Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
10 octobre 2008

DE LA MARCHANDISATION DU SOCIAL

DE LA MARCHANDISATION DU SOCIAL
(où l’on voit que tel est pris qui croyait prendre)

On vend du malheur. La volonté de monstration crée ses circuits de distribution, sa déontologie, ses valeurs, ses figures, et organise ainsi la documentarisation du réel.
L’illusion de la « société magique » (société de consommation, civilisation des loisirs, société ouverte) semble remise en cause, et le temps n’est plus seulement aux jeux et aux variétés. C’est que les gens, qui se multiplient comme s’il était nécessaire de pérenniser le souvenir de l’inhumanité, sont toujours trop nombreux pour cette rareté naturelle des choses gérée par l’inévitable appréciation du marché.
Manne financière pour les zélés du réel, de l’obscénité du traitement audiovisuel des faits divers à la distinction « humaniste » des cinéastes à thèse, la marchandisation du social revient aussi à soulever des questions, à mettre en évidence l’état critique inhérent à toute société et que les institutions ont pour fonction de gérer. Elle est ainsi devenue une arme à double tranchant.
L’une des ironies de la mondialisation des échanges est que, prenant pour credo la libre circulation des services et des marchandises, elle favorise donc la libre circulation de la représentation du réel critique qui, documents à l’appui, contribue à la dénonciation des conséquences de cette ouverture des marchés.
Les autoroutes de l’information, esquivant sans cesse la plupart des tentatives nationales de censure ou même simplement de contrôle, il semble que l’éclatement des crises soit maintenant connu par les peuples avant même que les gouvernements prennent conscience que le feu a pris. D’où sans doute cette impression que, désormais, les marchés ne se contentent plus des paroles rassurantes des Etats et n’en font qu’à leur tête.
C’est là sans doute la monnaie de leur pièce : ayant voulu rentabiliser tout le malheur du monde, les gestionnaires de la représentation ont perdu de vue que si tout s’achète, c’est que tout se paie.
Qui aurait cru qu’une simple tautologie mettrait à mal la World Company des illusions ?
A moins, bien sûr, que de l’usine à rêves ne finisse par sortir un ordre nouveau du monde initié par quelque dictateur inouï.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 10 octobre 2008

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité