D'après Rimbaud
LE DORMEUR DU VAL
(D'après Rimbaud)
Verdure de trouerie, sangue sangue sangue la rivière ;
Au loin, folie mitraille , et herbaille accrochée de haillons
Crasseux ; ça dégouline et c'est tout tranquille entre les pierres ;
C'est dévalant, moussu, paumé et un peu plein de rayons.
Un trouffion jeunot, gueule ouverte, - un corbeau dans le décor -,
A la nuque baignante à la fraîche où ça cressonne bleu ;
Dort, le bleu, sous la nue où le soleil bricole un peu d'or ;
C'est verdouilleux et blanc très pâle sous le ras des cheveux.
C'est glaïeulant aux pieds ; il dort avec un sourire comme
En ont les généraux médaillés pour tripaille et un somme
Qu'il fait dans la verte où il n'a plus ni chaud ni faim ni froid,
Tandis qu'ça rougit, qu'ça saigne christique à son flanc droit.
Bientôt, ce gars sera tête de mort et chantera
"Nous n'avons pas seulement des armes,
Mais le Diable marche avec nous,
Ah Ah Ah Ah Ah Ah (Ah)". (1)
Note : (1) J'ai entendu ces paroles dans un film, par ailleurs excellent, de Pierre Schoendoerffer, Objectif cinq-cents millions (1965). C'est, me semble-t-il, le refrain d'un chant de commando, ou d'un chant de la Légion Etrangère sans doute.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 janvier 2007