Vers un renouveau du nationalisme japonais (2) ?

VERS UN RENOUVEAU DU NATIONALISME JAPONAIS ? (2)

Suite à un reportage diffusé sur Arte, j'ai écrit un article sur le renouveau du militarisme japonais (cf "vers un renouveau du nationalisme japonais").
A ce propos, j'ai reçu un commentaire d' Orlando de Rudder qui m'indique que : "La réponse est dans les oppositions nationales ! Heureusement, les Japonais ne sont pas toujours aussi disciplinés qu'on le dit ! Beaucoup refusent cet état de fait et ce besoin d'affirmation ! Déjà le fait qu'il y ait une grande résistance à la privatisation de la poste et des services financiers postaux me paraît un très bon signe !"

Effectivement, il était fait mention dans le reportage certes de la passivité, - sinon l'indifférence -, d'une grande partie de l'opinion publique japonaise mais il était fait mention aussi de la résistance des très actifs et militants féministes japonais - qui ont  fort à faire comme on peut le deviner par exemple en lisant le très ironique et très joliment écrit Stupeur et Tremblement de l'excellente Amélie Nothomb (disponible en Livre de Poche) - .
D'autre part, certaines associations d'anciens combattants s'inquiètent de cette image nouvelle de l'Armée que semblent vouloir promouvoir certains politiques et demandent que l'on explique clairement aux jeunes générations ce que fut réellement l'impérialisme japonais de 1931 à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Orlando de Rudder poursuit son commentaire en écrivant ceci :"Mais les vieux démons zen sont là : c'est ce qui a empêché le Japon de retrouver une place philosophique importante... Malgré de grands artistes et de grands écrivains qui "cognent dur" !". Je sais que pour certains lecteurs, le sujet semble douloureux (il ne faut pourtant rien exagérer, ce ne sont que des "mots", personne n'est nominativement attaqué et d'autre part, quand on va sur un blog faire des commentaires qui se veulent polémiques, il faut s'attendre à des contre-attaques, c'est la loi du genre !). Je précise donc : le reportage ne faisait pas mention d'un lien qui pourrait exister entre religieux japonais et renouveau militariste, à l'exception d'un seul temple (shintoïste me semble-t-il et si cela a un sens, mais c'est à vérifier car je suis une poutre en religion orientale), temple, - je n'en ai pas noté le nom, excusez-moi! - qui semble-t-il, serait (vous remarquerez le conditionnel) devenu la chasse gardée des militaristes et ultra-nationalistes religieux. Mais, et cela est notable, il semble que la seule mention du nom de ce temple mette en colère la plupart des citoyens japonais (un auteur de mangas aurait d'ailleurs fait scandale en utilisant le nom de ce temple comme titre d'une série) qui, bien qu'indifférents au réarmement de leur pays, semblent vouloir distinguer et différencier de façon nette et précise religion et politique.
Pour ce qui est de la place de la philosophie japonaise dans le monde actuel, j'avoue mon incompétence en la matière, à l'exception d'un fait : je sais qu'un nombre important d'étudiants et intellectuels japonais font le plus grand cas de la philosophie occidentale, qu'ils traduisent et commentent abondamment. Ceci n'est pas assez souligné et nous cherchons parfois ailleurs des ressources ou des alternatives philosophiques que, pourtant, nous, européens,  possédons déjà. Je parle ici de philosophie et non de religion ! C'est le propre des sectes et des intégrismes de mélanger les deux. Mais, bien entendu, la pensée s'appuie aussi sur le texte religieux : j'ai rédigé sur ce blog un portrait de Saint Thomas, "Le Jumeau", qui n'a rien d'ironique, au contraire.
Pour ce qui est des "artistes et des écrivains qui "cognent dur", je suis d'accord : même l'ultra-nationaliste et quelque peu allumé Yukio Mishima n'était pas en odeur de sainteté dans la société japonaise ! Je vous conseille de lire, si vous ne l'avez pas déjà fait, Le Pavillon d'Or de Yukio Mishima(disponible en folio) chef d'oeuvre d'analyse lucide des comportements "mystiques" et portrait réaliste de ce qu'est un "religieux" : un homme comme un autre qui occupe une fonction sociale, et c'est tant mieux car, pour le coup, c'est le "mystique" qui détruit ce qu'il y a de plus beau...

En bon polémiste, Orlando de Rudder élargit le débat (ça s'appelle une "question ouverte") sur la Chine :
"Quant à la Chine, le problème est aussi intérieur : un scénario à la mode URSS est possible. De nombreux courants autonomistes peuvent peser lourd..."
Je laisserai donc le débat ouvert, en attente d'autres informations...

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 novembre 2005