POUR EN FINIR AVEC PHILIPPE MEIRIEU
POUR EN FINIR AVEC PHILIPPE MEIRIEU
Vu ce soir, dimanche 1er octobre 2006, sur France 2, un reportage édifiant !
Figurez-vous, qu'excédés par le mensonge organisé sur le niveau réel des élèves, quelques instituteurs (gloire à eux qui se parent encore de ce titre méritoire au lieu du boursouflé "professeur des écoles" qui fait rire plus d'un âne), quelques instituteurs lucides et courageux ont décidé, en ce qui concerne l'orthographe et la grammaire, d'y revenir, à l'enseignement traditionnel, celui des dictées et des règles à apprendre, celui des leçons au lieu des pédagogies modernistes dont l'illustre Philippe Meirieu et tous ses cireurs de pompes se sont fait une rente.
Cela se passe à Roncq, dans ce Nord qui a bien besoin, en effet, que l'on revienne à la réalité après les mensonges et les menées de certains syndicats.
L'institutrice - décidément, quel beau mot ! - s'appelle Françoise Candelier et ce qu'elle dit dans l'interview qui lui est consacrée pourrait en étonner plus d'un : elle montre d'abord le bulletin scolaire d'une élève arrivée d'une autre école, une de ces écoles où le structuralo-marxisme et la pédagogie à la Meirieu ont laissé des traces. Pas de notes sur ce bulletin (pour ne pas traumatiser l'enfant sans doute, ou pour mieux berner les parents) mais des couleurs, des petits points verts ou rouges ou de la couleur des oranges encore (comme si l'école était un jeu télévisé). Sur ce bulletin, il y a ainsi une dominante verte, ce qui tendrait à faire croire que l'enfant est en situation de réussite...
Et pourtant, à la première dictée donnée par Françoise Candelier, le nombre de fautes, non seulement d'orthographe d'usage mais aussi de syntaxe, est si élevé que, visiblement, l'on a affaire non pas à une élève qui apprend mais au contraire à une enfant qui commence sa scolarité par un gros mensonge sur ses acquis réels.
Eh oui, on ment aux enfants, on ment aux parents en leur faisant croire que le niveau moyen tend à monter alors qu'il baisse, croyez-moi, régulièrement.
Françoise Candelier explique ensuite que les méthodes dites modernes de la pédagogie sont particulièrement inefficaces en ce qui concerne l'enseignement de l'orthographe et de la grammaire.
Elle cite un exemple. Prenons la phrase: "Le chat mange la souris".
Traditionnellement, à l'élève à qui l'on voulait faire découvrir le sujet du verbe "manger" dans cette phrase, on posait la question suivante : "Qui mange la souris ?" (Variante à l'oral : "Qui est-ce qui... ?").
Cela marchait très bien, et la plupart des gamins et gamines finissait par bien se débrouiller dans la reconnaissance des sujets grammaticaux des phrases simples et complexes.
Oui, mais voilà... Entre-temps, il y a eu les progrès fulgurants de la linguistique, - progrès indéniables et fort utiles dans le domaine de la recherche de haut niveau mais très souvent inutiles et inappliquables en ce qui concerne l'enseignement des fondamentaux.
Comme tout le monde ne peut pas être un grand linguiste qui passe chez Bernard Pivot et/ou qui enseigne à l'étranger, il n'a pas manqué de zélateurs laborieux pour tenter de se faire un nom en utilisant, en récupérant les découvertes des linguistes et des prétendus spécialistes en "sciences de l'éducation". Ce genre de génie visionnaire est très courant dans les rangs des fonctionnaires de l'éducation nationale (s'ils travaillaient dans le privé, ils n'auraient jamais osé commettre de bourdesques récupérations pareilles, et s'ils les avaient faites tout de même, cela fait longtemps qu'ils auraient perdu leur place !).
Du coup, il a été interdit, ou très fortement déconseillé sous peine de mauvaise notation administrative sans doute, d'utiliser la question traditionnelle "qui est-ce qui fait l'action de... ?" puisque, n'est-ce pas, les élèves étaient censés faire une "enquête" sur l'identité de l'actant.
Une "enquête" ! C'est-t-y pas beau, ça ! C'est-y pas structurant ! C'est-t-y pas moderne et environnant, ça ! dirai-je en parodiant André Pousse et Michel Audiard.
Pas question, évidemment, dès lors que l'on fait des enquêtes (cela s'appelle la "méthode inductive" savez-vous, et c'est stupide !), pas question de s'abaisser à faire apprendre bêtement des leçons aux élèves ou à leur faire faire des batteries d'exercices assez répétitifs pour qu'ils puissent acquérir les automatismes (les connections neuronales, ce qui semble manquer souvent chez certains pédagogistes) nécessaires à la maîtrise de la langue : nous sommes d'un autre monde, nous, les rénovateurs, les pédagogistes et ne saurions cautionner des méthodes si rétrogrades...
Le problème, mes chers grands loups pédagogistes, c'est que ces méthodes sur lesquelles vous avez tant craché, ces méthodes traditionnelles (la lecture syllabique en est un autre exemple fameux) ont fait leurs preuves (et apparemment, les élèves de Françoise Candelier progressent, eux !) alors que, pour l'instant, nous ne pouvons que constater l'échec cuisant de bien des initiatives "inductives", "globales" et d'autres encore et des bien sociétales.
Je n'irai pas jusqu'à dire que certains meneurs pédagogistes devraient être jugés pour "haute trahison" (puisqu'ils ont contribué à l'analphabétisation d'une partie de la société française) mais personne, - pas même ceux qui, m'a-t-on récemment rapporté, sont indisposés par mes discours libéraux et favorables au développement de l'apprentissage et commencent à s'agiter dans mon dos - , je dis bien personne ne pourra m'empêcher de me poser des questions sur les objectifs réels des pédagogistes en général et de Philippe Meirieu en particulier.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er octobre 2006