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BLOG LITTERAIRE
26 mars 2006

AVANT LES GREVES DU MARDI 28 MARS 2006

AVANT LES GRÈVES DU MARDI 28 MARS 2006

Il y a quelques temps déjà, dans un article intitulé "Banlieues en flammes, lycées coupables", j'écrivais que si rien ne changeait dans les orientations actuelles des filières de formation professionnelle, il se pourrait bien que l'on assiste à une résurgence des errements de novembre 2005 (voitures incendiées, manifestations qui tournent à la casse, etc...) et que, cette fois-ci, l'éducation nationale pourrait en faire les frais.
Dominique de Villepin fut l'homme assez providentiel pour me donner raison.

A la Dunkerquerie et ses ouvriers tristes, je n'ai entendu parler toute cette semaine du 20 au 24 mars 2006 que de lycées bloqués, de vitrines brisées, d'abris de bus volant en éclats, d'incendies de poubelles, d'étudiants interpellés tandis que, chaque matin, les élèves votent avec leurs pieds et répugnent à suivre des cours qui, pour beaucoup d'entre eux, ne servent à rien.
Pendant ce temps-là, il paraîtrait que certains de nos lycéens professionnels actuellement en stage en entreprise n'ont rien d'autre à faire que de regarder les machines tourner puisque personne dans cette éducation nationale, - qui est une administration avant d'être un outil de formation -, n'a prévu que ces élèves puissent être formés et recevoir "l'habilitation" compatible avec les normes les plus récentes du monde industriel.
Les patrons sont déjà bien aimables de nous prendre des élèves en stage mais, en cas d'accident, l'élève n'étant pas "habilité", c'est l'entrepreneur qui sera déclaré responsable ; de plus, dans ce cas, les assurances refuseront de payer quoi que ce soit...
Mais tout va bien du moment que les prévisions annuelles de progression des taux de réussite aux examens sont respectées !
Pendant ce temps-là, j'apprends que des enseignants contractuels de talent ont renoncé au métier, déçus d'être ballottés d'un bout de l'académie à l'autre, avec des périodes de chômage, des promesses non tenues par certains, le mépris affiché par d'autres.
Mais tout va bien du moment que le nombre de bacheliers augmente et que les universités que l'on a installées un peu partout ces dix dernières années sont remplies d'étudiants alors que les filières professionnelles se vident ; tout va bien du moment que la nomenklatura pédagogique puisse se féliciter que "le niveau augmente" et qu'en conséquence, elle ne les a pas volées, les palmes de Monsieur Schultz !

Évidemment que le CPE villepinesque autant que grotesque n'est jamais que le révélateur d'un malaise plus profond dont les émeutes de novembre 2005 avaient déjà indiqué l'existence.
Et je regrette ces violences et vilenies où beaucoup de lycéens et d'étudiants, de commerçants et, d'une façon générale d'honnêtes gens, sont les victimes de ceux, qu'avec lucidité et franchise, Nicolas Zarkozy gratifiait naguère de "racaille".
Ne vous énervez pas car, si j'en crois certaines rumeurs, certains de ces "casseurs" travailleraient avec la police et certaines interpellations ne seraient que pure mascarade ! Mais là, évidemment, c'est à vérifier...

Quant au conservatisme dont fait preuve le Premier Ministre, c'est à mourir de rire ! Un libéral, Villepin ? Vous plaisantez ! Un véritable libéral aurait tout simplement laissé la libre appréciation de la durée de la période d'essai à chaque secteur d'activité, sans légiférer mais en demandant des négociations entre syndicats et patronats.
Et puis, à quoi servent donc les conventions collectives ?
Un véritable libéral ne se serait jamais laissé dicter sa conduite par son orgueil et aurait retiré son texte dès les premières manifestations de mécontentement !
Un véritable libéral sait que personne n'est irremplaçable ; seuls les conservateurs ont cette illusion d'être des gens exceptionnels.
Un véritable libéral aurait tout d'abord fait ce que tout le monde attend : une baisse significative de bon nombre de TVA, - attention, une à la fois bien sûr ; il faut tout vous apprendre, à vous ! -, une politique de baisse régulière des impôts et l'abandon de la tonte fiscale des ménages smicards : il n'y a pas besoin de loi ni de 49.3 pour cela ou alors c'est que sommes bien prêts de retomber dans les errances d'une IVème République impuissante et procédurière et si tel est le cas, il faut donc réagir très vite avant que l'extrême-droite ne puisse recueillir les fruits de sa longue patience et d'avoir maintes fois, à sa façon, tiré la sonnette d'alarme.
Enfin, - et j'insiste ! -, un véritable libéral n'aurait jamais songé à une telle loi, considérant que l'estimation de la durée de la période d'essai ne relève que de l'entreprise seule et non du gouvernement qui doit éviter
soigneusement de se substituer à la volonté générale dans des affaires qui concernent l'ensemble de la nation. Les Anglo-Saxons doivent être sidérés qu'avec des taux de chômage pas vraiment flatteurs pour notre "patriotisme économique" (expression villepinesque), - 23 % des jeunes de moins de 26 ans au chômage, 40 % dans certains quartiers -, nous perdions du temps à discuter de lois qui ne servent qu'à gérer des problèmes de flux tendu et à supporter les états d'âme d'un Premier Ministre qui semble vouloir à toute fin laisser une trace dans l'histoire du pays.
Mais la France, que voulez-vous, est une nation de poètes tous persuadés d'incarner la lumière du monde.

Pendant ce temps-là en Chine, au Japon, en Inde, aux Etats-Unis, on prépare notre avenir, certes sans loi ni papier timbré mais avec l'efficacité des richesses produites et des bénéfices dégagés.

Patrice Houzeau
La Dunkerquerie et ses élèves absents,
semaine du 20 au 24 mars 2006

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Commentaires
R
Il y a évidemment des casseurs en cheville avec la police! Ou du moins certains services, pas forcément oficiels... Et en novembre, c'était déjà le cas! LEs flics ne sont pas si cons: ça sert à provoquer, et si ça tourne autrement, ça balance! Du cogneur à l'indic, la boucle est bouclée...<br /> <br /> Quant à la "racaille", n'oublions pas que, dansles banlieues, certains services secrets du Moyen Orient... C'est bien de connaître des flics proches de la retraite! On en apprend des choses avec des fonctionnaires désabusés! <br /> <br /> On en apprend autant avec un employé de banque dans la même cas, qui, sans dévoiler le secret professionnel, évoque certains mouvements de fond, discrets et qui ne tombrent pas sous les coup de la loi. Mais qui se produisent à certaine moments, dans les agences proches des banlieues! Ce ne sont pas forcément des sommes énormes: le fric de la drogue s'en va ailleurs... MAis les circuits sont connus et la police ne s'en occupe gère.. Hé oui!
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