Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
27 décembre 2006

REMINISCENCES

REMINISCENCES

    A la lisière de la forêt - les fleurs de rêve tintent, éclatent, éclairent, - la fille à lèvre d'orange, les genoux croisés dans le clair déluge qui sourd des prés, nudité qu'ombrent, traversent et habillent les arcs-en-ciel, la flore, la mer. (Arthur Rimbaud, Enfance I, Illuminations)

Lisant cette phrase, je songe à une superposition d'images : une lisière de forêt, des fleurs oniriques, une "fille à lèvre d'orange", - quelle précision ! -, puis la vue de ses "genoux croisés" se fondant "dans" un "clair déluge", une clarté et une ombre aussi dans une suite de mots-notations, "prés", "nudité", "arcs-en-ciel", "flore", "mer", comme si le narrateur s'endormait dans une suite de moins en moins logique d'images, d'impressions, comme s'il cédait à l'illumination des rêves.
Ainsi, dans ce dernier effort de "l'Alchimie du verbe" que constituent pour Rimbaud les "Illuminations", s'agit-il peut-être de rendre compte des processus d'associations d'idées ou des réminiscences qui annoncent, suggèrent, l'activité poétique.
En cela, Rimbaud oeuvre en synthétique, superposant les notations afin de composer une scène qui semble presque surréelle.

D'ailleurs, l'énumération onirique, la parade fabuleuse, va son sans-cesse, et semble rappeler les images des journaux illustrés que le môme des "Poètes de sept ans" contemple avec ravissement (cf " (...) Il s'aidait / De journaux illustrés où, rouge, il regardait / Des Espagnoles rire et des Italiennes", Arthur Rimbaud, Les Poètes de sept ans , vers 33-35) :

    Dames qui tournoient sur les terrasses voisines de la mer ; enfantes et géantes, superbes noires dans la mousse vert-de-gris, bijoux sur le sol gras des bosquets et des jardinets dégelés, - jeunes mères et grandes soeurs aux regards pleins de pélerinages, sultanes, princesses de démarche et de costume tyranniques, petites étrangères et personnes doucement malheureuses. (Arthur Rimbaud)

Qui sont ces tournoyantes, ces danseuses aux terrasses marines ? Des Espagnoles peut-être, et ces "enfantes" ? s'agirait-il d'infantes, ces enfants de la noblesse d'Espagne à côté des "géantes", les épouses des "Grands", les nobles de la Cour. Ou des gouvernantes peut-être ?
Puis les "regards pleins de pélerinages" des "jeunes mères et grandes soeurs" entraînent le lecteur vers l'ailleurs des costumes : "sultanes", "princesses de démarche et de costume tyranniques" (sont-elles "tyrannisées" par la complexité de leur costume, et ainsi "raidies" dans leur "démarche" ?) et qui sont ces "petites étrangères" et "ces personnes doucement malheureuses" ? De jeunes esclaves ? des suivantes d'origine étrangère dont la présence fut imposée par la Cour, leurs familles étant trop heureuses de pouvoir les placer, et qui souffrent peut-être du mal de la nostalgie.
En tout cas, point d'homme dans cette scène ; c'est un univers féminin que présente ici le texte.
On dirait bien que Rimbaud se souvient d'un tableau, d'une oeuvre espagnole peut-être, colorée et fatalement exotique pour le sauvageon ardennais qu'il ne cessa sans doute jamais d'être, malgré les "semelles de vent" et les affaires qu'il faut bien traiter si l'on ne veut pas crever de faim, poète maudit, chien de Paris, tandis que l'Europe commence à s'industrialiser.
On dirait bien qu'il en fait l'analyse, c'est-à-dire qu'il en décrit les détails, mais pas de façon précise, comme s'il voulait maintenir le ton énigmatique de sa description, comme s'il travaillait de mémoire, comme s'il réinventait ce tableau.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 décembre 2007

Publicité
Publicité
Commentaires
G
(nulle trace)
G
Si les adjectifs sont encombrants comme des percepteurs d'impôts, c'est au regard embourbé dans ses vitres opaques qu'il faut s'adresser, pas au paysage qui se laisse contempler. Quand les yeux sont aériens et survolent les reliefs sans saveur, les anfractuosités leur sont nues odalisques sans secret et les montagnes, plaines sur lesquelles galopent leurs chevaux héliotropiques. Tranche de l'adjectif, joli prince, et tu amputes deux ou trois millions de bactéries signifiantes. Edulcore du complément d'objet direct et tu perds l'odorat de la piste aux étoiles, tel l'aveugle qui définit l'apparence de l'éléphant en palpant sa trompe. C'est tout le principe de l'inspecteur d'académie de postuler inutile ce qu'il n'appréhende pas et de recommander ce qu'il ne pratique pas.<br /> Percepteurs et inspecteurs, nul trace de contribuable...
P
Qui n'a pas vu les cavalières ne connaît pas la danse et ne sait ce qu'il faut croire des mots. Ou des symboles. Les peintres décrivent à leur manière les paysages ravagés. A chacun son hymen,<br /> bleu jasmin ou étreinte de nuit, fleuve de souffle ou mutations disciplinaires [euh ? est-ce pour ma pomme ? Note du rewriter angoissé]. Les militantes de la beauté connaissent bien ces chemins sur lesquels se croisent de sexys pétinentes [Ah oui ! j'en veux bien, moi, des sexys pénitentes ! Note du rewriter énervé], stripteaseuses par vocation ou épouilleuses par nécesssité. Seuls les mâles croient aux yeux clairs, abusés par les formes, dépourvus d'approche [c'est qu'on est trop timides, M'dame... Note du rewriter confus]. Le monde du féminin ne s'offre qu'aux regards [les femmes n'existent que par le regard des hommes. Note du rewriter lucide, malgré une 75 d'Abbatiale de Saint-Amand]. Abeilles qui ensablent le mouvement [bin oui, mais c'est que quand on bande, ça nous fait mal, M'dame... Note du rewriter réaliste et dévergondé].<br /> <br /> C'est-y pas mieux comme ça ? Sans tous ces adjectifs encombrants comme des percepteurs d'impôts et ces images aussi inutiles que des inspecteurs d'académie.<br /> <br /> Sans rancune<br /> Patrice Houzeau
G
Qui n'a pas vu les cavalières ne connait pas la danse et ne sait ce qu'il faut croire des mots qui traversent la scène ou des symboles qui enivrent l'épaisseur du texte. Les peintres décrivent à leur manière les paysages ravagés de l'intériorité vulvaire, à chacun sa lave d'hymen, qu'elle soit bleu jasmin ou étreinte de nuit, elle demeure fleuve de souffle où se transforment processus et mutations disciplinaires. Les militantes de la beauté connaissent bien ces chemins sur lesquels ne croisent que de sexys pénitentes, stripteaseuses par vocation ou épouilleuses par nécessité. Seuls les mâles croient à l'irréalité des paysages de l'évanescence aux yeux clairs, abusés par les formes frigides du premier rang, dépourvus d'approche olfactive et englués dans les sarments sclérosés d'une rationalité fondée sur d'obtuses fois et croyances sclérosées et déliquescentes. Le monde du féminin ne s'offre qu'aux regards pourpres armés de lasers des contemplatifs insomniaques, abeilles délurées qui ensablent les mouvements de poussière, dauphins d'acier qui illuminent le monde des trolls.
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité