"LA CHOSE DANS LES ALGUES"

"LA CHOSE DANS LES ALGUES"

"Les algues tissent sa surface de pièges immondes où se font prendre les hommes, et cachent dans leurs profondeurs des créatures voraces." (Simone Arous)

Les eaux sont vives et remuent des créatures
- Algues à mâchoires peuple de silures -
Tissent les eaux de labyrinthes à y mourir
Sa face, à l'eau méduse, est dedans le miroir
Surface d'où d'horrifiques soudainetés
De nulle part dans les profondeurs surgissent
- Pièges goulaffres très bouffe-tout-cru morfales
Immondes tout à fait anthropophages oh
Où la main de l'Homme ferait mieux de pas mettre les pieds -
Se tendent sur la peau des eaux mortes-vivantes
Font entendre des murmures et des voix pour
Prendre en leur gueule de sirènes dévoreuses
Les solitaires promeneurs en leurs rêveries
Hommes trop naïfs pour survivre à ce monde
Et dans les eaux il est des châteaux où se
Cachent de longues mains étrangleuses
Dans les eaux il est des chevelures agitant
Leurs noeuds de serpents pour jaillir des
Profondeurs et les rapter, les faces curieuses
Des humains penchés au bord du lac aux
Créatures sans paupières froides vivaces
Voraces avaleuses d'agonies.

Note : "La chose dans les algues" est le titre donné à un recueil de nouvelles de William Hope Hodgson, "édité en 1979 par les Nouvelles Editions Oswald, qu'on trouve, avec un peu de chance, chez les bouquinistes, mérite la réédition." (Simone Arous, Magazine littéraire, n°422, juillet-août 2003, p.54).
"L'horreur en mer" (l'expression est de Simone Arous) est un des motifs de l'oeuvre de Hodgson. Sur ce thème des maléfices de l'eau, Simone Arous relève ce passage d'une des dernières lettres du soldat Hodgson (mort en avril 1918 dans les tranchées) ; il y évoque "ces trous d'obus plantés de croix qui dépassent à peine de l'eau, et les morts dessous, submergés..." (Simone Arous, William Hope Hodgson : le silence de la peur, Magazine littéraire n°422, p.54).

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 21 mai 2007