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BLOG LITTERAIRE
23 mars 2013

IL M'ARRIVE DE PENSER

IL M'ARRIVE DE PENSER
Aphorismes et paraphrases de quelques pensées et réflexions tirées du recueil "De l'inconvénient d'être né", de Cioran, Folio essais n°80).

1.
Il m'arrive de penser que l'infinie variété des miroirs n'a pas d'autre but que de renvoyer le réel à son reflet, et donc à un double mensonge.

2.
Ce que l'on ne sait pas faire, il faut le bien penser. Cela soulage.
(cf De l'inconv. p.103, "J'ai transformé...")

3.
Ne pas songer à la mort, c'est déroger à une saine habitude. (Cf De l'inconv. p.41, "Toutes les fois que...").

4.
Regarde-toi avec l'oeil d'un autre, et tu verras clairement à quel point tu es vain.
(cf De l'inconv. p.56, "Si l'on pouvait...")

5.
Nos fascinations sont monstrueuses puisque le monstrueux "proclame" - le mot est de Cioran - notre humanité aussi bien que le plus grand bien. Mieux peut-être, puisque le monstrueux est voué à l'obscène comme la vertu est vouée à la discrétion.
(cf De l'inconv. p.125, "Un monstre...")

6.
Des siècles de bouffonnerie et de royauté ont permis aux bouffons, à force de travail, d'acquérir une sorte de perfection telle que nous les confondons parfois avec des rois.
(cf De l'inconv. p.174, "On ne peut admirer...")

7.
L'imaginaire se nourrit de ce que nous croyons réel, et plus nous en croyons nos yeux, plus l'imaginaire s'impose à nous comme un pis-aller, voire un substitut confortable à cette réalité qui finit par dépasser la fiction.
(cf De l'inconv. p.65, "Les douleurs imaginaires...")

8.
Outre l'infiniment petit et l'infiniment grand, outre l'infiniment bon et l'infiniment mal, il y a au moins deux autres infinis : l'infiniment réel et l'infiniment imaginaire. Je me demande si les deux sont parallèles, ou s'ils se superposent, ou sont à la fois l'un et l'autre, sortes de cordes qui entre elles se nouent, se dénouent, se renouent .

9.
Chaque parole dénoue un noeud et, simultanément, en noue un autre. Chaque bonjour est déjà un au revoir. Chaque bonsoir un possible adieu. Chaque parole masque un dénouement aussi bien qu'un complot : celui du réel qui échappe à l'émiettement des paroles dans le temps.
(cf De l'inconv. p.176, "Aucune parole...")

10.
A l'hypocrite tutoiement des bonnes âmes, Cioran préfère le je de la singularité ou le nous de l'humaine condition. En cela, il est bien un moraliste français. Et l'un des plus grands parmi les plus vifs.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 23 mars 2013

 

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