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BLOG LITTERAIRE
18 mars 2006

LE NOEUD DU PROBLEME

LE NOEUD DU PROBLÈME

Vendredi soir. Enfin le week-end ! après une semaine de contestation estudiantine et lycéenne qui semble donner raison à bon nombre de mes prédictions concernant l'inéluctabilité d'une crise universitaire. Le contesté Contrat Première Embauche est le révélateur d'un malaise de plus en plus perceptible dans la société française et que l'on peut résumer en une phrase :
La formation -  et plus particuliérement l'Education Nationale -  est en grande partie déconnectée des réalités du monde du travail.

Un nouvel exemple ?
Voici. Hier après-midi, Conseil de Classe où l'on apprend que la Fédération des Métiers du Bâtiment est prête à embaucher des élèves de niveau BEP et, nous précise-t-on, sans discrimination aucune et le plus rapidement possible étant donné le manque criant de main d'oeuvre.
Il paraît même que ces difficultés de recrutement commencent aussi à se faire sentir dans les métiers de la Maintenance.

Je prends le train pour rentrer chez moi et à la gare, je tombe sur deux de mes anciens élèves d'un Lycée du Bâtiment justement :
- "Monsieur Houzeau ! On parlait justement de vous !"
Bref, petite conversation sur le thème du "Alors, ça-va-t-y ?" où j'apprends que ces deux élèves avaient obtenu leur BEP en juin et étaient maintenant inscrits en BAC PRO.
Mais le plus intéressant, c'est qu'ils me confièrent que de cette classe de Seconde Année de BEP, seuls quatre élèves avaient réussi l'examen de fin d'année.
Quatre ! Dans une section qui offre un emploi dès l'obtention du diplôme !

Pourquoi une telle faiblesse dans les résultats ?
La faute des professeurs ? Que nenni ! grâce aux efforts conjugués des Universités et de Philippe Meirieux, ils ne seront jamais autant qualifiés que maintenant !
Problème de recrutement d'élèves ? Effectivement, si les professeurs de Collège ne s'avisaient, pour des raisons idéologiques d'ailleurs, d'envoyer relativement systématiquement en Seconde Générale des élèves bons et moyens (encore que la notion de "bon élève" dans certains collèges peut prêter à sourire ! de plus, on a informatisé, - pour une gestion plus égalitaire des demandes d'inscription ! -, la machine à ventiler les dossiers ; ce que les hommes font, le robot orienteur le défait !), si donc, on ne cherchait pas d'abord à remplir les classes de Seconde Générale, les Lycées Professionnels pourraient recruter des élèves dont nous ferions d'excellents techniciens et nous pourrions ainsi répondre efficacement aux problèmes de main d'oeuvre qualifiée des entreprises !

Mais, vous me direz, dans cette section de BEP (des maçons, si je me souviens bien), vous aviez des élèves, certes très faibles en vertu de ce que vous venez d'expliquer, mais vous pouviez tout de même les amener à la réussite ?

Oui, nous pouvions... à condition que les programmes soient équilibrés et de les débarrasser des modules et autres ECJS (Enseignement Juridique et Social, - inutile et moralisateur !)) et autres PPCP (Projet Pluridisciplinaire A Caractère Professionnel, - vague fourre-tout qui coûte des sous -) et de ces heures d'histoire-géographie auxquelles nos élèves n'entravent que couic, non parce qu'ils sont bêtes mais tout simplement parce que cela ne les intéresse pas !( - j'ai quand même 13 ans d'expérience dans ce boulot, vous pouvez me croire donc -), de ces programmes trop ambitieux en français (franchement, vous croyez que ça va leur servir aux maçons de savoir la différence entre fantastique et merveilleux ou les caractéristiques d'une nouvelle réaliste ?) et cet anglais, qu'au bout de quatre ans, seuls quelques élèves des sections Commerce maîtrisent un peu tandis que les sections industrielles n'acceptent de suivre le cours que si le prof leur plaît. Sans parler des cours de Petits Mickeys (Arts Appliqués à la base, gribouillage et coloriage en réalité !) et des différents projets culturels plus ou moins coûteux et surtout complétement inutiles sauf à la carrière des Documentalistes, des Professeurs Pilotes des Projets et des Proviseurs dont on cause en réunion.

Où est l'Enseignement Professionnel dans tout ça ?

- Avec le prof d'atelier, à attendre les élèves !

