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BLOG LITTERAIRE
6 septembre 2006

LA CARTE SCOLAIRE EN QUESTION ?

LA CARTE SCOLAIRE EN QUESTION ?

Il paraîtrait que Ségolène Royal, qui, décidément, avance à l'aveuglette, se construisant un semblant de programme au fil des jours et de l'actualité, aurait proposé d'assouplir la carte scolaire en donnant aux familles la possibilité de choisir entre deux ou trois établissements.
Ce qui, dans bien des cas, équivaut à une suppression de la carte scolaire puisque rares sont les villes qui peuvent offrir le choix de plus de deux ou trois établissements de même type, en particulier en ce qui concerne les Lycées et Lycées professionnels.
Pour mémoire, je rappelle qu'en France, chaque élève est censé être inscrit dans un établissement déterminé par l'administration  en fonction d'un découpage géographique préétabli.
Les dérogations sont cependant nombreuses (problèmes des options dites "rares", des filières spécifiques, établissements privés, etc...).

Donc, la très inspirée Ségolène Royal proposerait une quasi abolition de la carte scolaire.
Bin tiens ! comme ça, c'est sûr, les meilleurs élèves seront dans les meilleurs établissements et les moins bons dans des établissements de second choix puisque, devant l'afflux des demandes, les chefs d'établissement pourront ainsi sélectionner leurs élèves sur dossier et même, pour certaines sections professionnelles particulièrement prisées (CAP Coiffure, Esthétique, Fleuriste, etc...), sur dossier, entretien et préinscription. Pourquoi pas ?

En libéral que je suis, tout comme j'estime que chaque patient doit avoir le libre choix de son médecin, j'estime que parents et élèves devraient pouvoir avoir le libre choix de leur établissement.
Le problème, c'est qu'il s'agit là d'une mesure libérale justement, et je ne comprends pas ce qu'elle fait, cette mesure, dans un éventuel programme d'une hypothétique candidate du Parti Socialiste.
D'ailleurs, Nicolas Sarkozy, qui lui est à droite, aurait, paraît-il, la même démangeaison d'en finir avec la carte scolaire.
Nul doute que, devant le tollé et la désorganisation des services que cette mesure entraînerait (mutations des professeurs des établissements désaffectés vers des établissements plus côtés, problèmes de discipline accrus dans les établissements abandonnés à leur triste sort, difficulté de recrutement des personnels auxiliaires et contractuels, etc...), Nicolas Sarkozy changera bientôt d'avis.
Donc, quoique libéral, je n'en suis pas moins raisonnable et sait parfaitement qu'un abandon de la carte scolaire créerait plus de problèmes qu'il n'en résoudrait.
Je prends donc acte de l'avis de l'actuel Ministre de l'Education Nationale, Gilles de Robien, qui vient de prendre position contre une éventuelle suppression de la carte scolaire.

Le problème, en effet, n'est pas là.
Dans l'Académie de Lille, on dit un peu partout que près de 6 000 élèves ont durant l'année scolaire 2005-2006 quitté l'école en cours de formation, c'est-à-dire au cours de l'année scolaire et donc, sans passer l'examen.
6000 élèves, c'est 10 établissements à 600 élèves.
Le chiffre est d'autant plus énorme qu'il ne concerne que l'Académie de Lille et a des conséquences très lourdes sur le fonctionnement de l'institution scolaire ainsi que sur le niveau moyen de qualification des jeunes générations.
C'est clair, les élèves votent avec leurs pieds.
Ils foutent le camp.

Dans le même temps, nous apprenons que le secteur de l'Apprentissage (Centre de Formation des Apprentis, Formations privées, etc...) se développe à grande vitesse à un point tel que Martine Filleul, élue socialiste en charge de l'Apprentissage dans la région du Nord, prévoit une progression de 30 % du nombre d'apprentis dans les 5 ans à venir.

Conclusion : les élèves des Lycées Professionnels et même de certains Lycées Généraux, - je n'ose plus dire "classiques" - quittent des filières encombrées par des programmes beaucoup trop généralistes, et même parfois assez gratinés dans le genre folklorique (Projets Pluridisciplinaires qui ne servent à rien, programmes d'histoire-géographie bien trop ambitieux en Bac Pro, experimental angliche à l'usage des futurs nettoyeurs de cuves dans l'industrie chimique, etc...) pour, au pire, se perdre dans la nature et au mieux, rentrer en apprentissage.

Les Lycées Professionnels perdent ainsi de plus en plus d'élèves tandis que l'on remplit les Lycées Généraux avec des Secondes Générales de plus en plus hétérogènes, hétéroclites,  vouées à l'échec universitaire.
Dans le même temps, des pans entiers de l'économie, - le bâtiment, les transports, la restauration, le secteur médical, etc... -  s'apprêtent à recruter, dès que possible certainement, des salariés étrangers puisque les Lycées Professionnels semblent être de moins en moins capables de fournir la main d'oeuvre nécessaire au remplacement des générations actives.

La solution est pourtant si simple : que l'on arrête de bassiner les élèves des Lycées Professionnels avec un enseignement général beaucoup trop lourd, et en grande partie inutile, et que l'on redonne tout leur sens aux cours d'enseignement professionnel proprement dit.
En conséquence, il semble urgent de travailler à un partenariat solide et durable entre Lycées Professionnels, Centres de Formations des Apprentis et Entreprises, et l'on verra alors qu'il n'y aura nul besoin de supprimer, ni même d'assouplir, la carte scolaire...

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 6 septembre 2006

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Commentaires
L
Il me semble que le (ou la) future président(e) devrait vous recruter...
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