DU FAIT RELIGIEUX
DU FAIT RELIGIEUX
En fin de compte, certaines querelles récentes entre blogueurs (ce qui prouve qu'il y a débat, ce qui est une bonne chose même si le genre polémique passe souvent par l'hyperbole et l'ironie ; c'étaient aussi les armes de Voltaire et elles furent redoutées à tel point que l'auteur de Candide, ne pouvant tenir sa plume tranquille, fut plusieurs fois embastillé...), certaines querelles donc piquent ma curiosité littéraire.
Comme je l'ai dit dans un article précédent, "je suis une poutre en religion orientale"; catholique de naissance, comme beaucoup de gens, je me signe plusieurs fois par jour (authentique !), je respecte la figure du pape et les curés (surtout s'ils s'occupent, comme l'abbé Pierre par exemple, des exclus, des pauvres, des malades), je sais par les conversations que j'ai pu avoir avec certains prêtres que l'Eglise considère évidemment que "Jésus n'a pas marché sur les eaux" (la bonne blague du Christ premier surfer de l'humanité !) mais qu'il s'agit là d'une image signifiant que le Christ était capable de dompter le mal en se plaçant "au-dessus" de lui, en le foulant aux pieds (d'un point de vue philosophique, il y aurait d'ailleurs quelque chose à chercher, me semble-t-il, du côté de cette "matière mauvaise" omniprésente et participant du principe de la création, mais je ne suis pas théologien, je fais juste une remarque) ; je sais aussi, par les mêmes prêtres, que Saint-François ne parlait pas spécialement aux oiseaux :c'est bien joli, cette histoire, mais la religion catholique ne s'est pas construite dans la non-violence (relisez Le Nom de la Rose de Umberto Ecco, disponible en Livre de Poche); il semble que la chronique a retenu et amplifié cet incident où Saint François, qui n'était pas toujours très bien compris de ses collègues, leur a, lors d'une discussion, tourné le dos et s'est mis, par dépit, à tenir son discours aux oiseaux lesquels en furent sans doute dérangés, les pauvres, dans leurs habitudes d'oiseaux.
J'ai même connu un brave curé, pas même défroqué ou "en ménage", qui m'a glissé en confidence que, franchement, ces histoires de "paradis", "d'enfer" et de "résurrection des corps" n'étaient que des contes pour inciter leurs ouailles à se tenir correctement au cours de leur vie. Et c'est tout.
De ce fait, j'ai de la tendresse et de l'estime pour une telle religion (le catholicisme romain dans sa version actuelle) qui relativise autant les croyances populaires, qui est basée sur un des plus beaux textes qui soient (La Bible) et qui, dans son action de tous les jours, sait parfois bien fermer les yeux sur nos petits écarts : je rappelle que Georges W. Bush n'est pas catholique, c'est un WASP (White Anglo-Saxon Protestant) alors que Bill Clinton, beaucoup moins rigide moralement, est catholique : d'ailleurs, il joue du saxophone, ce qui n'a rien à voir mais qui m'amuse.
Mais pourquoi vous parle-je de tout ça ?
Ah oui ! Donc, cherchant à en savoir un peu plus long sur les religions orientales, j'ai tout simplement ouvert une encyclopédie ( le Larousse 6 volumes de 1980 que l'on ne peut je pense accuser de parti-pris) et j'ai cherché l'entrée shintoïsme.
J'y ai donc appris ceci et en substance : le mot shinto est un mot japonais qui signifie "la voie des dieux" et c'est aussi la religion nationale du Japon. J'en déduis que le shinto est donc une religion polythéïste et que c'est aussi la religion de l'Empereur.
Le shinto est présentée comme étant "la plus ancienne religion du Japon, antérieure à l'apparition du bouddhisme". Comme beaucoup de religions polythéïstes, le Shinto est peuplé de dieux qui personnifient, en fait, certains éléments de la nature : Amaterasu : le Soleil ; Susannoo : la Tempête, etc... Ces noms sont donnés par l'encyclopédie ; si ce sont des craques, tant pis pour moi...
J'apprends ensuite que "le bouddhisme influença fortement le cérémonial" : autrement dit, il y a eu syncrétisme et de même que les Romains admettaient sans peine, parmi le tout-venant des divinités, des figures plus ou moins exotiques venant de partout, les Japonais semblent avoir admis dans leurs cultes des divinités bouddhiques : rectifiez moi si je me trompe ! euh non! pas à coups de fusil...
Cependant, "aux XVIIIèmes et XIXemes siècles, les Japonais cherchèrent à retrouver le shinto primitif, pur de toute contamination". Je ne sais pas pourquoi mais cette phrase là m'inquiète...
C'est avec Meiji (XIXème s.) et donc l'ouverture du Japon aux influences occidentales que le shinto devint religion d'Etat ; on s'efforça alors de le dissocier du bouddhisme. J'aimerais savoir pourquoi : est-ce que le bouddhisme était jugé trop peu violent par rapport aux volontés expansionnistes naissantes du Japon ?
Enfin j'apprends que "jusqu'en 1946, l'adoration de l'Empereur fit du shinto un mouvement politico-nationaliste autant qu'une religion". Donc, le shinto était la religion officielle du Japon pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le problème se pose donc, si l'on assiste, -et ce n'est qu'une hypothèse -, à une renaissance du sentiment militaro-nationaliste japonais, quelle sera l'influence du shinto sur cette évolution ?
Evidemment, je n'ai pas la réponse ! Néanmoins, je pense que la société japonaise a bien changé ! L'américanisation, l'évolution de l'économie vers une économie de marché, la mondialisation des échanges, la lente mais réelle évolution des moeurs dont témoignent la littérature japonaise actuelle, son cinéma, l'industrie des mangas, etc... me font imaginer que le shinto, comme notre catholicisme romain doit relever des habitudes et d'un vague sentiment qu'il vaut mieux qu'en matière de spiritualité et de respect des convenances, il y ait une religion plutôt que rien...
Mais si je me goure, alors qu'on me le dise ! poliment s'entend mais fermement si vous voulez !
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 novembre 2005