Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
20 avril 2006

Passant près d'un chantier, Arthur.

PASSANT PRES D'UN CHANTIER, ARTHUR.
Notes sur Bonne Pensée du Matin d'Arthur Rimbaud.

Le titre a un arrière-goût de prose religieuse, d'article de feuille paroissiale, le genre de choses qui devait faire ricaner Arthur Rimbaud quand il allait à l'Eglise admirer les ouailles et en tirer des conclusions qui furent, on le sait, définitives jusqu'au désert.

A quatre heures du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore.

Nous voilà d'ailleurs rassurés : très laïc, le poème. L'aube d'été, "quatre heures du matin", heure que le très décalé Rimbaud devait apprécier. Né dans les ombres grises et bleues des Ardennes, ça devait le fasciner, ce ciel clair d'été, cette pureté de l'aube, ce jour très tôt du Sud.
Le poème est ainsi daté de mai 1872. La clarté du ciel sans doute éclaire la langue, les intentions. Aussi, les poèmes de 1872 se veulent plus aériens, d'une prosodie plus légère et désinvolte que les travaux de 1870-71. Cela est très clair : à quatre heures du matin, en été, les gens qui ont fait l'amour dorment encore.
D'ailleurs, ils ont fait la fête itou, la veille et :

Sous les bosquets l'aube évapore
            L'odeur du soir fêté.

Cependant, il n'y a pas que le plaisir dans la vie :

Mais là-bas dans l'immense chantier
Vers le soleil des Hesperides
En bras de chemise, les charpentiers
            Déjà s'agitent.

La conjonction oppose ainsi deux zones : celle du plaisir pris et du sommeil à celle de "l'immense chantier". J'ai toujours pensé que, tout simplement, Rimbaud avait dû, à un moment de sa vie, avoir eu honte de son oisiveté,  de son état de semi-clochard. Il a fait ce que beaucoup font dans ce cas-là : il s'est fait oublier et est parti refaire sa vie ailleurs. Dès 1872, je pense, l'idée de se mettre sérieusement "au travail" mûrit dans son esprit. La poésie doit commencer à lui sembler alors une occupation assez idiote, une sotte vanité, un passe-temps d'adolescent complaisant.
Dans L'éclair (cf Une Saison en Enfer) : "Le travail humain ! c'est l'explosion qui éclaire mon abîme de temps en temps."
Dans Mauvais Sang : "La main à plume vaut la main à charrue" écrit-il (cf Une Saison en Enfer). Et même s'il prétend :"J'ai horreur de tous les métiers", on peut voir dans cette affirmation péremptoire une proposition d'orgueil. En fait, une fois la poésie envoyée au Diable, Rimbaud ne cessera plus de chercher du travail et de travailler.
Du coup, "le chantier" prend une dimension quasi-mythique. Il est "immense" et placé sous "le soleil des Hespérides", les "filles du couchant" et leurs pommes d'or qu'un autre "travailleur", Hercule, dut conquérir.
Si l'on dort d'avoir baisé, les ouvriers-artisans ailleurs "s'agitent" sur les chantiers. Le mot "charpentiers" peut, si l'on veut, faire écho à la naïveté feinte du titre "Bonne pensée du matin" puisque, n'est-ce pas, Joseph, le père de Jésus, était charpentier.

Dans leur désert de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la richesse de la ville
           Rira sous de faux cieux.

Mais il n'est pas question du "Ciel" des croyants mais des "faux cieux" des plafonds. Un miracle cependant : du désert naîtra une ville, dans un "désert de mousse" apparaîtront "lambris précieux" et "richesse". Cette strophe a dû ravir les théoriciens du capitalisme triomphant en cette fin de XIXème siècle ; enfin pour ceux qui l'ont lue car Rimbaud ne passe pas particulièrement pour un auteur libéral. On le classe parfois "à gauche", ce qui m'a toujours fait sourire. Je pense, - et c'est tout à fait subjectif -, que Rimbaud était un fieffé voyou, un voyou de génie certes mais un voyou tout de même : un anarchiste de droite si l'on veut ; une quasi-canaille, c'est à peu près certain.

