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BLOG LITTERAIRE
21 février 2006

Pourquoi je n'aime pas la "Starac" ?

POURQUOI JE N'AIME PAS LA STARAC ?

Bin oui, au fait, pourquoi que je l'aime pas, la Star Académie qui est cependant et apparemment l'une des émissions les plus populaires du Paysage Audiovisuel Français (PAF) ?
Après tout, c'est une émission dynamique, jeune, qui fait travailler beaucoup de gens, de techniciens, de professionnels du spectacle dont beaucoup sont des intermittents.
C'est une émission qui rapporte de l'argent (via la taxation des SMS et autres appels téléphoniques, via la promotion et la vente des disques). Le libéral que je suis devrait en être ravi ; il y a tant d'argent fichu en l'air par ailleurs et par les hublots du Clemenceau par exemple ou les formations bidons de certains organismes en contrat avec l'Etat (vous voulez devenir tuyauteur, c'est bien, mon petit, mais n'oubliez pas d'aller au cours de français, vous allez voir, Monsieur Houzeau va vous apprendre la différence entre métaphore et comparaison !).
C'est une émission de variétés et je dois bien avouer que j'ai toujours eu un faible pour les émissions de variétés, pour les chansons faciles et stupidement agréables, les décors en kit, les paillettes dans les cheveux, les yeux, les robes de Dalida ou les rouflaquettes à Johnny.
J'aimais bien ça car ce ne prêtait pas à conséquence ; c'était nul et sans prétention.

Avec la Starac, c'est autre chose. On se prend au sérieux. Les professeurs ressemblent à ces  professeurs rêvés des midinettes et midinets : à la fois fermes comme des gens sûrs d'eux et affectifs comme des mamies Nova, sobres et élégants comme des acteurs et potaches comme des étudiants, sérieux et techniques comme les membres d'un jury  d'examen et sentencieux comme des militants écologistes ; bref, ils jouent leur rôle.
Du coup, les artistes semi-professionnels en contrat avec TF1 se doivent aussi de jouer leur rôle : à mon avis, ils travaillent comme des "nègres" pour mériter leur cachet.
Et quel est leur rôle ? Ressembler le plus possible à des jeunes gens plus ou moins talentueux au départ et qui vont sous les yeux extasiés de millions de téléspectateurs évoluer, progresser, en suer des litres, accepter d'avoir l'air stupide et ridicule, pontifiants et niais, et, en contraste, réussir parfois à chanter "presque comme un pro" à côté d'une vedette américaine qui dit les mots gentils que son contrat impose :" You're so wonderful ! You're great ! I love you" puis qui file dans les coulisses en pensant qu'il puait quand même bien du bec, le ou la frenchie...

Mais ce que je reproche le plus à la Starac, c'est qu'elle réussit à nous anesthésier.
Les émissions des Carpentier, dans les années 70, n'étaient que rarement intéressantes mais elles ne duraient qu'une heure et, aux yeux de tous, n'étaient qu'une émission de divertissement promotionnel : on montrait la tronche des artistes, on les faisait chanter leur scie en play-back et hop, on passait à autre chose (Arsène Lupin avec Georges Descrières ou Les Brigades du Tigre avec de vieilles voitures ; ça durait une heure itou et après, on allait se coucher en pensant que la démocratie représentative, c'était quand même bien !).
Mais tout ça ne prêtait pas à conséquence : régulièrement, il y avait des concerts de musique classique aux heures de grande écoute ; tous les ans était diffusée "La Grande Parade du Jazz" et nous faisions encore la distinction entre bonne, - la "Grande Musique" disait-on ! - et mauvaise musique - la musique dite de variétés -.
Avec la Starac, - fatalitas ! -, tout est brouillé : on se prend au jeu, on suit pas à pas, samedi après samedi, - et même jour après jour ! - les progrès de nos chouchoux et, le soir, le toutou à ses pieds et le matou sur les genoux, digérant le repas du soir dans la douceur du foyer, on se laisser doucement bercer par l'illusion du talent qui naît.
Heureusement, en se couchant, fort tard, - car c'est que ça dure longtemps, les feintes affectivités de Nikos Aliagas, le présentateur et le suspense de qui c'est qu'on-va-faire-semblant-de-virer-ce-soir-et-qui-de-toute-façon-s'en-va-puisque-c'est-prévu-dans-son-contrat -, heureusement, en se couchant, on allume la radio et on entend Claude Nougaro ou Jacques Higelin, Willie Dixon ou Jimmy Page et on se dit que non, vraiment, aucun des pantins exténués de la Starac ne peut espérer rivaliser un jour avec Page, Dixon, Higelin ou Nougaro.

Patrice Houzeau
Hondeghem contre l'A24
le 21 février 2006

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Commentaires
C
Bonjour Patrice<br /> <br /> Maritie et Gilbert Carpentier *soupir* J'ai la nostalgie des shows à paillettes soudain. Des "Sacha-shows" avec l'élégant Chacha Dischtel nous vendant avec un sourire "gibbs" ses "scoubidous bidou aaa", Henri Salvador déguisé en "mimi petite souris", de Sylvie Vartan et de sa Maritza et Claude François pas encore intéressé par l'électricité! A l'époque on nous présentait du rêve, on ne cherchait pas à nous le vendre, c'est toute la différence je crois...<br /> <br /> Personnellement, je suis plutôt désappointée par la passion que nourrit ma fille de dix ans pour toutes ces tartes caca-endémiques, ces recherches de nouvelles stars kleenex, ces nannies dresseuses de bambins rebelles, ou ces ménagères tirée à quatres épingles qui viennent faire le ménage gratuitement dans votre petite bauge perso. J'ai du mal à comprendre que cela puisse passionner cinq ou six millions de téléspectateurs !! Je ne me ferais jamais à la télé poubelle, d'ailleurs je ne la regarde quasiment pas. Enfin si, la cinq et ses docus, et puis quelques séries américaines (honte à moi)<br /> <br /> Mais la variété paillettes d'autrefois, ça oui, ça me manque!<br /> <br /> Clin d'oeil!
L
Bravo!Excellent post!Très pertinent...
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