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BLOG LITTERAIRE
13 juillet 2017

ET QUE FAISAIT LA MER

 

ET QUE FAISAIT LA MER

1.

« Et que faisait la mer ? - Imbécile, têtue

elle ouvrait et fermait des portes pour personne. »

(Jean Tardieu)

« Et que faisait la mer ? » - Elle posait pour des peintre du Japon, faisait la vague et la nouvelle vague et bleu têtu, faisait sa marine.

Défois Zut elle a une mule dins s'tiête dont elle fait sa mauvaise, pis comme la marine à Tardieu, elle ouvre des portes, mais pour personne.

Défois on ouvre et on ferme des portes qu'on croit qu'y a personne mais dans l'entre-porte s'insinuent d'imperceptibles changements.

2.

« L'idée de l'infini se ferme sur elle-même. »

(Lucien Suel, « Canal Mémoire », Marais du Livre Editions, 2004, p.105)

 

Une fois bien fermée sur elle-même, le dieu des archives la range dans une petite boîte et la place sur l'étagère des idées de l'infini.

Que l'univers serait infiniment constitué d'infinis se fermant sur eux-mêmes, infiniment de cercles façon ronds dans l'eau.

Alors le dieu d'alors se suicida et ça fit big et bang et sa cervelle en expansion quitta un infini pour un autre.

3.

« Qu'en dis-tu, voyageur, des pays et des gares ? »

(Verlaine)

Quand dis-tu ? Hein tout de suite hein, voyageur (exquise est-elle passant par là que je dis ça mais on s'en fout).

« voyageur » ça veut dire qu'on va voir ailleurs ce qu'on n'voit pas chez soi mais pas tout le monde voyage. Faut l'envie. J'ai pas.

Défois y en a c'est professionnel et c'est tout à fait sérieusement qu'ils vont loustiquer, s'crever ou s'enquiquiner à l'étranger.

Les voyageurs, souvent i traversent des pays et des gares (au gorille – mais ça c'est surtout dans les vieux films d'espionnage) ou alors si le gorille à Brassens s'est échappé d'la chanson et vous poursuit dans des gares, mais j'y crois pas trop.

4.

« La royauté a ceci d'incommode en l'opinion de diverses personnes, que la crainte de la mort y est continuelle »

(Hobbes traduit par Samuel Sorbière, "Le Citoyen")

Certes, nous ne craignons plus les absolus et la foudre à écailles ; cependant nous restons soucieux des vivariums.

Il est des palais de république où l'on manie le serpent comme le jeteur des jadis broussailleux maudit les mots.

Parfois, au nom d'un truqueur de paroles, d'un politique pilleur d'écritures, des ombres assassines posent des silences et des nœuds.

5.

« Là où il n'y a point de République, il n'y a point de propriété. »

(Hobbes, « Le Léviathan »)

Le tigre ne collectionne pas. Nul musée chez nos chats. Seuls, nous évoquons la femme du gardien de zoo et les masques de cérémonie.

Dans l'incendie, sauver le Rembrandt ou sauver le chat se demandait Malraux. Parlons franc, seul un saint ou un fou renoncerait au trésor.

Nous avons inventé les pronoms possessifs pour nous donner le droit à l'illusion de la maîtrise. Et c'est dans cette illusion que nous déplaçons nos rois, nos reines, nos fous, nos pions.

6.

Parole trop claire se perd dans le jeu de cartes. Seul le sphinx caché, seule la vipère beauté peuvent trouer le temps.

Nous ne pouvons pas toujours manier les mots comme s'il s'agissait d'osselets. Malgré nous, nous jetons des sorts et jouons du serpent.

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 13 juillet 2017.

 

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