Bon, jusqu'ici, rien de difficile :

          Ah ! pour ces Ouvriers charmants
          Sujets d'un roi de Babylone,
          Venus ! laisse un peu les Amants
               Dont l'âme est en couronne.

Mais cette avant-dernière strophe est plus hermétique. Paraîtrait, d'après l'édition de Louis Forestier (Folio classique, Notes, p. 303) que l'on pourrait rapprocher ces vers d'une chanson paillarde (Le Plaisir des Dieux) et y voir, à l'instar d'Antoine Fongaro, une "sodomisation en chaîne" (?).
J'ai cherché sur le Web et j'ai trouvé la chanson paillarde qui aurait inspiré Rimbaud. On y peut lire effectivement ceci, (excusez-moi, c'est très vulgaire !) :

Pour Jupiter, façon vraiment divine,
Le con lui pue, il aime le goudron;
D'un moule à merde, il fait un moule à pine
Et bat le beurre au milieu de l'étron,
Cette façon est cruellement bonne
Pour terminer un gueuleton joyeux:
Après l' dessert, on s'encule en couronne,
Enculons-nous, c'est le plaisir des dieux. (bis)
     (Le Plaisir des Dieux, quatrième couplet)

Rimbaud, qui lui-même publia des grossiéretés rimées dans une parution collective du nom d'Album Zutique, connaissait peut-être cette chanson comme semble l'attester l'utilisation de l'expression "en couronne" mais à mon avis, il s'agit plus d'une réminiscence que d'une volonté d'évoquer l'enculade collective.
Il n'en est pas moins vrai que la strophe a des allures de couplet d'opéra-bouffe et semble rapprocher "Ouvriers charmants" et "Amants" - bien que le parolier demande à Vénus, la déesse des amours, de "laisser" les Amants endormis pour les "Ouvriers charmants" - mais, à première lecture, ce n'est pas si évident d'y lire une allusion à l'homosexualité. A moins tout simplement que l'Arthur rôdant ait repéré un jeune homme qui lui plut. La strophe est en tout cas désinvolte  comme une chanson sifflotée. Le dernier quatrain est d'ailleurs du même genre :

          Ô Reine des Bergers ;
        Porte aux travailleurs l'eau-de-vie
        Pour que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer, à midi.

Ici, par contre, on peut lire la strophe au premier degré : les ouvriers picolent tout simplement,  se reposent et prennent un bain. C'est volontairement que je dis les choses aussi simplement que je les lis. Ceci dit, ce n'est pas si simple. Qu'est-ce que cette "Reine des Bergers" ? Là aussi, cela vous a des airs de ces chansons "d'opéras vieux", de "refrains niais", de "rythmes naïfs" que le narrateur de la Saison prétend affectionner (cf Délires II, Alchimie du verbe, Une Saison en Enfer).

