DES CADAVRES DE LA CONVERSATION
DES CADAVRES DE LA CONVERSATION
“That night the moon
Dragged its blood bag, sick
Animal
Up over the harbour lights.”
(Sylvia Plath)
« La lune a traîné dans la nuit
Son sac sanglant, comme une bête
Malade
Par-dessus les lumières du port. »
(traduction : Françoise Morvan)
La cavalcade des chevaux fantômes sous la
Lune qui erre aux fenêtres éteintes ; elle
A, la lune au-dessus des faces endormies,
Traîné entre les feuillages sans prophétie,
Dans l’attente océane, entre les jambes des nuages,
La lune ronde comme un ventre, par une
Nuit pleine d’une lune à dragon, portant - outre
Son lot de vieilles maisons et de vieilles villes -, son
Sac d’ossements entre les bruyères.
Sanglant le sac ! comme dans un roman à mystère,
Comme dans un fait divers horrible qu’en famille
Une ou l’autre tante - ou cousine - raconte encore :
Bête envoûtée, étranger étrangleur, voyageur imprudent,
Malade aussi cette autre cousine, et si gentille ! ;
Par-dessus tout, elle aimait bien à rire, oh
Les bons moments qu’elles ont passés ensemble ! Mais les
Lumières de tous ces bals d'il y a longtemps se sont éteintes,
Du fait, on n’peut pas rev’nir en arrière comme on revient au
Port, sous la pleine lune et les étoiles brillantes.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 6 juillet 2007