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BLOG LITTERAIRE
5 septembre 2015

ANIMAL FEROCE NE LAISSE PAS UN OS

ANIMAL FEROCE NE LAISSE PAS UN OS

1.
« Je te croyais un cheval savant et tu n'es que de bois. Une bonne bête quand même à qui je pardonne de m'avoir culbuté. »
(Ghelderode, « La Balade du Grand Macabre » [Goulave])

2.
« Je te croyais » : qu'le réel il en tombe des masques, laissant les lèvres ululer leur atroce théâtre.

3.
« cheval savant » : ô érudit dada, ô polyglotte coursier, ô calculateur épique, berlue toquante, vu qu't'es de bois.

4.
Mon cher cheval, ô physionomiste polyglotte paturon, peux-tu me dire le nom de ces ombres, de ces zoziaux des branches, de ces assassins au milieu des feuilles ?

5.
Bête : Hi han des fois le réel hi han puis qu'il se bute refuse de nous avancer puis qu'il nous les broute ah mon dieu qu'c'est bête le réel.

6.
Pardonne : Amen et puis tant pis.

7.
Culbuté : c'est qu'ça s'culbute dans le hi han un culbuto d'bourricots terrible qu'on en pousse des o des a des au secours.

8.
« Si vous ne signez pas, vous serez déchiré par un animal féroce que nous élevons en grand secret. »
(Ghelderode, « La Balade du Grand Macabre » [Aspiquet])

9.
Tête dure, là-d'dans un cheval d'orgueil vous demeure, et vous ne signez pas et puis quand même
Vous serez, cause qu'on finit par être ce que nous ne voulions peut-être

10.
Déchiré : l'âme en petits morceaux de papier chutant chutant chutant Quel était le message ?

11.
« Animal féroce ne laisse pas un os » dit Zut, rappelant la devise du Sphinx, et finissant d'engloutir quelque coin-coin magnifique.

12.
En grand secret çui-là qu'avec ses osses
On emporte d'l'aut' côté où pourtant y a plus
Rien qu'des os puis sans mystère sans secret.

13.
Serez seras seront qu'on l'conjugue sur tous les tons c'te verbe être et qu'on décline qu'on décline qu'on décline

14.
Je t'en ficherai moi des tableaux de stratégie dit sabre au clair Zut et enfourchant son cheval savant.

15.
« Bé… une faulz ? Bé… une trompe ? Bé… des cloches ? »
(Ghelderode, « La Balade du Grand Macabre » [Porprenaz])

16.
« faulz » : qu'on vit sous le signe d'icelle… la tête à peine… plein d'ombres déjà.

17.
Trompe, ô barrissements électriques au fond de la chanson, une ville des gens du vent et le temps qui efface le tout.

18.
Cette impression que tu as soudain alors que le soir tombe que cette rue t'est étrangère et parfaitement étrangers les gens.

19.
Cloche : gosier glotte bing bang bong qu'on s'trimbale dedans la caboche.

20.
Quelque liqueur verte ô gosier
Comme un qui bat la glotte
Bing bang bong
Quoi qu'on fait ?
- On s'boissonne...
Pis on s'la trimbale la caboche
Et not' cloche dedans.

21.
« Ou bien nous demeurons encore trop vivants pour être morts, ou bien nous sommes trop morts pour être encore en vie. »
(Ghelderode, « La Balade du Grand Macabre » [Videbolle])

22.
« trop vivants » : oui oui encore encore oui oui encore encore oui oui encore encore et puis
nous v'là morts c'est comme ça
on vit on vit et puis on est mort.

23.
« trop morts » s'hallucine Zut, nous voit tous en spectres, en fantômés, et que « tout traversés d'réel zêtes » qu'elle dit Zut.

24.
Un rat est entré dans l'piano. Depuis, y a du grignotis dans les notes, et de la trottinette dans les nocturnes.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 5 septembre 2015.

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