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 20 avril 2006

Publicité
Publicité
Commentaires
R
J’aime côtoyer les minables. <br /> <br /> En considérant mes semblables plus petits que moi, je suis rassuré, convaincu de n’être pas comme eux. Je me sens grandi face à la fange. Je tire gloire de n’appartenir pas à la société des gens que je méprise. Vous savez, je veux parler de tous ceux qui ne sont pas comme moi... Différents par le bas. <br /> <br /> J’aime me frotter à la gent roturière. Devant la racaille, je fais bonne figure pour lui plaire. Je lui souris aimablement. Face aux gens de peu, je joue le gentil aristocrate pas fier de sa particule, pas arrogant, pas hautain pour un sou et plutôt préoccupé par le bien-être matériel des petits citoyens de leur condition. J’accepte sans rechigner leurs breuvages, je bois sans faire la grimace les coupes qu’ils me tendent, allant jusqu’à les féliciter d’avoir si bon goût dans le choix de leurs liqueurs, de leurs nappes en plastique, de leurs rideaux hideux... Je fais des heureux lorsque je passe le seuil des maisons des minables. Chez eux, on se rappelle longtemps de mes sourires mielleux, de mes bons mots pleins d’amabilité. <br /> <br /> Mais par derrière... Par derrière je raille sans retenue cette espèce honnie, crachant comme un dragon sur la populace, mettant en avant plus que de raison ma particule pour mieux fustiger cette engeance, brandissant mon mouchoir rouge comme un étendard, considérant ma fortune, ma plume et mon épée comme les remparts absolus contre cette gueusaille ! <br /> <br /> Mes amis, qu’il est doux de pouvoir à son aise médire par derrière sur les minables... Qu’il est bon d’être libre, "particulé", grand, brillant quand on a l’exemple quotidien près de chez soi de si peu de choses ! <br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra<br /> raphael.de-izarra@wanadoo.fr
R
Je vous soumets quelques neuf textes déplaisants mais sincères pour tenir tête aux sots érudits qui assènent leurs brumeuses vérités aux placides auditoires qui sans broncher daignent les entendre.<br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra<br /> <br /> =======<br /> <br /> 1 - PARCE QUE JE NE SUIS PAS UN DE CES MOUTONS DE LA CULTURE QUI MACHENT SOTTEMENT LE FOIN QU'ON LEUR SERT<br /> <br /> De nos jours Rimbaud passerait à juste titre pour un délinquant drogué, pour un asocial peu recommandable, pour un dangereux hors-la-loi et surtout pour un très odieux trafiquant d'armes, un charognard des guerres. <br /> <br /> Imaginez le plus adulé de nos écrivains contemporains imiter ce bandit de Rimbaud... Sa carrière serait brisée. Alors pourquoi cette légende à propos de cet infâme dont nul ne comprend certains vers hermétiques mais feint de se pâmer en les lisant ? Justement, Rimbaud est surtout une légende. <br /> <br /> Rien de plus.<br /> <br /> Je propose une série de textes éclairants et argumentés sur la plus grande mystification littéraire du XXième siècle. <br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra<br /> <br /> =======<br /> <br /> 2 - LE MYTHE "RIMBALESQUE"<br /> <br /> Je comprends parfaitement que l'on tente de m'initier aux subtilités élevées de la poésie rimbaldienne. Seulement je n'y adhère pas, trop méfiant que je suis envers les imposteurs de la lyre qui sous prétexte d'avant-gardisme nous pondent de gros cocos complètement vides.<br /> <br /> Nul ne me fera croire que les âmes tombant en pâmoison devant les vers "illuminés" de Rimbaud ne sont pas victimes d'une auto-suggestion née d'un insidieux conditionnement scolaire, chose qui n'a rien à voir avec l'émoi littéraire véritable... <br /> <br /> L'on décrète à l'école que Rimbaud est un génie et que les "rebelles" dignes de ce nom se doivent d'adopter inconditionnellement le poète maudit pour pouvoir prétendre à la "révolte" et être pris au sérieux sous le ciel des rimeurs. L'on suggère que pour passer pour un fin lettré, un idéaliste, une âme éprise de je ne sais quelles "foutaiseuses" hauteurs, il faut admirer Rimbaud, que la chose se fait depuis plus d'un siècle, que les plus beaux esprits se sont inclinés devant Rimbaud et que railler ses vers qu'un tapage séculaire a fini par consacrer au panthéon des demi-dieux versificateurs relèverait du crime de lèse-poète...