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BLOG LITTERAIRE
18 juin 2006

BANANE, BACON, BATAILLE ECHEVELEE

BANANE, BACON, BATAILLE ÉCHEVELÉE.
Notes sur Le Cheval pâle d'Agatha Christie (traduction de Henry Thies, Librairie des Champs-Elysées, collection Club des Masques, p. 9 à 13)

Les premières pages du roman sont pour le moins colorées.

Au début de l'histoire le narrateur se voit proposer l'étrange association de la banane et du bacon.
"Cette association me parut étrange. Mais j'étais à Chelsea, autant me conformer aux habitudes de l'endroit. J'acceptai le beau sandwich proposé." (p.9)
Étrange cuisine et ironie de l'auteur, ou de son traducteur, qui utilise l'épithète "beau" pour qualifier l'incongruité d'un "sandwich à la banane et au bacon".

L'heureux récepteur de ce sandwich est un écrivain qui désespère de son sujet.
Notons que, par définition, un écrivain est quelqu'un qui désespère de son sujet puisqu'il utilise un objet,  le langage, pour rendre compte d'un autre objet, la réalité cependant que le langage n'exprime aucunement la réalité en soi mais la perception de la réalité.
Pour l'heure, le sujet de cet écrivain semble être l'histoire de la Mongolie :
"L'architecture mongole, les empereurs mongols, toutes les particularités de la vie mongole étaient devenus pour moi brusquement poussière et cendres. Que m'importaient-ils ? Pourquoi voulais-je en écrire ?" (p.10)
La dernière interrogative semble être une maladresse de traduction et pourtant le pronom "en" éloigne soudain le sujet, la Mongolie, en le traitant comme une matière dont on ne veut plus se mêler, un plat dont on ne veut plus.

Un peu plus tard, il y eut une bataille de filles :
"L'une était une rousse ébouriffée, l'autre avait des cheveux raides et blonds". (p.11)
Ce sont les cheveux qui font ici le trait : "ébouriffé, raide", criard peut-être dans le roux et le blond. Croquis de scène grotesque.
A l'issue de la bataille, un trophée :
"Triomphalement, la blonde brandit deux belles touffes de cheveux roux, puis les jeta à terre." (p.12)

On pourrait penser que ce croquis relève de l'enquête réaliste sur les quartiers pauvres et l'Angleterre populeuse ; cela pourrait rappeler Dickens, - bien plus amusant que Zola, entre nous, quoique aussi tragique - mais dans les romans d'Agatha Christie, la bonne société, noblesse ou bourgeoisie, ne quitte jamais très longtemps la narration, aussi apprenons-nous que la rousse est en fait "pourrie de fric" :
"Son vieux lui a laissé une fortune. Et qu'est-ce qu'elle fait ? Elle vit dans une chambre sordide (...) et elle traînaille avec une bande de types comme elle. Ça me renverse. Ils ont presque tous de l'argent. Ils pourraient s'acheter n'importe quoi ; habiter au Ritz s'ils le voulaient, mais la vie qu'ils mènent semble les exciter."
Il ne s'agit donc pas des avatars de quelques pauvres hères mais de la vie de quelques déclassés.
Gageons qu'une telle insulte à la fortune ne peut se payer que par de très grands malheurs

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 juin 2006

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Commentaires
C
Cela ne me parait pas très engageant...toute cette nouvelle cuisine acrobatique de la papille, me semble assez casse-gueule. Je préfère les bonnes vieilles recettes d'autrefois. ;)
E
un 1/2 camenbert enrobé de panure (il me semble) <br /> puis frit, que tu dégustes accompagné de lamelles d'oignon cru, de grains de poivre et de confiture de cerise.<br /> Le Serpent à Plumes. Lille
P
Par contre il existe une recette de camembert frit mais je ne me souviens plus de comment qu'on fait !<br /> <br /> Patrice Houzeau
O
Certains préparent des bananes au jambon, de la même façon que les endives. On béchamélise, on gratine... bof: ça ne m'a guère convaincu...
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