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BLOG LITTERAIRE
28 janvier 2007

VOUS REPRENDREZ BIEN UNE LOUCHE DE MEIRIEU

VOUS REPRENDREZ BIEN UNE LOUCHE DE MEIRIEU ?

Sur France Inter, aujourd'hui dimanche 28 janvier 2007, dans l'émission - que j'ai d'ailleurs prise en cours de route, ayant autre chose à faire -, dans l'émission d'Anne Sinclair "Libre Cours" donc, en direct live, Philippe Meirieu pour la promotion de son nouvel opus.
Chouette ! me suis-je dit, je vais pouvoir me payer sa tête une fois de plus !
Ah oui mais non !
C'est qu'il est fort à l'oral, le Meirieu, fougueux, la parole aisée, le verbe prompt à l'esquive, tout ça dans une sorte de ferme bonhomie qui me fait penser à mon banquier quand il me refuse un prêt.
Bon, il a dit deux trois choses intéressantes quand même, notamment lorsqu'il a considéré fort justement que cela relevait de la "pensée magique" de croire que les élèves, lorsqu'ils quittaient la cour de récréation, et donc leurs préoccupations d'enfants et d'adolescents, pouvaient sans remous, sans "rituel", se plonger dès les premières minutes du cours dans Madame Bovary ou le Théorème de Thalès.
C'est très juste, je l'ai souvent constaté ça, que certains élèves, n'ayant pas fini de régler leurs petites affaires, - voir remplir les obligations induites par l'organisation de leur petit commerce parallèle -, avaient du mal à se concentrer tout de suite sur les différences entre récit et discours ou la situation d'énonciation d'un discours de Ségolène Royal (c'est pourtant facile : Qui ? Ségolène. A qui ? A ceux qui sont là pour l'applaudir bêtement. Où ? N'importe où. Quand ? pendant la campagne électorale, sinon personne ne l'écouterait. De quoi ? euh... ? Dans quel but ? Faire croire aux gogos qu'il existe encore une gauche en France.)

Ceci dit, j'ai quand même relevé quelques sottises dans la parlote à Meirieu, et l'une d'elles est d'autant plus pernicieuse qu'elle pourrait apparaître consensuelle et ne mangeant guère de pain :
- Il proposerait, le grand théoricien, d'introduire dans le volume horaire des élèves une (ou deux) heures d'éducation artistique. Ah ! tiens ? Je croyais que ça existait déjà ! Ils sont si nuls que ça, les professeurs d'arts appliqués ?
Bon, d'accord, je suis de mauvaise foi; on comprend bien ce qu'il a voulu dire par "éducation artistique" : il veut parler, bien sûr, d'éventuelles visites de musées, de séances obligatoires de Molière joué et/ou revisité par quelque jeune et dynamique troupe de théâtre de province plus ou moins subventionnée, de visionnages de films des frères Dardenne (lequel est "La Faucille" ? lequel est "Le Marteau" ?) et autres choses amusantes, diversifiantes et absolument instrumentalisées.
Ah bah ! pourquoi pas ? Et même que ça existe déjà : les établissements scolaires regorgent de professeurs qui multiplient les projets plus ou moins "artistiques". Et même qu'ils sont parfois palmés pour ça, figurez-vous.
Mais là où la cocasserie inhérente au bonhomme  remonte à la surface, c'est lorsqu'il balance, sans rire, que ces heures d'éducation artistique doivent être intégrées dans les horaires des Lycées Professionnels et des CFA (Centres de Formation des Apprentis).
Fichtre et syndicalisme ! Moi, je veux bien, à condition que l'on se décide, comme je l'appelle de mes voeux, à ouvrir dans les Lycées Professionnels des sections préparant aux métiers artistiques (métiers liés à l'audiovisuel, métiers des Arts du Spectacle, etc...) Alors là, au contraire, j'applaudirai de toutes mes mains si demain je vois s'ouvrir des établissements préparant des élèves à un Bac Pro mention "Métiers du Théâtre" par exemple.
Mais s'il faut ajouter à des programmes d'enseignement général déjà par trop encombrés d'inutilités flagrantes (un chaudronnier ou une employée de restaurant de collectivité ont-ils réellement besoin de savoir qui était Garibaldi ?), s'il faut ajouter donc à tant d'heures qui ne servent qu'à justifier des augmentations d'impôts, des heures à prétention artistique, où va-t-on trouver le temps de former efficacement de futurs professionnels à l'exercice de leur profession ?
Là où la proposition est absolument risible et déplacée, c'est lorsqu'elle vise les CFA.
Bin oui, les CFA, c'est la réponse aux carences du Lycée Professionnel.
Puisque les lycées se montrent trop souvent incapables de fournir la main d'oeuvre nécessaire  - il y aurait tout de même 300 000 emplois non pourvus en France ! (1) -, notre société libérale a réagi en créant les CFA qui redonnent aux élèves la possibilité d'apprendre réellement leur métier en alternant séquences de cours théoriques et périodes de formation en entreprise.
Du coup, si par je ne sais quelle aberration, on laisse entrer les heures "d'éducation artistique" là où elles n'ont rien à faire, - à mon avis, un électricien peut parfaitement vivre heureux sans savoir qui était Yves Klein ou même Goya -, il ne se passera plus beaucoup de temps avant que les professionnels du syndicalisme enseignant n'organisent des grèves et autres mouvements de mauvaise humeur afin que l'on ouvre des postes aux concours,  et donc que l'on crèe des heures de cours d'enseignement général à l'intention des apprentis, et c'est ainsi que les CFA perdront leur âme et leur raison d'être.

Bref, et pour conclure, le Grand Homme, une fois de plus, ne m'a pas déçu ! Et c'est tout de même agréable pour un persifleur de ma sorte d'avoir, et cela très régulièrement, quelques réfexions de Meirieu à se mettre sous la dent.

(1) Heureusement qu'il y a les Polonais, les Bulgares et les Roumains, et même les Chinois ! Si, si, regardez bien autour de vous !

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 28 janvier 2007
   

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Commentaires
U
C'est rassurant de retrouver un peu de ses idées chez une autre personne. Moi je n'avais jamais entendu parler ce monsieur mais je trouve que l'analyse que vous en faites est pertinente. Je vous invite à aller consulter mon blog: http://juliendesplanques.en-normandie.com/<br /> Eventuelement vous pouvez acheter mon livre:"Tableau noir et gyrophare" aux éditions orphie il traite de l'éducation d'une façon un peu second degré.
J
Et même, - quelle belle chose que de savoir quelque chose ! -, il y eut quelqu'un du nom de Goya qui n'était pas chanteur de variétés !<br /> <br /> Jean Nesaynain-Mie
M
J'étais persuadée que le prénom d'Yves Klein était Calvin. Voyez comme on peut se tromper !
O
Tout être humain a besoin de tout savoir. Et c'est même son devoir! L'ignorance mène au totalitarisme. C'est une faute civique!Personne n'est censé ignorer quoi que ce soit! Poil au doigt!
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