FAIRY RIMBALDIENNE
FAIRY RIMBALDIENNE
Les yeux, voilà qui hante. Plein la nuit, il y en a des yeux. C’est que nous ne pouvons être sans regard. Nous passons notre vie à défiler dans les regards, à voir, à être vus, à jouer notre rôle dans l’incessant spectacle de la vie sociale. Nous sommes des danseurs, des jongleurs, des illusionnistes, des acrobates. Intéressant cette façon qu’il a de lier, dans ses illuminations, ces énigmatiques comme des songes, gravures cryptées, poèmes d’un autre monde, Arthur Rimbaud, dans le poème Fairy, de lier les yeux à la danse :
« Et ses yeux et sa danse supérieurs encore aux éclats précieux »
Intéressant puisque la danse est affaire de regards, est transcendance des « éclats précieux ». Et les plateaux sont nus ; nues les scènes où les corps parlent une langue d’initiés. Si le spectacle est magique, s’il se fait « fairy » justement, féerie du corps en mouvement, - ce qui semble le plus naturel et qui est pur rituel -, il passe la généalogie des « influences froides », le « plaisir du décor » et jusqu’aux circonstances elles-mêmes de la représentation, cette « heure unique » des critiques satisfaits. En cela, il s’agit bien d’une « parade sauvage » pleine des « fourrures et des ombres », pleine des « légendes du ciel » que l’argument propose au génie des êtres.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 12 décembre 2007