<br /> <br /> C'est que, voyez-vous, je n'ai pas pour habitude de bêler avec le troupeau des initiés. Le messie de cette espèce de secte littéraire fût-il Monsieur Rimbaud.<br /> <br /> Je préfère encore passer pour un imbécile solitaire, héroïque dans mon hérésie, plutôt que paître tel un ruminant à la solde de Rimbaud dans les grasses contrées de la poésie dispensée en granulés. Me distinguer de la sorte plutôt que me fondre dans la foule d'admirateurs anonymes, trompeter seul au fond des bois plutôt que joindre mes bêlements à ceux de l'étable, voilà ce qui sied au bel esprit que je suis.<br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra<br /> <br /> =======<br /> <br /> 3 - RIMBAUDERIES<br /> <br /> Entrons dans le texte, à vif. Face à vous mes chers adversaires je veux bien admettre mes torts éventuels, ma prétendue insensibilité, mon hérésie supposée, mais alors chers détracteurs répondez-moi avec clarté, sans vous défiler derrière un langage abscons : je vous soumets les vers que j'estime les plus ridicules -à ma connaissance- de Rimbaud. <br /> <br /> "Je fis un voeu : mes ailes d'Empyrée toutes trouées<br /> Ma fiole couverte de l'or des horizons funestes<br /> Et célestes me mirent de glace en échos nets<br /> Je vis un feu où se regardait l'oiseau des rouées."<br /> (Rimbaud)<br /> <br /> Dites-moi ce qu'ils vous inspirent. Persuadez-moi de leur prix.<br /> <br /> Si vous ne les jugez pas sots ces vers, c'est que pour vous tout ce qui est pondu par Rimbaud vaut parole d'Evangile. Ce qui serait une attitude parfaitement imbécile, n'est-ce pas ? Aussi j'attends des beaux esprits qu'ils dénoncent l'ineptie lorsque cela est justifié. Or il serait justifié que vous crachiez précisément sur ces vers de Rimbaud car moi je les trouve mauvais. <br /> <br /> Et si vous les jugez ridicules ces vers, alors dites-le, mais dites-le avec verve, panache, véhémence et non à demi mots comme le font les lâches admirateurs de leurs "chers maîtres", ainsi que des petits toutous aliénés à la cause d'un seigneur qui les enchaîne.<br /> <br /> A ceux qui après avoir pris contact avec moi (raphael.de-izarra@wanadoo.fr) seront prêts à relever le défi : toute dérobade de votre part signifiera que je serai sorti vainqueur de cette polémique. Passez l'épreuve de ces quatre vers (la seule flèche qui vaille au milieu des gesticulations et conceptions théoriques sans portées). C'est au pied du mur que l'on démasque les imposteurs. Fi ! des beaux discours, mettez-vous à l'oeuvre sans tarder ! Défendez avec rage et éclat la cause qui vous est chère, je vous attends !<br /> <br /> Je serais curieux de voir les effets qu'ont sur mes contradicteurs ces rimes que j'ose qualifier de grotesques. Car il faut oser, plutôt que sottement subir. Oser contredire l'autorité, même l'autorité poétique. C'est que je ne m'aliène pas si aisément à des auteurs, aussi prestigieux soient-ils. <br /> <br /> Sur ces rimes que je vous ai jointes, seuls vos éventuels avis trancheront. Toute pirouette émise pour contourner l'épreuve en dira long sur le vide que vous inspirent ces vers... Que trouvez-vous d'estimable dans ces vers grotesques et incompréhensibles de Rimbaud ? Courageux détracteurs, je vous laisse la parole (raphael.de-izarra@wanadoo.fr).<br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra<br /> <br /> =======<br /> <br /> 4 - RIMBAUD, CE RIGOLO<br /> <br /> Osons désacraliser le "Bateau Ivre", et "Une saison en Enfer" de ce plaisantin de Rimbaud. A part ses traffics d'armes et autres méfaits crapuleux, de quoi peut-il se targuer ce rimailleur plein de sempiternelles "hideurs", les poches pleines de trous ? Je lui trouve le haillon un peu trop facile à ce joli. Sa semelle est bien trop usée pour être honnête. <br /> <br /> Dehors les imposteurs de la poésie avec leur charabia poétisant, avec leurs émois mesquins de morveux attardés ! Un bon poète est un poète qui sait se mettre à la portée des gens SIMPLES et SENSES comme moi. <br /> <br /> Je n'entends rien au "Bateau Ivre". Ca n'est pas moi qui suis un mauvais lecteur, c'est Rimbaud qui est un imbécile. <br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra<br /> <br /> =======<br /> <br /> 5 - L'IMPOSTURE CHEZ RIMBAUD<br /> <br /> Il est arrivé à Rimbaud de composer des poèmes de choix, je ne le nie pas un instant. <br /> <br /> Mais que dire, pour prendre un exemple célèbre, du «Bateau ivre» ? Qu'ont bien pu inventer les exégètes pour donner du prix à ce charabia ? Par quels chemins tortueux ces parfaits érudits sont-ils passés pour réussir le tour de force d'étaler et de vendre sans complexe, et au prix fort, leur science quant à la valeur de ce baratin versifié ? Comment peuvent-ils faire illusion aussi longtemps sans faire naître une saine, salutaire suspicion ? Pour moi cette oeuvre est tout simplement digne d'un canular de potache. <br /> <br /> Il est vrai que l'ancienneté de l'oeuvre, le prestige de son auteur, son particulier retentissement dans les couloirs des lycées (contribuant ainsi à en faire une espèce de légende calibrée répondant parfaitement aux goûts du siècle, surtout chez les pubères émotifs un peu fragiles) lui confèrent un cachet poétique qui trompe tout le monde. <br /> <br /> Les «connaisseurs» admirent le "Bateau ivre", qu'ils soient simples ignorants ou bien éminents docteurs en lettres. Dans les deux cas nous avons toujours affaire à des imbéciles victimes du tapage culturel ambiant. <br /> <br /> Osons désacraliser ces mythes nés de la bêtise intellectuelle qui polluent notre jugement, notre sens critique, conditionnent notre pensée vers le bas et amoindrissent nos défenses mentales. Osons dire que le «Bateau ivre», c'est tout simplement un bel exemple d'âneries portées au rang de légende universelle. <br /> <br /> J'ose affirmer que le «Bateau ivre» ne serait qu'une grossière mais efficace plaisanterie de Rimbaud. Au plus ces vers ne seraient que des banales élucubrations, des divagations égocentriques, des masturbations d'un auteur en mal de mal-être. Il était à la mode à l'époque de Rimbaud de jouer les poètes maudits et incompris, à la pensée éthérée, hermétique (en un autre temps pas si éloigné de Rimbaud, il était de bon ton pour les marquises et les dames du monde d'avoir des "vapeurs "). Le «Bateau ivre» n'est que le Veau d'Or de la poésie : une incommensurable hérésie. <br /> <br /> Le triomphe de la vérité est parfois au prix de quelque apparent sacrilège. J'ose lever le voile sur le «mystère Rimbaud», quitte à vous déplaire un instant en vous montrant le visage de hideur qui se dissimule sous une imposture longue de plus d'un siècle. <br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra<br /> <br /> =======<br /> <br /> 6 - LA LEGENDE RIMBAUD EN QUESTION<br /> <br /> A propos du "Bateau Ivre", remplacez donc les termes "criards" et "Peaux-Rouges" par n'importe quels autres termes un tant soit peu pittoresques, et vous obtiendrez les mêmes réactions admiratives et béates chez les lecteurs dénués de sens critique. Et les mêmes explications savantes des grands docteurs en littérature. La tête couverte d'un beau chapeau, le coeur léger et la plume lourde, Rimbaud pouvait tout à sa guise semer de glorieuses sornettes au vent de la Littérature : pourvu que son nom soit apposé au bas de ses oeuvres, elles feront toujours l'objet d'études universitaires prétentieuses et stériles. En ce domaine Rimbaud est promis un bel avenir, n'en doutons pas. <br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra<br /> <br /> =======<br /> <br /> 7 - RIMBAUD A L'EXAMEN<br /> <br /> (Critique argumentée de la présentation par Jacques Rivière et Verlaine des "ILLUMINATIONS" de RIMBAUD ou procès des exégètes rimbaldiens.)<br /> <br /> Voici ce qu'un spécialiste de RIMBAUD a pondu sur ce plaisantin de Charleville, discours applicable à n'importe quel texte "charabiatisant" :<br /> <br /> "Ces poèmes sont complètement dépourvus d'égards, c'est à dire qu'en aucun point ils ne s'inclinent, ils ne se dérangent vers nous. Aucun effort pour faire passer dans notre esprit les spectacles qu'ils recèlent ; ils sont écrits au mépris de toute sociabilité ; ils sont le contraire même de la conversation. On y sent quelque chose de fidèle à on ne sait quoi. Ce sont des témoins. Ils sont disposés comme des bornes qui auraient servi à quelque repérage astronomique. Il faut prendre le petit livre des Illuminations comme un carnet échappé de la poche d'un savant et qu'on trouverait plein de notations mystérieuses sur un ordre de phénomènes inconnus. Nous n'étions pas là. Nous passons par hasard. Nous ramassons ces reliques inestimables qui ne nous étaient pas destinées."