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 mars 2006

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Commentaires
P
Où est l'Enseignement Passionnel monsieur ?<br /> là où se chasse un coeur.<br /> en extérieur ?<br /> oui mais là c'est un crime, un coeur en extérieur c'est comme chasser le futur avec un masque de raison derrière un ministère.<br /> <br /> Où est le saignement professionnel monsieur ?<br /> là où s'écoule le temps.<br /> en vain ?<br /> Rien n'est vain quand on parle de la vie sauf si écrire est fait avec une encre avinée.
P
bah, je connais aussi la bêtise en chemin descendant hierarchique et je suis pas à l'EN, mais à la Poste.<br /> La dernière mode chez nous on nomme des non postiers à la tête de la boite comme ça pas d'états d'âme pour sabrer la bête. Remarque y a pas que du mauvais là dedans mais les coupes sombres bof ça profite à personne, mais ça augmente la productivité et la bêtise du monde.
P
Merci, Pant, pour votre commentaire avec lequel je suis parfaitement d'accord.<br /> Je me permets de préciser que les idées exposées dans les articles que je consacre à l'Education Nationale font maintenant leur chemin dans l'esprit de beaucoup.<br /> C'est un progrès car, il y a encore trois ou quatre ans, lorsque j'exposais mon point de vue à mes collègues, je me faisais régulièrement traiter de "facho" car, selon eux, je ne voulais rien moins que supprimer l'enseignement général des Lycées Professionnels et transformer les élèves en agents de production sans cervelle et sans esprit critique et donc, toujours selon eux, à en faire de futurs esclaves de la machine économique.<br /> Tel, évidemment, n'est pas mon intention.<br /> Ils sont maintenant moins agressifs à mon égard, les collègues, depuis qu'ils connaissent ce chiffre fatidique : en 2005, 23% des jeunes de moins de 26 ans sont demandeurs d'emploi ! L'échec des BEP est donc patent !<br /> De plus, beaucoup constatent que, d'année en année, les taux d'absentéïsme des élèves de Lycée Professionnel (et même des professeurs !) augmentent ; autrement dit, les élèves votent avec leurs pieds et fuient un système qui ne leur est pas toujours profitable en terme de formation.<br /> Enfin, si le recrutement des élèves de LP était meilleur (élèves disons "moyens" des classes de Troisième), nous pourrions sans doute maintenir un certain niveau d'enseignement général - et pourquoi pas ? - : faire du français "littéraire" (comme les inspecteurs nous le demandent, avec une certaine arrogance parfois, oubliant certainement que ce sont les professeurs qui font tourner la machine - et donc assurent leurs salaires -, et non eux !), de l'histoire-géographie, etc... : bref, une grande partie (mais pas tout ! virez les PPCP, les "Modules", l'ECJS, réformez l'enseignement des langues et n'obligez pas toutes les sections à suivre des cours d'Art Appliqué, dans le cas des Comptables ou des Mécaniciens Auto, c'est carrément gostesque !)une grande partie donc de ce que nous sommes censés faire aujourd'hui avec des élèves qui ont, pour la plupart d'entre eux, beaucoup de lacunes et aucune envie de refaire ce qu'ils ont déjà fait en collège.<br /> En améliorant le recrutement des classes de Lycée Professionnel, nous pourrons effectivement répondre aux besoins du marché du travail et, en équilibrant Enseignement Professionnel et Enseignement Général, préparer des élèves à des diplômes supérieurs : Bac Professionnel, BTS,...<br /> Que manque-t-il ? <br /> Un véritable ministre de l'Education Nationale et cet abandon de cet esprit de soumission à la hiérarchie qui fait que les mesures les plus sottes sont appliquées par le Recteur obéissant au Ministère, puis par les Inspecteurs obéissant au Recteur, puis par les Chefs d'Etablissement et Mesdames et Messieurs les Professeurs obéissant qui au Recteur, qui à son Inspecteur. En privé, tout le monde conviendra de la sottise de la mesure mais tout le monde cependant la fera appliquer dans le souci de l'ordre administratif et l'obligation que chacun se donne de ne pas déplaire à son supérieur.<br /> <br /> Patrice Houzeau<br /> Hondeghem, le 18 mars 2006
P
Tout à fait d'accord, l'adaptation des programmes aux besoins finaux de la filière parait tellement évident que justement c'est contraire à la sacro sainte règle de la Nation Educante à l'ouvrage.<br /> <br /> Le recrutement, l'orientation, oui aussi cela reste assez lamentable, mais la règle des 80% d'une classe d'age au bas a causé ces dégats et continue de le faire. Cette axiome des 80% est destructeur.<br /> <br /> Concernant l'enseignement professionnel l'exemple à suivre à toujours été celui du compagnonnage, adapté partiellement avec l'apprentissage et ses recents et superbes developpements mais jamais atteint dans son developpement final.<br /> <br /> Toutefois un exemple, mon neveu n'a jamais reussi à s'acclimater en classe générale, donc il s'est retrouvé en filière pro, et là :<br /> cap, bep, bac pro, bts et une année supplementaire post bts. Donc le succes et la motivation naissent du choix et de l'orientation pas de ce chemin obligé du secteur général.
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