Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
22 août 2016

UN BEAU JOUR TWITTER DISPARAÎTRA

UN BEAU JOUR TWITTER DISPARAÎTRA

 

1.

Le surnombre multiplie les artistes et les amateurs à un rythme tel qu'on finit par en être vaguement écœuré.

 

Oui oui je sais je suis rien qu'un méchant un imbu un pas beau.

 

2.

L'art pour tous, la culture pour tous : encore une astuce pour créer des postes bidons et de faire dépenser des sous aux gens ça.

 

Un imbu un méchant un pas beau ma pomme oui oui je sais.

 

3.

« Je calmai l'historien furieux et rejoignis Poirot sous notre tente. »

(Agatha Christie traduit par Laure Terrili, « La Malédiction du tombeau égyptien », [Hastings])

 

Je ris d'un rien : l'expression « historien furieux » me met dans la caboche l'image d'un hérissé universitaire roulant des yeux et la face pourpre.

 

4.

J'écoute l'album « Abbey Road » des Beatles. Ç'te fine musique m'apaise un temps les nerfs sur lesquels d'autres courent.

 

5.

« Où vont les gants d'avril, et les rames d'antan ?

L'âme des hérons fous sanglote sur l'étang. »

(Jules Laforgue, « Complainte de l'ange incurable »)

 

Que si ça s'trouve on se promène avec une âme qu'est pas à nous (ô dieux farceurs !) et qu'c'est pour ça qu'on fait rien qu'à.

 

6.

Un beau jour Twitter disparaîtra et avec toutes nos phrases et tout ça qu'on écrit pour donner du sens au temps qui passe.

 

7.

On croit qu'on donne du sens à alors qu'on ne fait que presser le temps pour qu'il se hâte d'en arriver là où.

 

8.

« Sous le ciel pluvieux noyé de brumes sales »

(Jules Laforgue, « Méditation grisâtre »)

 

I s'réveillent i zouvrent leur rideau koikivoyent ? Du « pluvieux » et puis d'l'embrouillamini brumâtre ah la la qu'ça donne pas envie.

 

9.

Ah j'en aurai passé du temps à cloper et boire des cafés pis écouter du bon vieux rock dans des maisons vides.

 

10.

« C'est marrant, la vie, le temps, toutes ces choses... »

(Patrick Cauvin, « E = mc2 mon amour » [Le narrateur])

 

Oui, c'est fou c'qu'on rigole.

 

11.

« aux prises, en plein étang de tout !... »

(Céline, « D'un château l'autre »)

 

Le mot « étang » me faisant invariablement penser au mot « canard », je n'ai qu'une chose à dire : coin-coin.

 

12.

« les interminables avenues se perdant, s'égarant »

(Claude Simon, « Les Géorgiques »)

 

C't'image des « interminables avenues se perdant » comme si les villes volaient tout l'espace, capturaient le vent.

 

13.

Des fois y a comme un vent mauvais qui vous glisse dedans, vous chiffonne la pierre et vous froisse l'affectif.

 

14.

Un jour j'écrirai ma « Chanson pour personne » et ce sera bien fait.

 

15.

« le terrifiant hiver se ruant à l'intérieur, étincelant, noir et blanc, comme le contenu d'une de ces boîtes en cuir sombre qu'ouvre un joaillier »

(Claude Simon, « Les Géorgiques »)

 

Un « terrifiant hiver » dans une phrase de Claude Simon, du « ruant », d'l'étincelant il dit et pis d'l'implacable comme froideur de bijou.

 

Parade d'éclats qu'les saisons seraient comme de la bijouterie s'baladant au cou du temps.

 

16.

« tenues sous clef dans le même enfer »

(Claude Simon, « les Géorgiques »)

 

Sûr que s'il y avait pas de clef jamais, le réel se dilaterait, se dissiperait à l'air libre, dans le nulle part.

 

17.

« comme matérialisés à partir du néant »

(Claude Simon, « Les Géorgiques »)

 

Ainsi se manifestent-ils. Ils jaillissent du rien. Soudain ils sont là, les autres, mâchoires.

 

18.

« voit sa population mourir à petit feu »

(entendu dans un bulletin d'information à la radio)

 

Il y a deux façons d'assassiner les peuples : à grand feu ou à petit feu. La politique internationale consiste à choisir entre les deux.

 

19.

« et aucun bruit, sauf cette espèce d'immense et silencieuse rumeur des flocons qui continuent à tomber »

(Claude Simon, « Les Géorgiques »)

 

Claude Simon, cavalerie, cavaliers, chevaux et tous les temps par lesquels ils sont passés pour aller à la mort.

 

Souvent le cavalier à la Claude Simon i s'artrouve isolé, perdu dans l'immense rumeur des flocons qui couvre le réel.

 

20.

« - Quand pensez-vous qu'il rentrera ? » que des fois y en a i rentrent de chaipaou pour tomber dans nulle part.

 

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 22 août 2016.

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité