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BLOG LITTERAIRE
15 avril 2006

SUJET DE BEP BLANC SUR LA POESIE

SUJET (inédit s'il vous plaît !) DE BEP BLANC SUR LA POÉSIE

Tandis que d'illustres et très palmées Cornes d'Aurochs administratives perdent leur temps et l'argent des contribuables à pondre des rapports aussi inutiles que prétentieux, je mets à la disposition de mes collègues un sujet de BEP blanc, par mes soins concocté, et qui peut rendre service à l'occasion.

ÉPREUVE DE BEP    FRANÇAIS

THÈME : LA POÉSIE

Document 1 : Victor Hugo, Vieille chanson du jeune temps (Les Contemplations)

VIEILLE CHANSON DU JEUNE TEMPS

Je ne songeais pas à Rose ;
Rose au bois vint avec moi ;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.

J'étais froid comme les marbres ;
Je marchais à pas distraits ;
Je parlais des fleurs, des arbres ;
Son oeil semblait dire : Après ?

La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols ;
J'allais ; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.

Moi, seize ans, et l'air morose.
Elle vingt ; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose
Et les merles me sifflaient.

Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches ;
Je ne vis pas son bras blanc.

Une eau courait, fraîche et creuse,
Sur les mousses de velours ;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.

Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure ;
Je ne vis pas son pied nu.

Je ne savais que lui dire ;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.

Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
- Soit ; n'y pensons plus ! dit-elle.
Depuis, j'y pense toujours.

                                                   Autrefois. Paris, juin 1831.

Document 2 : Verlaine, Colloque sentimental

COLLOQUE SENTIMENTAL

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.

- Te souvient-il de notre extase ancienne ?
- Pourquoi voulez-vous qu'il m'en souvienne ?

- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? - Non.

- Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.

- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

    (Paul Verlaine, Fêtes galantes)

Document 3 : Apollinaire, L'Adieu

L'ADIEU

J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t-en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends

    (Guillaume Apollinaire, Alcools)

COMPÉTENCES DE LECTURE (10 points)

1) Quelle est la nature de ces trois documents ? Trois caractéristiques différentes sont nécessaires pour répondre à cette question. (1,5 point)
2) Quelles remarques pouvez-vous faire au sujet des systèmes de rimes employés dans ces trois documents ? (1,5 point)
3) Quel vous semble être le thème commun à ces trois documents ? Vous justifierez votre réponse en évoquant chacun des textes et en en citant au besoin quelques vers qui vous serviront d'exemples. (2 points)
4) Dans le texte de Victor Hugo (cf doc 1), en quoi les deux derniers vers ("Soit ; n'y pensons plus ! dit-elle. / Depuis, j'y pense toujours") peuvent-ils être considérés comme étant à la fois amusants et mélancoliques ? (2 points)
5) Comment pourriez-vous caractériser la tonalité de chacun de ces trois textes ? Vous répondrez en justifiant votre réponse par des citations que vous commenterez. (2 points)
6) Comment expliquez-vous l'absence de ponctuation dans le poème d'Apollinaire (cf doc 3) ? (1 point)

COMPÉTENCES D'ÉCRITURE (8 points)

Comme le narrateur du poème de Victor Hugo, Vieille chanson du jeune temps, vous avez sans doute déjà éprouvé - ou éprouvez-vous encore - des regrets.
En une trentaine de lignes (25 minimum), pourriez-vous rappeler les circonstances qui vous ont amené à avoir des regrets puis vous évoquerez les différentes manières dont vous avez éprouvé ces regrets (inquiétude, remords, sentiment de culpabilité, nostalgie, mélancolie,...) et éventuellement la manière dont ces regrets ont perdu de leur intensité ou même disparu.
Si vous n'avez jamais de regrets, il ne vous est évidemment pas interdit d'inventer.
Toutes les tonalités sont possibles, de la comique et désinvolte à la plus grave si vous désirez évoquer, par exemple, quelqu'un que vous aimiez beaucoup et qui a disparu.

Bien entendu, les correcteurs seront attentifs à la présentation du devoir, ainsi qu'à la lisibilité des réponses qui devront être présentées sous forme de phrases complètes. Deux points seront accordés à cet effort de votre part.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 15 avril 2006


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Commentaires
R
L'HALEINE SOLAIRE<br /> <br /> Je déteste le soleil épais, pesant, éblouissant des beaux jours. <br /> <br /> Les pluies en mai m'enchantent, étrangement. Un ciel couvert de nuages peut réveiller en moi les ardeurs les plus molles mais les plus authentiques. La vie, la vie poétique, cotonneuse, indolente, je la sens sous l'onde de mai, qu'elle prenne la forme de crachin tiède ou de grand voile humide. Mes humeurs s'affolent avec une exquise lenteur lorsque entrent en scène les particules d'eau qui virevoltent dans les airs, s'immiscent sur les toits, humectent les feuilles. Sur la ville la pluie vernale apporte une fraîcheur aqueuse pleine de l'odeur des champs. L'atmosphère est ralentie, trouble, chargée de réminiscences.<br /> <br /> J'aime ne voir au-dessus de ma tête qu'un immense manteau d'une blancheur uniforme. <br /> <br /> En juin le ciel entièrement couvert me donne une sensation d'éternité, de profondeur, mais aussi d'infinie légèreté. Les aubes de juin sans soleil me ravissent. A la lumière crue et directe de l'été je préfère la clarté douce et diffuse que filtre une barrière de brumes blanches.<br /> <br /> En juillet je n'espère que l'éclat nivéen d'une lumière d'avril. Certains jours du mois estival la nue ne laisse passer aucun rayon, alors les champs de blé deviennent pâles comme si la Terre était devenue la Lune. <br /> <br /> Août, je le préfère sous un vent doux et serein plutôt qu'embrasé par des tempêtes de lumière. Là, le monde m'apparaît sous son vrai jour : sans les artifices et superficialités communément inspirés par l'astre. <br /> <br /> L'alchimie nuageuse provoque en moi un mystère de bien-être qui m'emporte loin en direction des espaces nébuleux, haut vers l'écume céleste.<br /> <br /> Entre genèse des étoiles et éveil du bourgeon.<br /> <br /> VICTOR HUGO
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