<br /> (Jacques Rivière)<br /> <br /> Il suffit qu'un recueil de baragouinages soit signé "RIMBAUD" pour que d'éminents spécialistes se persuadent de sa très haute valeur littéraire. L'auto-suggestion fonctionne à merveille. N'ayant rien à dire sur le fond, ils rédigent d'élogieuses pirouettes contribuant à donner encore plus de lustre aux "pages immortelles" qui décidément, ne les inspirent pas plus que ça... Au vide rimbaldien ils répondent par le vide de l'exégète. Remarquons que l'auteur Jacques Rivière s'en sort ici assez grossièrement. Il ne dit rien, n'éclaire pas, ne sait rien lui-même sur le texte de Rimbaud. Il se contente de justifier les vers rimbaldiens par des phrases oiseuses qui en disent long sur son habileté à retourner les situations les plus improbables. Ou l'art d'interpréter un texte absurde pour en faire un phénomène littéraire... Admirons ce déploiement de vent au sujet de Rimbaud.<br /> <br /> Verlaine quant à lui n'est pas plus inspiré, cautionnant la sottise de son ami en ces mots immortels :<br /> <br /> Le mot Illuminations est anglais et veut dire gravures coloriées, - colored plates : c'est même le sous-titre que M. Rimbaud avait donné à son manuscrit. Comme on va voir, celui-ci se compose de courtes pièces, prose exquise ou vers délicieusement faux exprès. D'idée principale il n'y en a ou du moins nous n'y en trouvons pas. De la joie évidente d'être un grand poète, tels paysages féeriques, d'adorables vagues amours esquissées et la plus haute ambition (arrivée) de style : tel est le résumé que nous croyons pouvoir oser donner de l'ouvrage ci-après. Au lecteur d'admirer en détail.<br /> (Verlaine)<br /> <br /> On n'en saura pas plus. Verlaine nous demande de lire, d'admirer... Certes. Suivre ce sage conseil suffira-t-il pour emporter l'adhésion des beaux esprits ? Je rétorquerai à Monsieur Verlaine qu'il ne suffit pas de nous proposer d'admirer, encore faut-il que nous les recevions en plein coeur ces fameux mots rimbaldiens, et non pas que nous les adoptions sottement les yeux fermés, ébranlés que nous serions par tant de subtilités poétiques, insaisissables pour les non initiés... Comment un auteur comme Verlaine peut-il se fourvoyer à ce point, se ridiculiser de la sorte, s'exposer avec une telle légèreté au jugement des générations futures de plus en plus aptes à la critique ? Votre statut de grand poète ne vous garantit pas de vos propres âneries, Monsieur Verlaine !<br /> Notons le trouble de Verlaine quand, prudent dans la sottise, il précise : "tel est le résumé que nous croyons pouvoir oser donner de l'ouvrage ci-après". Il se ménage tout de même une commode issue. On ne sait jamais, des fois qu'on se serait trompé sur ce prétendu génie nommé Rimbaud... Sot mais avisé, Verlaine !<br /> <br /> Ces deux exemples pris au hasard suffiront-ils pour commencer à semer le doute chez mes détracteurs quant à la vanité des textes sibyllins du sieur Rimbaud ? La mauvaise foi il est vrai aveugle plus durablement les faux envoûtés amoureux des arabesques verbales de Rimbaud que la vérité qui, se révélant dans un seul éclair, éblouit les vrais initiés une seule seconde, ce qui a le don de leur redonner la vue pour la vie entière... <br /> <br /> C'est que l'illumination, la vraie, est fugitive. Et la bêtise profonde comme les puits d'ignorance.<br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra<br /> <br /> =======<br /> <br /> 8 - RIMBAUD DEREGLE<br /> <br /> Penchons-nous sur la fameuse et fumeuse phrase de Rimbaud :<br /> <br /> "Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens."<br /> <br /> Moi je prétends que le poète ne voit bien qu'avec le bec ténu de sa plume et surtout avec la folle maîtrise de tous ses sens dirigés vers les hauteurs accessibles à ses semblables. Un poète qui se fait passer pour un mage n'est plus un poète mais un maladroit augure. Le vrai chantre des couleurs et des profondeurs n'a pas la semelle planant dans les nues mais les pieds sur terre en compagnie de ses frères humains aux mains calleuses. Celui qui se réclame de Rimbaud n'est qu'un singe à la grimace usée, un gugusse au numéro éculé, un gros pigeon déplumé.