De l'acquiescement et du refus

DE L'ACQUIESCEMENT ET DU REFUS

"L'acquiescement éclaire le visage. Le refus lui donne la beauté." (René Char, Les Feuillets d'Hypnos, 81).

L'acquiescement, car il lie, - ne fût-ce qu'un bref instant -, un être à un autre, éclaire d'une lumière, que l'on veut croire fraternelle, le visage de ceux qui, que la cause soit juste ou non, se sont donné la main.
Le refus, qui oppose une transcendance à une demande, une loi à un discours, lui donne, à ce même visage, cette part de magnifique énigme que l'on reconnaît dans la beauté.
S'il est un "Être de Beauté", pour reprendre une expression de Rimbaud (1), cet Etre ne peut être que farouche. Résistant. Jaloux de son propre mystère. Ou feignant de l'être.

(1) "Devant une neige un Être de Beauté de haute taille." (Arthur Rimbaud, Being beauteous in Les illuminations) : On ne s'étonnera pas que cet "Être de Beauté" soit lié à l'immaculé, à la glaciale pureté de la neige et des bâtisseurs ; qu'il soit de "haute taille" ne peut non plus nous surprendre puisque le propre de la Beauté, c'est de nous en imposer. Il faut que ça ait de la gueule ; sinon, c'est pas la peine.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er janvier 2007