéantir les moyens de communication et de propagande de la milice chiite, isoler donc en fin de compte le Hezbollah en détruisant son organisation matérielle. Ce qui passe, bien entendu, par l'élimination des chefs et donc le bombardement des organes officiels et officieux du parti fondamentaliste.
2) Objectif politique : En bombardant les populations civiles (ce qui n'est rien d'autre qu'un crime contre l'humanité), obliger le gouvernement libanais à durcir sa position à l'égard du Hezbollah qui, par ses provocations incessantes (tirs de roquettes, enlévement de militaires israéliens, attentats) attise la colère d'Israél.

Je ne doute pas, pour ma part, que ces objectifs seront bientôt atteints.
En tout cas pour le massacre des civils, c'est une évidence !
Nul n'est besoin pour Israél d'envoyer sur le territoire libanais des troupes terrestres et d'occuper le Sud du pays au risque de voir effectivement la région toute entière s'embraser suite aux interventions éventuelles de la Syrie et de l'Iran. Cela serait un mauvais calcul.
Evidemment, les généraux israéliens ne sont pas forcément moins cornichons que les généraux américains et à l'heure où j'écris ces lignes, le vendredi 21 juillet 2006, les héros de Tsahal ont déjà envoyé chars et fantassins s'en prendre plein la gueule en territoire libanais.

Les Israéliens auraient pu limiter leur effort de guerre à quelques raids aériens parfaitement ciblés afin de désorganiser le Hezbollah, - ou même le décapiter -,  faire le moins possible de victimes civiles, - le moins possible ! -, l'impact sur l'économie libanaise étant de toute façon si grand qu'il ne peut qu'obliger le gouvernement à prendre des mesures contre le Hezbollah; une pression donc intense mais limitée dans le temps, voilà ce qui, à mon sens, aurait constitué une opération militaire intelligente et appelée au succès.
Oui, mais voilà, Tsahal est persuadée d'avoir raison et du coup, en avant, hardi les gars et pas de quartier !

On ne peut donc que déplorer la violence des bombardements qui touchent une population civile libanaise soucieuse avant tout de paix et de prospérité et qui, pour une large part, est hostile aux agissements du Hezbollah.
La guerre est une saloperie et il ne peut y avoir de guerre propre.  Et puisqu'il faut la faire, la guerre, on aurait pu imaginer une riposte d'Israél, - que nous aimons pourtant parce que c'est un pays de résistants, parce que c'est sans doute la seule démocratie du Moyen-Orient -, une riposte plus strictement limitée à des objectifs soigneusement ciblés et épargnant la population civile ainsi que les structures de l'armée régulière de l'Etat libanais.
Ces attaques contre des casernes de l'armée libanaise ne peuvent que renforcer le sentiment d'unité nationale même si personne n'est dupe sur les intentions réelles des milices musulmanes dont beaucoup de leaders se sentent plus proches des religieux iraniens que des députés chrétiens de leur propre pays.
Ainsi, je pense qu'un cessez-le-feu doit intervenir le plus tôt possible de manière à laisser au gouvernement libanais le temps de la réflexion et la possibilité de prendre des mesures fermes à l'encontre du Hezbollah.
On me signale que le gouvernement libanais est de toute manière trop faible pour agir efficacement contre les milices du Sud.
Certes, je le comprends aisément mais, encore une fois, à quoi servent les commandos spéciaux et les tueurs à gages sinon à intervenir le plus rapidement possible sans qu'il y ait besoin pour cela de déclencher de guerre ouverte.
Quelques assassinats de leaders jusqu'au-boutistes barbus, - ou pas d'ailleurs -, et il n'y aura pas besoin de guerre civile ou d'intervention extérieure pour décourager les mauvaises volontés.

Note :
(1) Après tout, les marchands de canons sont eux aussi des tueurs en série.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 juillet et le 21 juillet 2006

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