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BLOG LITTERAIRE
5 avril 2007

"LIKE A STONE"

“LIKE A STONE”

“Tree and stone glittered, without shadows.
My finger-length grew lucent as glass.” (Syvia Plath, Love Letter in Arbres d’hiver précédé de La Traversée, Poésie/Gallimard, p.117)

L’arbre et la pierre scintillaient, ils n’avaient plus d’ombres.
Je me suis déployée, étincelante comme du verre.
(Traduction : Valérie Rouzeau).

Le statut du narrateur est, ici, dans ces vers de Sylvia Plath, tout à fait particulier. Comme marqué par une étrangéïsation qui n’est pas, à mon sens, sans rappeler le Rimbaud de Aube (« J’ai embrassé l’aube d’été »). On a ainsi l’impression que la narratrice (Sylvia) laisse parler les choses en elle, prend conscience que le « je » narratif est, de toute façon, une objectivation de soi, un « je » tout autre qu’il n’est réellement dans la vie de tous les jours, celle qui n’est pas écrite.

Ainsi la voici, chose parmi les choses, dans la lumière de l’arbre et de la pierre désormais sans ombres. En ce sens, il me semble qu’une grande partie de la poésie de Sylvia Plath tend à la prosopopée, cette manière d’écrire qui consiste à donner la parole aux objets. Je dis bien « tend », car, par ailleurs, le « je » narratif ne se laisse pas si facilement déposséder de sa part d’humanité :

“Not easy to state the change you made.
If I’m alive now, then I was dead,
Though, like a stone, unbothered by it,
Staying put according to habit.” (Love Letter)

Pas facile de formuler ce que tu as changé pour moi.
Si je suis en vie maintenant, j’étais morte alors,
Bien que, comme une pierre, sans que cela ne m’inquiète,
Et je restais là sans bouger selon mon habitude.
(Traduction : Valérie Rouzeau)

Travail du médium, si l’on veut, bien que cette tentative de transcrire l’objet dans la langue relève avant tout d’un immense travail d’écrivain.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 5 avril 2007

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