REPONSE A PANT, EN LE REMERCIANT
Merci, Pant, pour votre commentaire avec lequel je suis parfaitement d'accord (cf l'article "Le Noeud du Problème" daté du 18 mars 2006 et le commentaire fort judicieux de Pant).
Je me permets de préciser que les idées exposées dans les articles que je consacre à l'Education Nationale font maintenant leur chemin dans l'esprit de beaucoup.
C'est un progrès car, il y a encore trois ou quatre ans, lorsque j'exposais mon point de vue à mes collègues, je me faisais régulièrement traiter de "facho" car, selon eux, je ne voulais rien moins que supprimer l'enseignement général des Lycées Professionnels et transformer les élèves en agents de production sans cervelle et sans esprit critique et donc, toujours selon eux, à en faire de futurs esclaves de la machine économique.
Tel, évidemment, n'est pas mon intention.
Ils sont maintenant moins agressifs à mon égard, les collègues, depuis qu'ils connaissent ce chiffre fatidique : en 2005, 23% des jeunes de moins de 26 ans sont demandeurs d'emploi ! L'échec des BEP est donc patent !
De plus, beaucoup constatent que, d'année en année, les taux d'absentéïsme des élèves de Lycée Professionnel (et même des professeurs !) augmentent ; autrement dit, les élèves votent avec leurs pieds et fuient un système qui ne leur est pas toujours profitable en terme de formation.
Enfin, si le recrutement des élèves de LP était meilleur (élèves disons "moyens" des classes de Troisième), nous pourrions sans doute maintenir un certain niveau d'enseignement général - et pourquoi pas ? - : faire du français "littéraire" (comme les inspecteurs nous le demandent, avec une certaine arrogance parfois, oubliant certainement que ce sont les professeurs qui font tourner la machine - et donc assurent leurs salaires -, et non eux !), de l'histoire-géographie, etc... : bref, une grande partie (mais pas tout ! virez les PPCP, les "Modules", l'ECJS, réformez l'enseignement des langues et n'obligez pas toutes les sections à suivre des cours d'Art Appliqué, dans le cas des Comptables ou des Mécaniciens Auto, c'est carrément gostesque !)une grande partie donc de ce que nous sommes censés faire aujourd'hui avec des élèves qui ont, pour la plupart d'entre eux, beaucoup de lacunes et aucune envie de refaire ce qu'ils ont déjà fait en collège.
En améliorant le recrutement des classes de Lycée Professionnel, nous pourrons effectivement répondre aux besoins du marché du travail et, en équilibrant Enseignement Professionnel et Enseignement Général, préparer des élèves à des diplômes supérieurs : Bac Professionnel, BTS,...
Que manque-t-il ?
Un véritable ministre de l'Education Nationale et cet abandon de cet esprit de soumission à la hiérarchie qui fait que les mesures les plus sottes sont appliquées par le Recteur obéissant au Ministère, puis par les Inspecteurs obéissant au Recteur, puis par les Chefs d'Etablissement et Mesdames et Messieurs les Professeurs obéissant qui au Recteur, qui à son Inspecteur. En privé, tout le monde conviendra de la sottise de la mesure mais tout le monde cependant la fera appliquer dans le souci de l'ordre administratif et l'obligation que chacun se donne de ne pas déplaire à son supérieur.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 mars 2006