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BLOG LITTERAIRE
8 juin 2013

L'ECLAIR EST DANS L'ENIGME

L'ECLAIR EST DANS L'ENIGME

1.
A force de prêter l'oreille à n'importe qui, on finit par devenir sourd.

2.
Si j'étais riche, je passerais commande à un artisan verrier d'un sablier à forme humaine. En effet, j'ai dans l'esprit que le sablier est la plus exacte des métaphores de l'humain : il passe le temps.

3.
"Il ne fallait pas compter sur le jardin et ses repoussants mystères"
(Jean Ray, Malpertuis, J'ai Lu n°1677, p.53).

A force de cultiver les jardins, ils finissent par développer des théories étranges, et, pour tout dire, révolutionnaires. Il faut faire attention, il arrive que leur sol se mette à glisser, voire à se dérober sous vos pas. Vous tombez, et des ronces secrètes s'abattent sur vous et vous arrachent la tête.

4.
"je serai oiseau tout seul"
(Céline, Normance, folio n°1053, p.185)

Des fois je m'envole par la fenêtre, c'est-à-dire que je laisse mon esprit flotter au dehors cependant que mon corps repose au dedans. Du coup que je flotte, il pleut. Je me rentre alors, vaguement frustré.

5.
Discuter avec le sphinx... çui-là qui pose dans la glace avec une gueule d'incompris... ah on s'en pose des rébus !... et puis on décide quand même... de toute façon, du labyrinthe, on n'en sort pas comme ça... faudrait d'la révélation... mais le sphinx, il les lâche pas si facilement, ses foudres... c'est juste que l'éclair est dans l'énigme... faut avoir l'oeil.

6.
Comme il était omniscient, il n'eut aucun mal à se tromper.

7.
Parfois, on sent bien qu'elle vient, l'idée derrière la tête, mais  on caboche ailleurs, alors mince l'idée, pas claire du tout, nébulante, floue, et si fuyante qu'on a envie de se gratter le dos.

8.
"Un morceau de ma mémoire vient de remonter à la surface !"
(Renaud - Dufaux, Jessica Blandy Blue Harmonica, Dupuis coll. "Repérages", p.28, planche 26).

Des fois, un morceau de mémoire remonte à la surface... On le croyait noyé, voilà qu'il revient... Vaisseau fantôme... Spectre du Titanic avec tout son orchestre... Chevalin squelette... C'est alors que le passé se venge... Qu'un sabre d'abordage vous coupe la tête... Qu'une section de cuivres vous agonise... Que le cheval vous renverse... Que l'amazone vous égorge... Puis au fond sans fond du puits vous chutez.

9.
Le poème "Bonheur bête" de Henri Michaux, son titre l'indique qu'il va se payer la fiole de la béatitude... à en inventer l'expression bête comme le bonheur... C'est que ce bonheur-là, le bête bonheur, rien de comparable avec le malheur, nous affirme le narrateur, qu'il est tout "petite chose", ce bonheur, et sans... et sans... puisqu'il n'a pas de..., pas de, et plus il... et moins je. Indéfinissable, insaissisable, si éblouissant mirage que vous en baissez les yeux. Alors que - pardon ! le malheur, lui, quand il vous tombe dessus, il vous colle si bien à la peau, que, comme le narrateur à Michaux, vous finissez par vous dire, ce malheur, c'était moi.

Source : Henri Michaux, "Bonheur bête" in La nuit remue, Gallimard, coll. "La Bibliothèque n°90, p.86.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 8 juin 2013

 

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