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BLOG LITTERAIRE
24 février 2015

NOTES SUR ABDICATION I

NOTES SUR ABDICATION I

1.
Des fois, on est deux bipèdes debout. Il y a une petite table, un tiroir, des aveux.

2.
Il y a un prisonnier me dis-je Puis j'me dis pardon ? Alors je me répète qu'il y a un prisonnier et je me sens fatalement plus libre.

3.
Ici, il y a un prisonnier. C'est un être humain avec son Dieu. Bien malin qui peut dire qui est le geôlier.

4.
Dans la caboche un prisonnier tourne en rond les mains dans les poches. Il s'appelle l'Ennui ; il est là à perpète, sauf que des fois il s'évade, mais il revient toujours.

5.
Ce que vous me dites, vous ne me le faites pas dire, et c'est toujours ça de pris.

6.
Des fois qu'on serait dans un château, et qu'il y aurait dans une grande salle bien sombre, une machine à coudre, un parapluie et une table de dissection. Ça ferait un bon début de roman gothique, non ?

7.
On se prend souvent pour un autre. Du coup, on dit des choses que l'on ne devrait pas dire, des choses d'autre comme s'il les disait pour soi.

8.
Des fois on rêve que l'on est le roi de quelque chose ; c'est tout nous ça, bouffon et compagnie.

9.
Comme je me disais que c'était bouffon la façon dont je me comporte, je me dis Mais je suis le bouffon ; l'envie de me flanquer un coup de pied quelque part me saisit aussitôt.

10.
Des fois qu'on se court après et qu'on finit même pas par rattraper l'ombre de son ombre.

11.
Que l'on remplace « bouffon » par « clown » et l'on obtient l'alexandrin que voici :
« Oui, au Roi, moi, le clown, j'lui ai coupé la tête. »

12.
Ce que racontent les livres : la façon dont on bricole les protocoles et qu'on finit par pas s'en sortir.

13.
Les autres ont la délicatesse de faire comme si vous n'étiez pas encore mort. Mais parfois ils perdent patience, et vous assassinent en bon vivant.

14.
Je me méfie de mon bouffon. Depuis que je sais que moi et lui ne font qu'un, j'ai peur que, histoire de rire, il me dénonce.

15.
Des fois on veut dire que c'est bouffon, mais on se tait, on rit en dedans et on prend une tête de circonstance. On se demande aussi parfois si les autres, avec leur tête de circonstance à eux, sont-ils dupes ou pas ?

16.
L'autre des fois i dit que j'm'a coupé : Moi je me suis coupé ? Moi j'avoue ? Et quoi donc ? L'autre, savez, c'est un faiseur d'aveux.

17.
Je prends des notes sur n'importe quoi et n'importe où passque n'importe où que j'suis j'me sens souvent pas plus que n'importe quoi.

18.
Se sentir n'importe quoi n'empêche pas de ne pas se sentir n'importe qui. On a sa dignité quoi !

19.
L'autre : souvent le bouffon imaginaire des tréteaux d'nos caboches ; parfois, la Reine, mais c'est qu'on est assoté alors, fasciné, bouffon.

20.
L'un n'est pas l'autre, quoique des fois aussi bouffon l'un que l'autre. Quant à son bouffon, à l'un, c'est moi, fatalement ; l'autre, je ne le connais pas.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 24 février 2015

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