Je ne partirai jamais en vacances
JE NE PARTIRAI JAMAIS EN VACANCES
Billet de mauvaise humeur estivale.
Je ne partirai jamais en vacances.
C'est un parti pris, me direz-vous.
Oui.
Mes parents, lorsque je fus jeune, ont toujours été trop justes financiérement pour s'en payer, des congés.
Aussi, avec le temps, j'ai fini par considérer comme suspecte cette manie qu'ont les gens de vouloir absolument partir en vacances.
Surtout si c'est à l'étranger.
Pouah ! De quel droit irai-je imposer mon allure de Français moyen, ma tête de veau et mon accent du Nord à des Anglais ou à des Allemands qui, à moi, ne m'ont rien fait ?
De quel droit irai-je passer pour un riche auprès des Thaïlandais ou des Marocains ?
Vous me direz : Ne vous inquiétez pas, Houzeau, ils n'attendent que nous, "ces gens-là" vivent du tourisme.
Eh oui ! justement ! C'est bien là ce qui me gêne !
Je préférerais de beaucoup qu'ils vivent de leur industrie et de leur commerce extérieur plutôt que d'être obligés de tendre la main et de faire des sourires à des Français en voyage organisé, des Allemands en short et des Américains incultes.
J'entends d'ici le serveur allemand après sa journée de travail :
- "Il y a eu des Français au restaurant à midi. Qu'est-ce qu'ils peuvent bouffer (fressen) comme pain et boire comme vin, ces cochons-là !"
Et je vous laisse imaginer ce que peut penser le serveur marocain ou la serveuse thaïlandaise surtout quand elle tombe sur des salopards adeptes du tourisme sexuel et autres conneries qu'entre nous, nous payons aussi avec nos impôts : je voudrais bien connaître le pourcentage de fonctionnaires qui passent leurs vacances en Thaïlande et parmi eux le nombre d'agités de la queue qui vont casser le cul à des gamines !
Je suis vulgaire ?
Sans doute. Mais beaucoup moins que les fonctionnaires dont je parle.
Là, je l'avoue, je suis complétement partial, injuste et arbitraire et je m'en vante !
Plus simplement, comme beaucoup de gens du Nord à qui on a dit et redit, - comme on l'a dit et redit à nos parents et grands-parents et cela depuis les débuts de la Révolution industrielle - que la seule valeur qui compte, c'est celle du travail -, dès les premiers jours de vacances je pense déjà à la rentrée, à mes cours, à mes notes de cours, aux gens qui travaillent, comme Orlando de Rudder, tiens, qui, j'en mettrai ma main dans la culotte de la soeur d'un zouave, lui non plus ne partira pas en vacances, occupé qu'il est à écrire, écrire, écrire...
Ah bah, c'est bien le Diable si on n'arrive pas, lui et moi, à boire ensemble quelques pintes de bière angle, saxonne ou catholique entre trente-six articles...
Et merde à Trigano !
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 juillet 2006