ENTENDU A PROPOS DU CPE
ENTENDU A PROPOS DU CPE
Entendu à propos du CPE (Contrat Première Embauche) : "Le CPE, c'est la prime à la promotion canapé !". Effectivement, -et d'une manière générale -, on imagine facilement la pression de certains employeurs sur le petit nouveau ou la petite nouvelle. Ils pourront exiger beaucoup de cette chair fraîche, de ces jeunes gens de moins de 26 ans inexpérimentés et qui iront au turbin avec la grande appréhension, - sinon la trouille au ventre dans certains cas -, de ne pas voir se prolonger leur période d'essai.
Sur France 5, dans l'excellente émission Ripostes présentée par Serge Moati : deux ou trois réflexions intéressantes :
- Pour Jean-François Kahn, la crise qui secoue actuellement les Universités est l'exact contraire de Mai 68 car, il y avait alors un immense progrés social et un blocage sociétal alors qu'actuellement la liberté sociétale est immense mais que nous sommes dans une période de régression sociale.
Le même Jean-François Kahn a rappelé que les néo-libéraux n'ont de cesse de dénoncer les Trente Glorieuses comme étant, du point de vue économique "épouvantables" alors que l'actuel système néo-libéral à la française, - dont l'un des objectifs avoués est de "casser" la formidable puissance publique initiée par De Gaulle -, ne fonctionne pas (chômage, dette publique abyssale, crispations sociales,...). Il fait remarquer que lorsqu'on disait aux défenseurs des pays communistes que le socialisme, de toute évidence, ne fonctionnait pas, les communistes répondaient : "Cela ne marche pas car il n'y a pas assez de socialisme !". De même les néo-libéraux ont tendance à rejeter les difficultés présentes sur les autres (syndicats, politiques, fonctionnaires, enseignants,...) et à dire en substance que "ça ne va pas car il n'y a pas assez de libéralisme ".
Amusant et assez bien vu !
Roselyne Bachelot a rappelé que si, en 2005, les entreprises du CAC 40 (les 40 meilleures entreprises françaises) avaient réalisé 84 milliards d'euros de bénéfices, 75 % auraient été, selon elle, réalisés à l'étranger. Cela donne à réfléchir si les filiales rapportent plus que les maisons-mères.
Les petits gars, il va falloir sérieusement se mettre à l'anglais si vous voulez avoir du boulot.
Il faudra donc réformer sérieusement l'enseignement des langues étrangères. Depuis le temps que je le dis...
Jack Lang a rappelé qu'actuellement il existait une trentaine de type de contrats et qu'il est donc "absurde", "grotesque" (je le cite avec délectation) d'en rajouter un à cette masse de papiers dans laquelle on se perd aussi facilement que l'on peut perdre son emploi, ou son titre de transport, ou son fil à couper le beurre.
Il a en profité pour dire ce que tout le monde sait :" Notre formation permanente ne fonctionne pas bien." A mon avis, c'est un euphémisme ; elle est carrément à la dérive.
Tous les intervenants tombèrent d'accord que, depuis le milieu des années 80, la société française était rentrée dans une crise durable et que les jeunes en formation avaient été considérés comme une "variable d'ajustement". Autrement dit, on les inscrit à l'école, dans les Lycées et les Universités de manière à faire baisser artificiellement les chiffres du chômage.
Je rajouterai d'ailleurs que s'il y a de plus en plus d'étudiants issus des banlieues et des Bac Professionnels inscrits dans les Universités, ce n'est parce qu'ils sont particulièrement méritants, - pas plus que les autres et souvent avec des lacunes abyssales -, mais c'est parce qu'on les incite à s'y inscrire (des informations précises quant aux bourses et aux avantages de la formation universitaire sont données dans les classes de Terminale Bac Professionnel , ne me dites pas que ce n'est pas vrai, je travaille dans un LP !) : résultat de cette politique hypocrite (on sait qu'ils vont se planter mais on les y envoie quand même : des étudiants de première année qui rendent des copies sans contenu, - hormis les fautes d'orthographe -, et qui commencent à poser des problèmes de discipline ; eh oui, les amphis silencieux de 300 étudiants attentifs à la parole du Maître, c'est terminé ! En tout cas, en première année).
Le titre de l'émission Ripostes de ce jour, dimanche 19 mars 2006, était : "Dominique de Villepin survivra-t-il au CPE ?".
Personnellement, je pense, qu'à l'exemple d'Alain Juppé et de Raffarin, que la loi soit retirée ou pas, c'est pareil : l'électorat ne lui pardonnera pas d'avoir plongé la France dans une nouvelle période de troubles ; en particulier, une partie de l'électorat de droite qui doit se demander ce qu'il lui a pris, au Chef du Gouvernement, d'aller énerver comme ça étudiants et salariés à un an des élections présidentielles. Du coup, je pense que Dominique de Villepin a un très grand avenir de poète devant lui.
Mais il y a plus grave : il est possible que les troubles actuels ne profitent pas tant à la gauche qu'à l'extrême-droite qui compte les points dans l'ombre et sait que beaucoup de gens, déjà échaudés par les émeutes de novembre, vont avoir du mal à encaisser d'autres scènes de vitrines brisées, de magasins pillés, de voitures brûlées.
Je pense donc, en conclusion, qu'en n'abrogeant pas les dispositions législatives qui permettent la mise en place du CPE, Dominique de Villepin risque, à terme, de devenir, malgré lui, un pourvoyeur de voix extrémistes.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 mars 2006