<br /> <br /> Je défie quiconque de décrocher les astres en naviguant sur quelque "Bateau ivre" ou en traversant je ne sais quelle inepte "Saison en enfer". J'invite au contraire les beaux esprits et bonnes volontés poétiques à cheminer sur mes pas à la rencontre des chants cosmiques. Ne pas dévier des rails qui mènent à la sérénité olympienne, voilà mon credo. La Poésie est harmonie, paix, éclat et non chaos, ténèbres, effroi.<br /> <br /> Les disciples de Rimbaud sont de sots laudateurs qui voient des mirages dans les fumées de l'aube, des fantômes en plein midi et des chimères dans les vapeurs du soir, trompés par le "grand mousse de Charleville" se prenant les pieds dans les voiles de son radeau voguant nul ne sait-où...<br /> <br /> Cessez de feindre les érudits touchés par la grâce rimbaldienne, vous les fats admirateurs pleins de vagues émois car en vérité je vous le dis, le vrai génie est dans l'éclat de la simplicité.<br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra<br /> <br /> =======<br /> <br /> 9 - L'IMPOSTURE DE L'AUTORITE<br /> <br /> Ceux qui parmi vous se laissent impressionner par les morts, par les magiciens ou par les poètes ne sont que des sots. Certes, j'admire et apprécie à leur exacte valeur les oeuvres de Hugo, de Chopin, de Bach... Cependant je ne m'aliène pas à ces auteurs. Les imposteurs sont partout, qui cherchent à se faire passer pour des petits dieux.<br /> <br /> Les étoiles n'ont aucun droit sur ma destinée individuelle, pas plus que les vermisseaux. Ni les Einstein ni les Mozart n'ont à faire la loi chez moi : ils n'ont aucun privilège de plus que le premier venu. Le génie des autres ne leur confère nullement d'autorité sur ma personne. Les talents inédits de mes semblables ne m'ôtent pas le moindre droit d'être ce que je suis. Par exemple, ici je destitue la beauté pour faire triompher la laideur. Ailleurs je restaure cette beauté déchue pour vouer la laideur, hier tant admirée, à la géhenne : là est mon inaliénable, glorieuse liberté. Faites de même et comme moi raillez sans vergogne vos plus chers maîtres, et vous deviendrez des oiseaux d'envergure.<br /> <br /> Je crache irrespectueusement sur la barbe de Homère, je tourne en dérision le couronnement des têtes pleines de majesté et je place sur le trône le dernier des mohicans, et puis je ridiculise encore les chanteurs d'opéra... Les imposteurs sans cesse tentent leurs viles séductions sur les foules. Les poètes sont des imposteurs, les artistes sont des imposteurs, les grands hommes sont des imposteurs, les camionneurs sont des imposteurs. Les imposteurs sont partout. Osez penser par vous-mêmes. Bâtissez vous-mêmes vos propres cathédrales et cessez de vous agenouiller devant ces statues de sel qui vous rendent infiniment ridicules.<br /> <br /> Inventez vos étoiles, devenez votre unique référence ou fabriquez vos dieux. Mais cessez d'être obligés de vous sentir écrasés par le poids des statues nées avant vous... Soyez libres, apprenez à penser seuls, affranchissez-vous de l'autorité qui à vos yeux est la plus sacrée, volez de vos propres ailes.<br /> <br /> Trop de blouses blanches, de peaux rouges, de légions d'honneur, de simples troufions, de grands mathématiciens, de couronnes posées, de têtes coupées, de verts académiciens et de prix inestimables abusent de leur pouvoir pour impressionner le naïf, l'idiot, le borgne. Les vierges salaces et les débauchées effarouchées, les soldats kaki et les soleils de plomb, les empires et les républiques, les ecclésiastiques et la carotène, les avocats marrons et les rouges pompons, tous sont des imposteurs qui veulent votre soumission à leur cause.<br /> <br /> Il faut simplement le savoir et surtout leur montrer que l'on sait. Mais je sais bien que nul ne me croit parmi vous... Alors dormez bien tous, jolis petits pourceaux, tendres petits agneaux, dociles petits veaux que vous êtes.<br /> <br /> Demain l'on vous égorgera.<br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité