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BLOG LITTERAIRE
27 juin 2007

REFORME DES UNIVERSITES : VERS LA PLANTADE ?

REFORME DES UNIVERSITES : VERS LA PLANTADE ?

Si j'ai bien compris ce que l'on raconte, à peine entamée, - que dis-je ? à peine entrevue, oui ! -, la réforme des universités marquerait déjà le pas.
Faut dire que cette question de l'autonomie des universités en soulève d'autres, des questions : celle du financement d'abord, et l'on entend  dire un peu partout qu'il faut donner plus de moyens à l'université.
Et pour quoi faire ?
On ne sait pas trop, à vrai dire : mieux payer ses chercheurs afin d'éviter leur fuite aux Etats-Unis ? Ce ne serait certes pas une mauvaise idée.
Engager de vastes programmes d'orientation et de professionnalisation des étudiants ? Là encore, ça peut passer tant il est vrai que certains organigrammes universitaires, et surtout leurs débouchés réels en termes d'emplois, peuvent sembler nébuleux. Restera à vérifier que les futurs Conseillers d'Orientation universitaires ne deviennent pas de simples remplisseurs de sections délaissées, et que les nécessaires stages de professionnalisation ne se transforment pas en pressages de citrons systématiques.
Accueillir plus d'étudiants ? Hou là ! Si je suis bien d'accord pour que l'on forme plus de médecins, je me demande si l'on a besoin de plus de sociologues, de plus de psychologues, de plus de musicologues, de filmologues, d'historiens de l'art, sans compter tous ces gens qui sortent des universités chargés de diplômes improbables de spécialistes en des domaines certainement fort prisés dans d'autres galaxies, mais qui, ici bas, ne suscitent guère autre chose que l'interrogation, quand ce n'est pas le sourire ironique ou la franche rigolade. (1)

Autre question, celle de la sélection. Et là, l'UNEF déjà se fait entendre en refusant par avance toute idée de sélection entre la Licence (bac + 3) et la première année de Master (bac + 4). Il est vrai que la mise en place d'une telle sélection revient à souligner la relative médiocrité des trois années de licence. Naguère, s'il existait une sélection à bac + 5 (au niveau du DEA, Diplôme d'Etudes Approfondies), il n'existait pas, à ma connaissance, de sélection entre la Licence et la Maîtrise (bac + 4). Introduire une sélection à bac + 3 revient donc à faire de la licence un diplôme qui bientôt n'aura guère plus de valeur qu'un vulgaire baccalauréat.

En tout cas, cela m'amuse d'entendre partout que la France manque d'étudiants. On voit bien que beaucoup craignent déjà pour leurs rentes. Moins d'étudiants, cela veut dire moins de postes, moins de crédits, moins de pouvoir (déjà que Nicolas Sarkozy veut en finir avec les grand-messes des Conseils d'Administration en faisant réduire de façon notable le nombre de leurs membres !).
De toute façon, chères têtes pensantes, si vous manquez de petits étudiants français, vous n'avez qu'à en adopter à l'étranger. Je suis sûr qu'il n'en manque pas, ailleurs, de jeunes gens qui voudraient bien venir étudier en France...

Encore une chose, - oh... un rien ! -, je me demande, alors que l'on ne cesse d'exprimer des inquiétudes sur le montant de la dette publique, comment va-t-on faire pour les financer, ces fameuses universités "autonomes" ?
Ce ne serait tout de même pas, par hasard, en abandonnant les Lycées Professionnels au profit de formations privées ou semi-privées ?
Ce ne serait tout de même pas, par hasard, en s'entêtant dans cette grotesque politique du "tout le monde en Seconde Générale", politique qui, certes, satisfait certains syndicats, flatte l'ego des classes moyennes, illusionne les classes populaires, et coûte relativement peu cher : installer un discoureur professionnel derrière un bureau devant trente tubes digestifs de niveau moyen coûte effectivement beaucoup moins cher que le remplacement de machines-outils qui, étant de plus en plus performantes, sont donc aussi de plus en plus onéreuses...

Une dernière petite chose qui me vient à l'esprit : on sait que, pour remettre les Français au travail, l'idée forte de Nicolas Sarkozy est de les forcer à s'endetter puisque, entre la prison pour dettes et le boulot, entre la faillite et le crédit à perpète, le choix est vite fait. Et si cet encouragement à poursuivre minimum trois ans après le baccalauréat n'était, dans certains cas, qu'un moyen, somme toute assez simple, - sinon primaire -, de les endetter, les gens, en les gavant de crédits études, de bourses, de prêts divers, en les obligeant à payer des loyers (qui vont augmenter dans les prochains mois, soyez en sûrs !), à payer des droits d'inscription (qui, paraît-il, eux aussi, vont augmenter ! c'est qu'il faudra bien la payer, l'équipe de Conseillers d'Orientation à l'usage des apprenants de niveau supérieur !), bref, à consommer du paraculturel sans en avoir, pour beaucoup d'entre eux, réellement les moyens...

Note : (1) Ce ne sont ni la sociologie ni la filmologie que je vise et qui me sembleraient risibles. Certes non, l'étude des sociétés et l'analyse des oeuvres cinématographiques sont infiniment précieuses et sont, au contraire, essentielles à la pluridisciplinarité des sciences humaines ; ce sont bien plutôt ces diplômes qui se veulent professionnalisants et qui sont faits de bric et de broc : un peu de théorie de la communication, un peu d'informatique, de sciences économiques, de statistiques, et zou !  vous voilà paré, trois ans après, pour aller ranger les bouteilles de pepsi-cola dans les rayons des supermarchés ! Et je ne parle pas des inénarrables sciences de l'éducation, discipline à la mode où on y dit à peu près n'importe quoi ! Ces fameuses Sciences de l'Educ ont même parfois remplacé, dans l'esprit hésitant des étudiants par défaut, la sacro-sainte psycho, autre fichaise ! Le mélange des deux (psychologie + sciences de l'éducation) peut donner le C.O.P. (Conseiller d'Orientation Psychologue) un être hybride sympathique et assez serviable quand il accepte d'être humble face aux réalités sociales, insupportable et dangereux quand il prétend, du haut de ses diplômes, donner des leçons sur la façon dont devraient vivre les gens... (2)

(2) Patrice Houzeau ou l'art de se faire des amis. Le plus curieux, c'est que le Conseiller d'Orientation avec lequel, cette année, j'ai pu m'entretenir de l'avenir scolaire de quelques élèves m'a semblé efficace, soucieux de bien faire, de bon sens, - un type bien, quoi ! -. Mais il est vrai aussi que depuis que j'enseigne, j'en ai tellement vues, des stupidités orientatrices : genre (et je vous jure que je l'ai entendu !) jeune conseillère un peu naïve  qui vient raconter à une classe assez correcte de Mécanique Auto que l'avenir leur appartient et que, pourquoi pas, certains d'entre eux pourront passer un bac général plus tard et faire médecine ou droit ! Le plus triste, c'est que certains l'ont crue, l'illusionniste sociale ! Et cet autre encore, qui lors d'un Conseil de Classe, s'est permis d'affirmer que les enseignants, à force de coller des mauvaises notes, décourageaient les élèves (ce qui est sans doute vrai dans certains cas, - et alors ?) et qu'en conséquence, il faudrait être un peu moins exigeant... Ah oui ? et pour quoi faire ? des balayeurs titulaires d'une licence de philologie ? des mécanos qui savent pas machiner, des peintres qui savent pas peindre et des soldats qui ont peur de leur ombre peut-être ?

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 juin 2007

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Commentaires
P
Ce ne sont ni la sociologie ni la filmologie que je vise et qui me sembleraient risibles. Certes non, l'étude des sociétés et l'analyse des oeuvres cinématographiques sont infiniment précieuses et sont, au contraire, essentielles à la pluridisplinarité des sciences humaines ; ce sont bien plutôt ces diplômes qui se veulent professionalisants et qui sont faits de bric et de broc (un peu de théorie de la communication, un peu d'informatique, de sciences économiques,<br /> de statistiques) et zou, vous voilà paré, trois ans après pour aller ranger les bouteilles de pepsi-cola dans les rayons des supermarchés ! Et je ne parle pas des inénarrables sciences de l'éducation, discipline à la mode où on y dit à peu près n'importe quoi ! Ces fameuses Sciences de l'Educ ont même remplacé la sacro-sainte psycho, autre fichaise ! Le mélange des deux (psychologie + sciences de l'éducation) donne le C.O.P. (Conseiller d'Orientation Psychologue) un être hybride sympathique et assez serviable quand il accepte d'être humble face aux réalités sociales, insupportable et dangereux quand il prétend, du haut de ses diplômes, donner des leçons sur la façon dont devraient vivre les gens...<br /> <br /> Amicalement<br /> Patrice Houzeau
G
Dire que la formation des sociologues et autres filmologues ne fait que rigoler est bien triste. que deviendrait-on sans les artistes ? est-il besoin de poètes ? certainement, et ce blog le montre, non ?
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