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BLOG LITTERAIRE
30 novembre 2008

"QUI N'A D'AUTRE RAISON QUE D'ÊTRE"

"QUI N'A D'AUTRE RAISON QUE D'ÊTRE"

"Qui n'a d'autre raison que d'être" - "Cette scintillation très personnelle" - "en forme de roue comme le soleil".

"Qui n'a d'autre raison que d'être" (cf "L'observation et les commentaires d'un poème peuvent être profonds, singuliers, brillants ou vraisemblables, ils ne peuvent éviter de réduire à une signification et à un projet un phénomène qui n'a d'autre raison que d'être." René Char, Préface aux oeuvres de Rimbaud, édition Louis Forestier, Folio classique p.9) : Le poème, en voilà un phénomène ! Comme tout ! C'est pas de l'épique que nous vivons, c'est du phénoménal, du jamais pareil qui se poursuit, du tel qu'en lui-même que l'être change... L'Histoire, c'est pas de l'épopée, c'est de la phénoménologie ! Ecrire, comme René Char, que le poème "n'a d'autre raison que d'être", c'est affirmer que l'être est la raison du poème, que le poème relève de l'ontologie... pas du "projet" éditorial, ni de l'amphithéâtre, ni du ministère, pas du printemps non plus ! Mais de l'énigme de l'être ; du sphinx à perpétuité.

"Cette scintillation très personnelle" (cf "Cette scintillation très personnelle, cette trépidation, cette hypnose, ces battements innombrables sont autant de versions, celles-là plausibles, d'un événement unique : le présent perpétuel", René Char, ibid.) : Ce qui relève donc de la "scintillation" subjective, de la "trépidation", de "l'hypnose", des "battements innombrables", c'est de la synchronie, du "présent perpétuel, en forme de roue comme le soleil" (René Char)... cyclique, alors, le phénomène ? La roue du temps... l'Eternel Retour... Au "présent perpétuel", le temps, condamné tournant en rond... En tout cas, désynchronisé, le présent, passé à l'allongeoir des subjonctifs :
"en forme de roue comme le soleil, et comme le visage humain, avant que la terre et le ciel en le tirant à eux, ne l'allongeassent cruellement." (René Char, ibid.) : Bah ! Langue de caméléon que le temps, enroulé, enroulé, enroulé et puis tchak ! Big bang qui se déroule... Phénoménologie, l'Histoire ! Un visage ne se répète jamais... C'est toujours du comme, et c'est jamais pareil ! Science des inouïs, la phénoménologie.... des inédits... des "chevalets féeriques" comme dit Rimbaud (1), des poétiques phénomènes. Pas de ça : l"Eternel Retour" des mêmes Maîtres et Valets, mais le temps en expansion, en progression, la scène toujours plus vaste des "Seigneurs" et des "Nouvelles Créatures" (2), l'aventure qui persiste à être à travers chaque visage, chaque corps, chaque être.

(1)mon Bien ! Ô mon Beau ! Fanfare atroce où je ne trébuche point ! Chevalet féerique !" (Arthur Rimbaud, Matinée d'ivresse in illuminations).
(2) "Seigneurs et Nouvelles Créatures" : Titre français du premier recueil de poèmes de Jim Morrison publié en France.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 30 novembre 2008

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