LE NOEUD DU PROBLEME
LE NOEUD DU PROBLÈME
Vendredi soir. Enfin le week-end ! après une semaine de contestation estudiantine et lycéenne qui semble donner raison à bon nombre de mes prédictions concernant l'inéluctabilité d'une crise universitaire. Le contesté Contrat Première Embauche est le révélateur d'un malaise de plus en plus perceptible dans la société française et que l'on peut résumer en une phrase :
La formation - et plus particuliérement l'Education Nationale - est en grande partie déconnectée des réalités du monde du travail.
Un nouvel exemple ?
Voici. Hier après-midi, Conseil de Classe où l'on apprend que la Fédération des Métiers du Bâtiment est prête à embaucher des élèves de niveau BEP et, nous précise-t-on, sans discrimination aucune et le plus rapidement possible étant donné le manque criant de main d'oeuvre.
Il paraît même que ces difficultés de recrutement commencent aussi à se faire sentir dans les métiers de la Maintenance.
Je prends le train pour rentrer chez moi et à la gare, je tombe sur deux de mes anciens élèves d'un Lycée du Bâtiment justement :
- "Monsieur Houzeau ! On parlait justement de vous !"
Bref, petite conversation sur le thème du "Alors, ça-va-t-y ?" où j'apprends que ces deux élèves avaient obtenu leur BEP en juin et étaient maintenant inscrits en BAC PRO.
Mais le plus intéressant, c'est qu'ils me confièrent que de cette classe de Seconde Année de BEP, seuls quatre élèves avaient réussi l'examen de fin d'année.
Quatre ! Dans une section qui offre un emploi dès l'obtention du diplôme !
Pourquoi une telle faiblesse dans les résultats ?
La faute des professeurs ? Que nenni ! grâce aux efforts conjugués des Universités et de Philippe Meirieux, ils ne seront jamais autant qualifiés que maintenant !
Problème de recrutement d'élèves ? Effectivement, si les professeurs de Collège ne s'avisaient, pour des raisons idéologiques d'ailleurs, d'envoyer relativement systématiquement en Seconde Générale des élèves bons et moyens (encore que la notion de "bon élève" dans certains collèges peut prêter à sourire ! de plus, on a informatisé, - pour une gestion plus égalitaire des demandes d'inscription ! -, la machine à ventiler les dossiers ; ce que les hommes font, le robot orienteur le défait !), si donc, on ne cherchait pas d'abord à remplir les classes de Seconde Générale, les Lycées Professionnels pourraient recruter des élèves dont nous ferions d'excellents techniciens et nous pourrions ainsi répondre efficacement aux problèmes de main d'oeuvre qualifiée des entreprises !
Mais, vous me direz, dans cette section de BEP (des maçons, si je me souviens bien), vous aviez des élèves, certes très faibles en vertu de ce que vous venez d'expliquer, mais vous pouviez tout de même les amener à la réussite ?
Oui, nous pouvions... à condition que les programmes soient équilibrés et de les débarrasser des modules et autres ECJS (Enseignement Juridique et Social, - inutile et moralisateur !)) et autres PPCP (Projet Pluridisciplinaire A Caractère Professionnel, - vague fourre-tout qui coûte des sous -) et de ces heures d'histoire-géographie auxquelles nos élèves n'entravent que couic, non parce qu'ils sont bêtes mais tout simplement parce que cela ne les intéresse pas !( - j'ai quand même 13 ans d'expérience dans ce boulot, vous pouvez me croire donc -), de ces programmes trop ambitieux en français (franchement, vous croyez que ça va leur servir aux maçons de savoir la différence entre fantastique et merveilleux ou les caractéristiques d'une nouvelle réaliste ?) et cet anglais, qu'au bout de quatre ans, seuls quelques élèves des sections Commerce maîtrisent un peu tandis que les sections industrielles n'acceptent de suivre le cours que si le prof leur plaît. Sans parler des cours de Petits Mickeys (Arts Appliqués à la base, gribouillage et coloriage en réalité !) et des différents projets culturels plus ou moins coûteux et surtout complétement inutiles sauf à la carrière des Documentalistes, des Professeurs Pilotes des Projets et des Proviseurs dont on cause en réunion.
Où est l'Enseignement Professionnel dans tout ça ?
- Avec le prof d'atelier, à attendre les élèves !
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 mars 2006