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BLOG LITTERAIRE
12 décembre 2007

FAIRY RIMBALDIENNE

FAIRY RIMBALDIENNE

Les yeux, voilà qui hante. Plein la nuit, il y en a des yeux. C’est que nous ne pouvons être sans regard. Nous passons notre vie à défiler dans les regards, à voir, à être vus, à jouer notre rôle dans l’incessant spectacle de la vie sociale. Nous sommes des danseurs, des jongleurs, des illusionnistes, des acrobates. Intéressant cette façon qu’il a de lier, dans ses illuminations, ces énigmatiques comme des songes, gravures cryptées, poèmes d’un autre monde, Arthur Rimbaud, dans le poème Fairy, de lier les yeux à la danse :

« Et ses yeux et sa danse supérieurs encore aux éclats précieux »

Intéressant puisque la danse est affaire de regards, est transcendance des « éclats précieux ». Et les plateaux sont nus ; nues les scènes où les corps parlent une langue d’initiés. Si le spectacle est magique, s’il se fait « fairy » justement, féerie du corps en mouvement, - ce qui semble le plus naturel et qui est pur rituel -, il passe la généalogie des « influences froides », le « plaisir du décor » et jusqu’aux circonstances elles-mêmes de la représentation, cette « heure unique » des critiques satisfaits. En cela, il s’agit bien d’une « parade sauvage » pleine des « fourrures et des ombres », pleine des « légendes du ciel » que l’argument propose au génie des êtres.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 12 décembre 2007 

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Commentaires
G
Hélène est la reine de la parade, elle danse devant un parterre d'ombres princières aux yeux éteints et pour un mort qui ne revit que par sa danse. Qui voit la danse voit les merveilles de sa barque de deuil, connait les saveurs de tout parfum, et s'aveugle de tranches d'éblouissement incolore.Pas d'histoires, juste des senteurs, pas de senteurs, juste un frisson, pas de frisson, juste un clin d'oeil, pas de clin d'oeil, juste là. Rien de plus mais tout est là.
N
Chaque homme devrait voyager, pourquoi uniquement les écrivains? De même les voyages qui nous transforment le plus en profondeur ne sont pas forcément les voyages dans d'autres pays. Quant au regard d'autrui c'est une réalité dans toutes les cultures non? Il me semble qu'un danseur aime le regard des autres, un spectacle est fait pour les autres.
É
L'écrivain doit voyager. Ce n'est pas sur tous les continents que la danse est une affaire de regard. Et c'est pour moi un constat à la fois déplaisant et très précis d'une certaine société qui à force de se donner en spectacle, ne sait plus vivre la fête.
P
Je découvre à l'isntant votre blog qui semble varié et riche
V
"et ses yeux et sa danse supérieurs encore aux éclats précieux"<br /> <br /> petites flammes qui vacillent<br /> s'entortillent aux chaleurs du coeur<br /> la voilà la danse des yeux<br /> en filigrane en contre-jour<br /> écorce de voix cachée<br /> dans de félines arabesques<br /> <br /> "nous passons notre vie à défiler dans les regards, à voir, à être vus, à jouer notre rôle dans l'incessant spectacle de la vie sociale."<br /> <br /> Voilà une phrase d'une vue altière, un aveu de fragilité et d'impuissance, mais aussi une conscience pleine et entière. Bienvenu dans le théâtre de bois.<br /> <br /> "nous passons" : bacs emmenés d'une rive à l'autre, à la disparition, au fond du brouillard matinal.<br /> "notre vie" : nos espérances, désirs, promesses, un si petit mot pour une si grande épopée.<br /> "à défiler dans les regards, à voir, à être vus" : squelettes de chairs nous défilons, à l'affût de rayons tendres peut-être, ombres passantes et pesantes, fantasmagories poignantes parfois. Nous nous exhibons au plus offrant, il n'y a pas de choix possible, nous nous reflétons dans la pupille de l'étranger.<br /> "jouer notre rôle dans l'incessant spectacle de la vie sociale" : simulacres de playmobils gesticulants, pantomime quotidienne, où règnent de ces démons cornus, qui fouettent l'air de leurs queues comme de nobles ruminants.<br /> <br /> Nicolas VASSE
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