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BLOG LITTERAIRE
15 janvier 2007

MATAMORESQUE INFANTILITE

MATAMORESQUE INFANTILITE

"Matamore n'évoque la guerre, la terreur, la mort, les incendies et les massacres que pour dissiper aussitôt ces images funestes dans le rire lié à l'impuissance du personnage." (Marc Fumaroli, Notice de L'illusion comique, Classiques Larousse, p.25).

Ainsi Matamore n'est qu'un bouffon dont le sujet de prédilection est l'exploit, qu'il soit amoureux ou guerrier :

Quand je veux, j'épouvante, et quand je veux je charme ;
Et selon qu'il me plaît, je remplis tour à tour
Les hommes de terreur, et les femmes d'amour."
    (Corneille, L'illusion comique, Acte II,Scène 2, vers 258-260)

Puéril , bien sûr, ce "quand je veux" qui suppose que le réel obéit à Matamore.
Aussi Matamore n'est-il un héros qu'en paroles. Comme un enfant, il joue au héros et, comme un enfant, se nourrit de mots.
Puérile aussi cette vanité qui laisse son valet, Clindor, le flatter :

O Dieux ! en un moment que tout est possible !
Je vous vois aussi beau que vous étiez terrible,
Et ne crois point d'objet si ferme en sa rigueur
Qu'il puisse constamment vous refuser son coeur.
    (Vers 253-256)

lui dit sans rire Clindor.
A ces mots, le bouffon ne se sent plus de joie et disserte illico sur ses nombreux exploits.
C'est qu'il est bavard, le bravache.
Tout le contraire du Dom Juan de Molière qui n'évoque jamais ses exploits passés et ne parle que pour agir.
C'est que Matamore n'est jamais qu'un archétype, un caractère type de la farce, un héritage de la Commedia dell'arte alors que Dom Juan est un personnage unique, est devenu un mythe.
Et si l'archétype était un mythe inversé ?
Et si les mythes, parce qu'ils sont incarnés par des personnages aux qualités particulières, spécifiques, n'avaient pas, entre autres fonctions, celle de tuer les archétypes ?
D'où le fait que les "caractères-types" sont souvent ridicules (l'Avare, le Malade imaginaire, Matamore,...) et que les mythes sont souvent tragiques (Oedipe, Dom Juan, Hamlet,...).

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 15 janvier 2007

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